À peine le corps électoral convoqué par le président Bouteflika et la date de la prochaine élection présidentielle fixée pour le 18 avril prochain que, comme par enchantement, des candidats à la candidature sortent de toutes parts.
D’éternels « lièvres » qui vont de désabusement en désabusement, des « politiques » en hibernation depuis cinq ans et qui se sont passés pour des professionnels de la candidature à la présidentielle, d’illustres inconnus qui ne pourraient peut-être même pas gagner les voix des membres de leurs propres familles se sont mis subitement à rêver, presqu’éveillés, d’un destin national qui n’a pourtant pas souri à de grosses pointures de la vie politique nationale (Hocine Ait Ahmed, Taleb Ibrahimi, Mahfoud Nahnah, Said Sadi, etc).
Le ministère de l’Intérieur n’aura donc pas à chômer en cette période pré-électorale et jusqu’à hier pas moins de 32 candidats à la candidature (partis et personnalités indépendantes) ont retirés les formulaires de candidature. On est encore loin de la centaine de candidatures de 2014, mais, à n’en point douter, on va s’en rapprocher, dans les tous prochains jours et il se peut même, qu’on va dépasser allègrement ce seuil.
Question : qu’est-ce qui fait courir tout ce beau monde, même si la Constitution algérienne reconnaît le droit à tout Algérien répondant aux critères d’éligibilité de se porter candidat ?
Des parties occultes sont-elles en train d’encourager partis et personnalités, même sans poids politique, pour donner un semblant de piquant et de diversité à une élection engagée sur le tard ?
Cherche-t-on à s’offrir une panoplie de lièvres de luxe au candidat du système, Abdelaziz Bouteflika ou un autre ? Se porte-t-on candidat pour la seule « ambition » de s’offrir une visibilité politique le temps d’une élection ou escompte-t-on un petit retour de manivelle avec à la clé quelques dividendes pécuniaires de la part d’un pouvoir qui a besoin de candidats d’apparat pour crédibiliser un tant soit peu le sacre de son « chevalier » ?
Certes, on ne doit pas mettre tout le monde dans la même case. Un Ali Benflis, ancien chef de gouvernement, potentiel présidentiable et surtout porteur d’un projet politique sérieux n’est tout de même pas du même calibre qu’un Ali Zegdoud, sans parcours ni troupe qui est beaucoup dans la bouffonnerie qu’autre chose.
Il reste que cette profusion de candidatures n’aide ni la confrontation d’idées ou de projets et ni la compétition démocratique. Au contraire, ce trop-plein de prétendants ne fera que noyer les vrais porteurs de projets et émietter l’électorat démocrate et patriote comme celui des islamistes où, dans un seul parti, le MSP pour ne pas le nommer, deux dirigeants ont déjà fait part de leur intention de briguer un mandat présidentiel. Il ne faut certainement pas sortir de Saint-Cyr pour comprendre que l’éclatement de candidatures et l’éparpillement des électorats n’arrange les affaires que d’un seul acteur : le pouvoir et bien entendu, son candidat.