Ahmed Adhimi, porte-parole de Talaie El Hourriyet, affirme que Ali Benflis ne se portera pas candidat contre le président Bouteflika en 2019. Il n’y aura pas donc de troisième duel entre les deux hommes qui se sont affrontés lors des présidentielles de 2004 et de 2014. Entretien.
Votre parti se fait discret sur la scène politique. Vous maintenez aussi une certaine distance par rapport aux débats qui animent la scène nationale. Est-ce un choix de votre part ?
Le président du parti Ali Benflis aura l’occasion d’aborder toutes les questions qui animent la scène politique samedi prochain, à l’occasion de la réunion du Comité central du parti. Par ailleurs, le parti est présent sur le terrain. Nous organisons chaque fin de semaine des meetings au niveau des wilayas, durant lesquels on débat avec nos militants des questions d’ordre politique, économique et social. Sans oublier que le bureau politique se réunit chaque mois pour analyser la situation interne du pays.
Ces derniers jours l’actualité a été marquée par « la destitution honteuse » du président de l’APN. Le pouvoir n’arrive même pas à respecter les lois qu’il a lui-même élaborés. Cela reflète une mauvaise image du pays.
Quelle lecture faites- vous de cette crise qui a secoué la chambre basse du Parlement ?
Depuis sa création, Talaie El Hourriyet n’a cessé de dénoncer la vacance du pouvoir. Le président n’assume pas ses fonctions et il ne pourra le faire parce qu’il est malade. «Rabbi yechfih », il faut le laisser se reposer. L’Algérie a besoin d’un président qui travaille 48 heures par jour, d’un président présent sur la scène internationale, conscient des enjeux, informé de ce qui se passe dans le pays. Une personne malade n’est pas en mesure d’assumer ces missions. Bouteflika doit rester chez lui et s’occuper de sa santé.
Ali Benflis sera-t-il candidat aux présidentielles de 2019 ?
À cinq mois des élections présidentielles, l’on entretient toujours le flou sur les intentions du président. Effectivement, des parties ont appelé le président à briguer un cinquième mandat, or ces personnes ne sont pas mandatées de le faire. Le président n’a rien dit pour le moment et il ne dira rien.
Concernant le président du parti, Ali Benflis, il ne sera pas candidat s’il y a un cinquième mandat. En d’autres termes, si le président Bouteflika se porte candidat à sa propre succession en 2019, Benflis ne prendra pas part à ce scrutin. Benflis ne sera le rival d’aucun candidat parrainé par le pouvoir, parce que ce dernier n’a pas de candidat intègre et parce que le jeu démocratique ne sera pas respecté.
Si, par contre, nous remarquons que le système prenne enfin conscience des dangers qui guettent ce pays, de la gravité de ces choix, si nous constatons une volonté de sa part de faire un pas vers la construction d’un État démocratique, Talaie El Hourriyet convoquera une réunion extraordinaire de son Comité central pour examiner l’éventualité de prendre part aux prochaines présidentielles.
Êtes-vous optimiste ?
Non, le système joue avec le feu et il en est conscient, il applique la politique de la terre brûlée.