Quand sonnera l’heure de déposer le dossier de candidature à l’élection présidentielle il ne restera qu’une poignée de postulants à pouvoir se rendre au Conseil constitutionnel.
La compétition est semée d’obstacles sur lesquels se sont brisés des noms bien plus prestigieux que ces candidats loufoques qui peineront à faire signer les membres de leurs propres familles. Ils garderont pour la postérité les images que des chaines de télévision complaisantes leur auront réservées juste pour garnir des grilles de programme sans relief.
En novembre 1995, l’Algérie organisait la première élection présidentielle pluraliste de son histoire. Le scrutin était convoqué par le « président de l’État » Liamine Zeroual, désigné en janvier 1994 à ce poste refusé par Abdelaziz Bouteflika qui l’avait d’abord accepté avant de se raviser.
Il succédait au Haut comité d’État, la présidence collégiale de cinq membres, chargée de mener à son terme le 3e mandat de Chadli Bendjedid contraint de démissionner suite à la victoire du FIS aux législatives de 1991.
Dans ses fonctions, Liamine Zeroual a tenté de négocier avec les dirigeants du FIS pour mettre fin au terrorisme. Refusant de discuter sous le statut contraint de « prisonniers », ils ont été extraits de leurs cellules et installés dans la résidence d’État de Djenane El Mufti.
Le pouvoir se heurte au radicalisme d’Ali Belhadj qui n’avait pas hésité à envoyer une lettre de soutien au chef du GIA Chérif Gousmi. La missive fut retrouvée sur le cadavre de celui-ci quand il fut abattu par les forces de sécurité.
La découverte suscita la colère du chef de l’État qui décida alors de mettre fin aux négociations. Pour sortir de la crise, il eut l’idée de délégitimer les islamistes par un retour au suffrage populaire.
L’élection de novembre 1995 avait pris les allures d’un référendum pour la paix dans un contexte difficile. Sous la pression des partis dits de Sant’Egidio (FLN, FFS, PT, Nahda, MDA) qui avaient appelé au boycott et du GIA qui avait menacé de « transformer les urnes en cercueils », les électeurs votèrent massivement pour les quatre candidats retenus.
Liamine Zeroaul fut élu avec 62% des voix face à l’islamiste Mahfoud Nahnah (24%). Le chef du RCD, Said Sadi, représentant du camp démocrate et laïc avait recueilli 9%.
L’outsider Nouredine Boukrouk qui s’était défini comme le candidat du « moindre mal » avait obtenu 5% des suffrages. Réda Malek, qui fut membre du HCE puis Premier ministre, fut recalé de la course. Il avait échoué à récolter les 75.000 signatures de parrainage (ramenées à 60.000).
Le premier président élu au suffrage universel dans le pays n’ira pas au bout de son mandat. « Il a préféré son ami (Betchine) à l’Algérie », ont déploré d’anciens compagnons du général.
En septembre 1998, il annonce sa décision d’écourter son premier quinquennat et annonce une nouvelle élection pour avril 1999. Le « système » , pas fâché par le renoncement de 1994, choisit Abdelaziz Bouteflika.
L’opposition veut croire à un scrutin ouvert. Cette fois, Mahfoud Nahnah n’est même pas autorisé à participer, faute d’avoir présenté une attestation de participation à la guerre de libération nationale.
Sid Ahmed Ghozali, invité à se retirer, maintient sa candidature, mais est recalé très près des 75.000 signatures. Bouteflika se retrouvera face à six candidats, dont de prestigieux noms: Hocine Ait-Ahmed, Mouloud Hamrouche, Taleb Ibrahimi, Youcef Khatib, Mokdad Sifi et Abdallad Djaballah. Ils se retireront d’un mouvement d’ensemble en dénonçant une fraude annoncée en faveur du « candidat du système ».
En 2004, l’élection survient sur fond de conflit public entre le président de la République et le chef d’état-major de l’armée. Mohamed Lamari était plus favorable à une élection d’Ali Benflis qui a rompu avec celui dont il avait conduit la campagne victorieuse de 1999. L’élection fait naître une illusion de suspense.
Taleb Ibrahimi en est écarté faute d’avoir officiellement réuni les 75.000 signatures. Resteront Ali Benflis, Saïd Sadi, Abdallah Djaballah, Louiza Hanoune et Fawzi Rebaïne. Ce sera la victoire de Bouteflika sur le général Lamari, écarté au profit de son chef des Forces terrestres, Ahmed Gaïd Salah.
L’opposition à l’intérieur du système ainsi neutralisée, Bouteflika n’a aucune peine à modifier la Constitution pour faire sauter le verrou des deux mandats. Face à Louiza Hanoune, Mohamed Saïd, Moussa Touati, Djahid Younsi et encore Fawzi Rebaïne il remporte le troisième mandat qu’il finit dans la douleur.
En 2013, Bouteflika est victime d’un sévère AVC qui l’affaiblit. Il n’apparaît pas en mesure de poursuivre sa mission. Cela ravive l’appétit d’Ali Benflis qui se lance dans la course pour le scrutin de 2014.
Ahmed Benbitour renonce faute de parrainages. Douze autres candidats déposent leur dossiers sur lesquels sept seront recalés. Sur la ligne de départ resteront le président sortant, Ali Benflis, Louiza Hanoune, et Fawzi Rebaïne qui recueillera moins de suffrages que les 60.000 signatures de parrainage.
À cinq semaines du dernier délai pour déposer son dossier de candidature fixé au 3 mars prochain, la plupart se seront contentés de se rendre au ministère de l’Intérieur pour retirer les formulaires appelés à être rangés dans l’armoire à souvenirs.
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