Politique

Présidentielles en Algérie : la campagne électorale en trois points

Baisse de rideau pour la campagne électorale pour la présidentielle algérienne du samedi 7 septembre. Retour sur cet événement en trois points : l’enjeu de la participation, absence de critiques mutuelles entre les candidats et pas d’incident.

Comme de tradition, les trois candidats engagés dans la course à la magistrature suprême ont jeté leurs dernières forces dans la bataille en organisant leurs derniers meetings de campagne mardi 3 septembre dans la capitale, Alger.

En plus de sa symbolique vitrine du pays, Alger est le centre névralgique politique et intellectuel du pays. C’est aussi un enjeu électoral par excellence de par l’importance de sa population.

Tandis que Abdelmadjid Tebboune, candidat à sa propre succession, rassemblait ses troupes, composées de nombreux soutiens, dont des figures politiques et de la société civile, à la coupole « Mohamed Boudiaf », Youcef Aouchiche du FFS rencontrait ses partisans à la salle « Atlas » de Bab-El-Oued, d’où il avait entamé sa campagne, alors que le Président du MSP, Abdelaali Hassani Cherif a choisi la salle « Harcha Hacène » pour son ultime rendez-vous de campagne.

Point d’orgue d’une campagne laborieusement entamée à la mi-août, en pleine période estivale, signe de sa singularité, ces ultimes rencontres avec les citoyens se déclinaient comme le dernier acte pour les candidats pour abattre leurs cartes électorales dans l’espoir de stimuler la participation, principal enjeu de l’élection, et convaincre chacun de la pertinence de leurs programmes.

L’enjeu de la participation

Sous le slogan une « Algérie triomphante », Abdelmadjid Tebboune, qui a animé quatre grands meetings (Constantine, Oran, Djanet et Alger), – le reste de la campagne a été conduite par ses principaux soutiens, dont le FLN, le RND, TAJ, le front El Moustakbal, El Bina et d’autres « organisations de la société civile »-, s’est appuyé essentiellement sur son bilan dont il estime avoir réalisé l’essentiel, pour solliciter la confiance de nouveau des électeurs.

Abdelmadjid Tebboune a également fait valoir son combat contre la « issaba » (gang), a évoqué les menaces qui pèsent sur l’Algérie et a réaffirmé le soutien de l’Algérie aux causes justes, dont le Sahara occidental et la Palestine.

Aussi promet-il l’amélioration des conditions de vie des Algériens, la création de 450.000 postes d’emploi, la construction de deux millions de logements et de consolider les indicateurs macro-économiques pour faire de l’Algérie, la deuxième économie en Afrique.

Candidat qui a le plus sillonné le pays, avec pratiquement deux wilayas par jour, Abdelaali Hassani Cherif du MSP a, lui aussi, axé sa campagne essentiellement sur les questions socio-économiques en s’engageant à améliorer la situation, notamment des jeunes et des femmes et à opérer un nouveau découpage administratif pour booster le développement local.

De crainte de susciter la polémique ou par calcul stratégique, le représentant du MSP, dont le slogan est « opportunités », s’est gardé de trop se focaliser sur les questions idéologiques, cheval de bataille des partis dits « islamistes ».

Une exception cependant : il promet la réforme de l’école et a critiqué depuis El Oued, la réduction du volume horaire de l’éducation islamique dans le cycle primaire au profit de la musique.

Plus jeune candidat, Youcef Aouchiche, dont la participation au scrutin continue à diviser au sein de sa famille politique et démocrate, a, lui aussi, fait de nombreuses promesses, particulièrement à l’attention des jeunes.

Sous le slogan « visions pour demain », Youcef Aouchiche promet de « réformer la gouvernance et de lutter contre le charlatanisme politique », mais aussi d’améliorer le pouvoir d’achat des Algériens et de lutter contre les inégalités sociales.

Pas de critiques mutuelles entre les candidats

En plus des enjeux sécuritaires et de stabilité des institutions, Youcef Aouchiche appelle à un vote massif pour permettre de réhabiliter le politique en Algérie.

Dans ce cadre, il est sans doute le seul à faire allusion en termes voilés à la situation politique actuelle en promettant par exemple de « libérer les détenus d’opinion ».

« Malgré les difficultés et l’absence d’égalité des chances et le climat général qui n’encourage pas à l’adhésion à l’exercice politique, nous avons relevé le défi ensemble. Défi de participation pour sauvegarder l’état national et renforcer sa souveraineté et son unité, relancer la confiance et l’espoir à travers un discours politique raffiné, éthique et responsable, défi pour faire face à toute forme de médiocrité politique, légion à notre époque, défi de sauvegarde des espaces de militantisme et d’expression libre au sein de la société et offrir aux Algériens une alternative… », lançait-il mardi à la salle « Atlas ».

Aucun des adversaires du président sortant n’a émis des critiques à l’égard de la gouvernance, encore moins à propos de certaines questions politiques. Aussi, les trois candidats se sont évités de se critiquer mutuellement.

Aucun incident

Aucun incident n’a été enregistré durant la campagne, la campagne qui s’est achevée mardi soir.

Les candidats ont-ils réussi à convaincre l’électorat de l’importance du scrutin et de la pertinence de leurs programmes ? En dehors des promesses, ont-ils suffisamment convaincu des enjeux ?

Réponse samedi prochain où plus de 24 millions d’Algériens sont appelés à choisir leur futur président, bien que Abdelmadjid Tebboune semble bien parti pour se succéder à lui-même.

En attendant ce rendez-vous, les trois candidats engagés dans la course sont astreints d’ici là au silence électoral. Et nul ne peut par quelque moyen ou quelque forme que ce soit mener la campagne durant les prochains jours.

En vertu de la Loi électorale, il est également interdit la publication et la diffusion de sondages portant sur les intentions de vote des électeurs.

Les plus lus