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Présidentielles : Tebboune promet l’autofinance en blé dur, en orge et en maïs

Présidentielles : Tebboune promet l’autofinance en blé dur, en orge et en maïs

Par Adobe Contributor / Adobe Stock
Du blé.

La campagne pour l’élection présidentielle algérienne du 7 septembre prochain bat son plein et les trois candidats ou leurs représentants multiplient les meetings populaires.

Il y a une semaine à Constantine, c’est devant une salle comble que le président sortant Abdelmadjid Tebboune, qui brigue un second mandat à la tête de l’Algérie, a présenté les grandes lignes de son programme.

À propos de l’agriculture, il a promis que l’autosuffisance en blé dur, orge et maïs était à portée de main.

« L’année prochaine, nous arriverons à l’autosuffisance en blé dur. L’orge aussi, je ne vais plus importer un kilo d’orge. Le maïs aussi. C’est ce qui va profiter à notre économie. Et l’argent des importations, nous allons le dépenser pour le bénéfice des citoyens et de leurs enfants » a-t-il promis. Un projet ambitieux.

Autosuffisance en blé dur

Contrairement au blé tendre utilisé pour la confection de baguettes de pain et qui est majoritairement importé, la possibilité pour l’Algérie d’accéder à une autosuffisance en blé dur sont à portée de main.

Déjà, l’agriculture locale assure 80 % des besoins nationaux. Un blé surtout utilisé pour la confection de pâtes alimentaires, du couscous et de la semoule.

Cette volonté d’autosuffisance est d’autant plus importante que les quantités de blé dur disponibles sur le marché international sont faibles comparées à celles en blé tendre. Une rareté qui se traduit sur ce marché par des prix plus élevés.

Dès 2016, lors d’un colloque à Constantine, Mohamed El Hadi Sakhri, à l’époque cadre à l’Institut technique des grandes cultures (ITGC), faisait remarquer que pour l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), l’acquisition de 3 quintaux de blé tendre équivalait à celle de 2 quintaux de blé dur seulement.

Un aspect non-négligeable alors qu’en 2015, la facture algérienne d’importation de blé était évaluée à plus de 2 milliards de dollars. Plusieurs faits vont dans le sens d’une prochaine autosuffisance en blé dur.

Fin juin, Youcef Cherfa, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, indiquait qu’en 2024, la production abondante de blé dur, dont la quantité n’a pas été dévoilée, a permis « d’assurer une économie de 1,2 milliard de dollars au budget de l’État ».

Une progression qui est liée au développement des surfaces de blé au Sud et à la mobilisation sans précédent des moyens logistiques de l’OAIC lors de la dernière récolte.

Une collecte réalisée dans de meilleures conditions tant au Sud qu’au Nord du pays. Des convois d’une centaine de camions sont allés d’une wilaya à une autre afin « que pas un seul grain de blé ne se perde », selon le mot d’ordre des services agricoles. Ces cargaisons ont permis d’approvisionner les moulins, mais également de produire les semences nécessaires pour les prochains semis.

Dès la mi-juillet, Youcef Cherfa a entamé la préparation de la prochaine campagne de semis. À cette occasion, le ministre a annoncé que son département envisageait l’emblavement de 3,2 millions d’hectares contre 1,8 million d’hectares ces dernières années.

La prochaine campagne céréalière devrait voir également les débuts du projet algéro-italien du groupe Bonifiche Ferraresi (BF) de production de blé dur sur 36.000 hectares à Adrar.

Dès cet automne, selon Souad Assous, la directrice de l’investissement agricole et du foncier au ministère de l’Agriculture, la réalisation d’une première tranche de 3.000 hectares est prévue.

Ce qui implique cependant la réalisation de plusieurs dizaines de forages et l’installation d’un grand nombre de pivots. Le groupe italien a d’ailleurs obtenu l’autorisation de forer 160 puits.

Le programme des services agricoles est ambitieux. Reste à résoudre la question des semis tardifs. De nombreux agriculteurs ne se décidant à semer qu’après l’arrivée des pluies. Or, celles-ci sont de plus en plus tardives et tout retard de semis se traduit par une baisse de rendement.

Autosuffisance en orge

Comme pour le blé dur, l’autosuffisance en orge est à portée de main pour l’Algérie. En 2009, suite à une bonne récolte, 11.000 tonnes d’orge ont même été exportées vers la Tunisie.

Cependant, les besoins en orge augmentent en Algérie du fait de leur utilisation en élevage et notamment pour l’alimentation du mouton.

Un usage qui fait que bon nombre d’agriculteurs sèment de l’orge qu’ils vendent sur le marché libre, contrairement au blé pour lequel le seul organisme de collecte est l’OAIC à travers les Coopératives de Céréales et de Légumes Secs (CCLS).

Cette utilisation de l’orge en élevage est à l’origine de tensions sur le marché des semences. Les CCLS peinent à collecter suffisamment d’orge afin d’assurer les besoins nationaux en semences certifiées.

Ces deux dernières années, les CCLS ont développé une politique de contrats vers les producteurs d’orge en leur offrant différents avantages matériels lors de la récolte et de l’acheminement de leur récolte vers les CCLS.

Le 15 août, Abdelghani Benali, le représentant du Conseil national interprofessionnel des céréales, rappelait que les producteurs affectés en 2023 par la sécheresse et ayant reçu gratuitement des semences avaient l’obligation de livrer leur production à la CCLS. Sera-t-il entendu ?

Autosuffisance en maïs, un pari

Lors du Conseil des ministres tenu fin juillet, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé que la priorité soit accordée à la culture du maïs grain. Celle-ci reste insignifiante.

En 2021, selon les services agricoles de wilaya, alors que la région de Ménéa produisait 150.000 tonnes de maïs ensilage, elle ne produisait que 13.000 tonnes de maïs grain.

De nombreux investisseurs au Sud lui préfèrent la culture du maïs ensilage beaucoup plus rémunérateur. Un choix qui se fait aux dépens de l’élevage de volailles où le maïs grain est principalement utilisé.

La situation est d’autant plus difficile que les importations algériennes de maïs grain atteignent 4 millions de tonnes par an. À raison de 200 € la tonne, la facture annuelle est lourde.

Aussi, fin juillet, lors d’une rencontre avec les opérateurs publics et les bénéficiaires des grands périmètres dans les wilayas du Sud, le ministre de l’Agriculture a annoncé que : « De grands périmètres seront créés dans la wilaya d’In Salah ».

La promesse de l’autosuffisance en blé dur et orge repose sur la finalisation de partenariats ou de programmes en cours.

Reste à trouver la meilleure adéquation entre disponibilité en semences, engrais, matériel agricole et politiques de développement agricole. Quant au maïs grain, l’autosuffisance reste un pari.

Selon le département américain de l’Agriculture, l’Algérie devrait produire trois millions de tonnes de blé en 2024 et importer 8,5 millions de tonnes, soit 500.000 tonnes de moins qu’en 2023.

Atteindre l’autosuffisance en blé dur, maïs et orge, reste un immense défi pour l’Algérie.

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