Après que des utilisateurs ont découvert que remplacer la batterie d’anciens modèles de l’iPhone améliore considérablement ses performances, Apple a avoué ralentir volontairement ses vieilles batteries. La raison, logique, ne masque pas le problème de transparence de la firme à la pomme et le manque d’alternative pour les consommateurs.
Faute avouée à moitié pardonnée ? C’est ce qu’espère Apple. La firme américaine vient de confirmer au site TechCrunch une information découverte par des utilisateurs, à savoir que les batteries de certains anciens modèles d’iPhones (iPhone 6, iPhone 6s et iPhone SE) sont volontairement ralenties par iOS, le système d’exploitation d’Apple.
Apple avait une bonne raison pour ralentir ses batteries…
L’alerte a été donnée la semaine dernière sur l’une des sous-sections du célèbre forum Reddit, lorsqu’un utilisateur s’est rendu compte que remplacer la batterie d’un iPhone 6S permettait d’améliorer considérablement les performances du smartphone. Immédiatement, le spectre de l’obsolescence programmée, cette pratique qui consiste à prévoir la dégradation d’un appareil pour pousser le consommateur à acheter un modèle plus récent, a resurgi – comme après chaque sortie d’un nouveau modèle. Alerté, l’expert John Poole, développeur chez GeekBench, a exploré le fonctionnement des batteries de plusieurs modèles d’iPhones. Il a découvert qu’il existe bien, pour les iPhones 6, 6s et SE, un mécanisme dans iOS qui réduit la cadence du processeur pour protéger la batterie, ce qui a pour conséquence de rendre le smartphone plus lent lors de certaines tâches qui demandent de la puissance de calcul.
Sommé de s’expliquer par les sites TechCrunch et The Verge, Apple a démenti avoir installé ce système pour pousser les consommateurs à changer d’appareil pour un modèle plus récent. Selon la firme de Cupertino, cette manœuvre dans le logiciel vise à “prolonger la durée de vie des appareils” :
“Les batteries au lithium-ion deviennent progressivement moins capables de répondre à une demande intensive dans certaines conditions comme le froid, quand la charge est faible ou quand les batteries vieillissent avec le temps. Cela peut avoir pour conséquence que l’appareil s’éteigne pour protéger ses composants internes”, explique Apple.
Pour éviter que l’appareil s’éteigne brutalement dans ces fameuses périodes de “pics d’utilisation”, alors qu’il reste pourtant 30% ou 40% d’autonomie, Apple a donc introduit en 2016 une mise à jour logicielle pour l’iPhone 6, l’iPhone 6s et l’iPhone SE pour “lisser” les pics d’utilisation. Cela signifie que le processeur ne va pas donner sa pleine puissance immédiatement, donc que le smartphone va être plus lent pour effectuer les tâches demandées. La mise à jour a aussi été intégrée pour les iPhones 7 après la sortie d’iOS 11.2, la dernière version du système d’exploitation, mais le sentiment de lenteur est atténué par le fait que la batterie de ces modèles plus récents est plus résistante.
… mais son comportement est déloyal pour le consommateur
Le vrai problème n’est pas tant qu’Apple doive réduire les performances de ses plus anciennes batteries, car les experts estiment que sa justification est tout à fait cohérente. Le problème est plutôt que la firme à la Pomme ait attendu d’être mise au pied du mur par les médias pour avouer et expliquer cette pratique, instaurée en 2016.
Cette attitude révèle un manque de transparence très problématique vis-à-vis des utilisateurs. Il s’agit d’une communication de crise, et non pas d’une volonté d’informer les clients. Comme le souligne l’expert John Poole de GeekBench, cette manœuvre d’Apple qui ralentit le smartphone est déloyale :
“Cela poussera les utilisateurs à penser “Mon téléphone est lent, donc je dois le remplacer“, plutôt que “Mon téléphone est lent, je dois changer la batterie”. Cela alimente la théorie de l’obsolescence programmée”, décrypte-t-il.
D’autant plus qu’Apple ne communique pas pour expliquer qu’un changement de batterie – beaucoup moins cher que l’achat d’un nouvel iPhone – résout le problème. Logique : le modèle économique d’Apple repose en grande partie sur l’iPhone, dont la frénésie est entretenue par la sortie d’un nouveau modèle tous les ans ou tous les deux ans. L’iPhone représente toujours 54,7% de son chiffre d’affaires global, qui s’élevait au 3e trimestre 2017 à 45,4 milliards de dollars. Même si Apple ne pratique pas l’obsolescence programmée, qui l’exposerait à des poursuites, la firme a intérêt à ce que ses clients changent régulièrement d’iPhone.
Ce qui est aussi reproché à Apple est ne de pas proposer d’alternative. Le détenteur d’iPhone ne peut pas choisir d’activer ou non cette fonctionnalité. Il n’est pas non plus informé d’une telle déficience de sa batterie et de la solution mise en place par Apple. C’est pas non plus la première fois qu’Apple donne des raisons à ses clients de se méfier de ses intentions. Selon les experts, l’iPhone 4 était par exemple parfaitement capable de supporter l’assistant vocal Siri, mais Apple a réservé cette nouvelle fonctionnalité au modèle suivant, l’iPhone 4s.