Société

Prise en charge des cancéreux en Algérie : le coup de gueule du Pr Bouzid

Les Algériens atteints de cancer sont privés des thérapies innovantes, notamment l’immunothérapie, a dénoncé le professeur Kamel Bouzid Président de la société algérienne d’oncologie médicale (SAOM), qui déplore les deux poids de mesure dans l’accès à ces soins.

« Malgré l’enregistrement de ces médicaments -appelés thérapeutiques innovantes- depuis janvier 2018 (une vingtaine de médicaments enregistrés), à ce jour, les autorités n’ont pas fait l’effort suffisant -pour ne pas dire du tout- pour acheter ces médicaments », a déploré le Pr Bouzid, sur la Radio nationale.

Les coûts de ces médicaments « sont en train de flamber à des niveaux rarement atteints, et c’est à l’Algérie de prendre ses dispositions pour faire bénéficier les patients qui nécessitent ces thérapeutiques innovantes », a-t-il soutenu.

Le Pr Bouzid a estimé que la santé « n’a pas de prix » et répondu aux responsables qui disent que les médicaments anticancéreux coutent chers.

Ceux qui parlent de prix des médicaments « vont à Paris au Val-de-Grâce ou aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) », a-t-il remarqué, allusion aux responsables algériens qui se soignent systématiquement à l’étranger.

Le professeur Bouzid a fait un constat alarmant sur la prise en charge des malades cancéreux, et notamment le cancer pédiatrique (1 500 nouveaux cas par an, selon Pr Bouzid).

« Les enfants atteints de cancer sont actuellement mal pris en charge », a asséné l’oncologue. « Pour des raisons tout à fait aberrantes, on n’a pas décidé qui des oncologues ou des pédiatres feraient de l’oncologie pédiatrique. Alors, on s’est heurté à un lobby de pédiatres qui ont vécu 40 ans envoyant des patients à l’étranger, et qui maintenant qu’ils sont confrontés à ces enfants atteints de cancer, se camouflent », a encore dénoncé.

Le professeur Bouzid et d’autres oncologues sont à l’origine de la création au CPMC (Centre Pierre et Marie Curie) d’une unité d’oncologie pédiatrique en 1994.

Un autre projet d’oncologie pédiatrique a été est inauguré au CHU de Bab El Oued (Alger) en mars 2019. « À ce jour rien n’a avancé », a regretté le célèbre oncologue.

Pr Bouzid estime que si les autorités locales (walis, directeurs de santé) n’appliquent pas les directives du Plan national anti cancer, celui-ci « ne marchera pas ».

Le professeur pointe du doigt une volonté de détourner les malades des structures publiques vers le secteur privé. La faute à certains radiothérapeutes « qui prennent le matériel qui appartient à la République pour le bien de papa ».

Poursuivant, le Pr Bouzid interpelle l’autorité publique afin de réagir contre ce genre de pratiques. « Comment expliquer que lorsqu’un appareil de radiologie dans le secteur public tombe en panne il faut six mois pour le réparer ? Et dans le secteur privé, la pièce arrive le lendemain par le cabas, il (l’appareil) est réparé et fonctionne ? » s’interroge le Pr Bouzid, qui a pointé l’hypocrisie des gestionnaires des hôpitaux publics dans la gestion des infrastructures sanitaires.

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