Faute de pouvoir se le payer, beaucoup d’Algériens ne sacrifieront pas de mouton à l’occasion de l’Aid el-Adha, qui sera célébré cette année mercredi 28 juin.
Dans un contexte d’inflation généralisée, les moutons ont vu leurs prix augmenter fortement par rapport à ceux appliqués l’année passée.
Les ministres de l’Agriculture et du Commerce se sont exprimés sur la question. Leurs avis sont contradictoires.
Dans les points de vente occasionnels qui, comme chaque année, poussent à la périphérie et au centre des villes, la fourchette moyenne des prix se situe entre 50 000 et 150 000 dinars.
Même les agneaux de moins d’une année sont devenus inaccessibles aux petites bourses.
Jeudi 22 juin, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhafid Henni, a répondu à une question sur cette flambée, posée par un député de l’Assemblée populaire nationale (APN).
Simultanément, le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a évoqué le sujet au cours d’un point de presse au Palais des expositions d’Alger où se tient la 54e édition de la Foire internationale d’Alger (FIA).
On ne peut pas dire que les deux ministres ont accordé leurs violons.
Zitouni a tout juste reconnu que les prix des moutons sont “quelque peu élevés cette année” en Algérie, à cause de “plusieurs facteurs” dont la hausse des prix des fourrages et aliments de bétail.
Néanmoins, le ministre du Commerce a tenu à remercier les walis qui ont ouvert 1200 points de vente de moutons à travers le pays, afin de rapprocher le consommateur de l’éleveur et éviter la multiplication des intermédiaires.
Même si ces points de vente n’ont pas fait baisser les prix, il ont tout de même permis de les “stabiliser” et de les empêcher de dépasser “un certain seuil“.
Prix des moutons en Algérie : le ministre de l’Agriculture accuse les intermédiaires
Devant l’APN, c’est un ministre de l’Agriculture irrité qui a pris la parole.
Sans détour, Abdelhafid Henni a imputé la hausse des prix des moutons en Algérie aux intermédiaires.
Selon lui, 90 % de ceux qui proposent des moutons dans les points de vente sont des intermédiaires.
Et en plus, leurs marges sont indécentes, 20 ou 30 000 dinars par mouton, a précisé le responsable.
Concernant la hausse des coûts de l’aliment de bétail, avancée régulièrement pour expliquer la hausse des prix des moutons, Henni l’a balayée d’un revers de main, rappelant les mesures prises par l’État dans ce sens, comme le plafonnement des prix de l’orge et la généralisation du soutien aux éleveurs de tout le pays, alors qu’il était limité aux seules wilayas des Hauts-Plateaux.
Le ministère de l’Agriculture n’est responsable que des prix pratiqués dans les points de vente de la société publique l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) où, a-t-il rappelé, les prix sont fixés entre 45000 et 75000.
« J’ai pris connaissance que des moutons ont été vendus pour 85.000 dinars et j’ai ordonné au directeur (d’Alviar) de baisser immédiatement les prix », révèle-t-il.
Pour les autres marchés de bétail, Henni a déploré un manque de contrôle. Selon lui, hormis les contrôles des services vétérinaires, aucun contrôle commercial n’est exercé dans les marchés de vente de bétail.
Des propositions ont été faites par le ministère pour remédier à cette situation, a assuré M. Henni.