Après un incroyable succès pendant tout l’été en France, l’élan de la pâte à tartiner algérienne El Mordjene a été stoppé net en septembre par le ministère français de l’Agriculture qui a décidé d’interdire son entrée sur le territoire français en vertu de la réglementation européenne.
Le produit a toutefois toujours la cote auprès des Algériens de France et même auprès des consommateurs français. Certains continuent à le recevoir grâce à des membres de la famille ou des amis de retour d’Algérie.
Mais il reste que seule la reprise de l’exportation en bonne et due forme permettra de satisfaire la demande qui ne s’estompe pas.
La SARL Cebon, qui fabrique El Mordjene en Algérie, reprendra-t-elle les livraisons vers la France ? La question a été posée par TSA à un responsable de l’entreprise à la Foire de la production nationale à Alger.
Amine Ouzlifi, manager marketing de la SARL Cebon, est d’abord revenu sur l’engouement autour du produit l’été dernier, reconnaissant que l’entreprise “n’a rien à voir” dans ce qui s’est passé et que le succès est dû aux influenceurs et internautes qui l’ont fait découvrir.
Face à la très forte demande, l’entreprise privée algérienne a pris des dispositions, mais cela n’avait pas suffi.
« On a pris les dispositions pour mettre les quantités suffisantes sur le marché. On a augmenté la production, on a recruté, on a multiplié les équipes de production mais cela n’a pas suffi, parce que toute la production était prise d’assaut soit par des nouveaux clients locaux qui voulaient goûter le produit, soit par ceux qui voulaient l’envoyer directement à de la famille de l’autre côté de la Méditerranée », révèle le responsable.
À propos, de la hausse constatée du prix d’El Mordjene sur le marché algérien, Ouzlifi assure que cela n’est pas le fait de la société.
“Tout le monde cherche le produit, donc il y a eu plus de demande que d’offre et il y a eu une flambée des prix qui n’a rien à voir avec l’usine. Depuis le lancement de ce produit, son prix n’a pas été augmenté d’un dinar”, dit-il.
L’entreprise a en conséquence entrepris de communiquer les points de vente où on peut trouver le produit El Morgane au prix conseillé, “c’est-à-dire qui ne peut pas dépasser 800 dinars, voir 830 dinars maximum”.
Cebon sur le retour d’El Mordjene en France : “Ça nous dépasse”
“Cette opération commence à donner ses fruits. On peut trouver aujourd’hui le produit sur certains points de vente. Il suffit de les consulter sur notre page officielle (El Mordjene SARL Cebon) où on trouve une adresse qui est proche de chez soi où on peut trouver le produit au bon prix”, explique-t-il.
S’agissant du retour à l’exportation vers la France où El Mordjene est interdite, Amine Ouzlifi a d’abord souligné que “les exportations sont régies par des lois” et que “chaque pays a sa propre réglementation pour l’introduction ou l’interdiction d’un produit”.
Cebon est aujourd’hui en train de faire le nécessaire pour entrer sur certains marchés étrangers.
“Nous sommes en train de faire le nécessaire envers les pays qui nous intéressent pour aller vers ces marchés. Il y a des réglementations à suivre, concernant les documents à fournir ou l’étiquetage. Le produit est conforme, nous avons toutes les certifications qu’il faut. Maintenant on essaie d’avoir les documents nécessaires, c’est-à-dire si on doit avoir des certificats d’un laboratoire précis, on est en train de les contacter, si on doit avoir des étiquetages précis, on est en train de les faire. On est en train de nous préparer pour aller vers l’exportation de manière professionnelle”, indique le responsable marketing de Cebon, sans préciser les pays ciblés.
Interrogé sur un éventuel retour de la célèbre pâte à tartiner algérienne El Mordjene en France, Ouzlifi a souligné que le cas de ce pays “ne dépend pas de la SARL Cebon”.
“La France fait partie de l’Union européenne. Certes, elle abrite le plus grand nombre de ressortissants algériens à l’étranger. C’est dommage parce qu’on aurait aimé que le produit arrive à nos compatriotes en France, parce que ce sont eux qui l’ont soutenu, qui ont fait le plus gros du travail pour la défense de ce produit qui leur appartient aujourd’hui, qui appartient à tous les Algériens, pas uniquement à la sarl Cebon”, dit-il.
Toutefois, ajoute-t-il, avec la France, “c’est une question de réglementation qui ne dépend pas de la société”. “Les États sont souverains et nous ne pouvons pas aller discuter sur ces cas-là. C’est aux États de discuter. Ça nous dépasse”, conclut le représentant d’El Mordjene.