La polémique sur les prix du mouton de l’Aïd-el-Adha s’installe en Algérie. Tout a commencé au lendemain de l’Aïd-el-fitr, qui a été célébré les 21 et 22 mai en Algérie.
Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation des consommateurs (Apoce) a lancé un pavé dans la marre en alertant sur une flambée des prix des moutons en prévision de l’Aïd.
Le président de l’Apoce a même anticipé sur un prix plancher pour l’acquisition des moutons qui répondent aux exigences du sacrifice, soit 50.000 dinars.
Les propos de Mustapha Zebdi ont fait réagir Abdellatif Dilmi, secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA).
Mouton de l’Aïd-el-Adha à 50.000 dinars minimum ?
Pour Dilmi, il est encore tôt pour pronostiquer sur les prix du mouton de l’Aïd-el-Adha en Algérie. « D’où vient le prix de 50.000 dinars ? D’ici un mois, nous pourrions voir plus clair concernant les prix. Je ne peux pas affirmer si les prix vont baisser ou augmenter », a-t-il expliqué dans des déclarations accordées à Dz News.
Tout en refusant de faire des pronostics, Abdellatif Dilmi met en avant la règle de l’offre et de la demande. Selon lui, l’incapacité actuelle des citoyens à acheter les moutons implique une baisse des prix.
« L’éleveur qui ne vend pas ses bêtes sera contraint de baisser ses prix. Il a des charges, des dettes, une famille à nourrir et surtout une saison prochaine à préparer », indique le SG de l’UNPA qui précise que l’arrivée de la pluie pourrait aider à faire baisser les prix du mouton en Algérie.
Abdellatif Dilmi a pointé le rôle négatif joué par les marchands occasionnels qui engrangent plus de bénéfices que le producteur et l’éleveur en revendant au prix fort les moutons qu’ils achètent. Ces revendeurs doivent être chassés de la filière « d’une manière ou d’une autre », selon lui.
« Dans la filière, il ne doit rester que le producteur et l’éleveur. Le produit doit ensuite être dirigé aux marchés de proximité, aux coopératives et aux offices. Les marchands ont de l’argent et profitent de la détresse des éleveurs pour leur acheter les bêtes pour ensuite les revendre au prix fort », a-t-il expliqué.
Abdellatif Dilmi a appelé les autorités à intervenir contre les businessmans dans toutes les filières, citant en exemple l’oignon qui a été vendu à 400 dinars le kilogramme parce qu’il a été stocké par des marchands.
« Les intermédiaires viennent avec la chkara (sachet) achètent à 50.000 dinars puis revendent à 70.000 et 80.000 trois jours après. L’éleveur lui-même qui a passé six mois à travailler n’a pas cette marge de bénéfice. Ces gens qui ont de l’argent sont derrière la flambée des prix des moutons », accuse le SG de l’union des paysans.
Mouton : le coût de l’élevage a flambé
La filière ovine en Algérie connaît de nombreux problèmes. Les éleveurs dénoncent la cherté de l’aliment de bétail ainsi que d’autres obstacles qui rendent leur activité difficile.
À Relizane, un éleveur a confié à Ennahar TV qu’il a dû louer une parcelle de terrain à un prix très élevé pour pallier la cherté de l’aliment de bétail. Dans la même wilaya, des éleveurs rejoignent le constat fait par Mustapha Zebdi et anticipent des prix exorbitants du mouton de l’Aïd-el-Adha.
Pour les raisons citées, les éleveurs de Relizane annoncent des moutons à des prix allant entre 60.000 et 200.000 dinars selon leur poids.