Escalade entre l’Iran et les Etats-Unis, sanctions américaines contre le Venezuela, reconduction de l’accord de baisse de production au sein de l’Opep + : depuis quelques semaines, tous les ingrédients habituels pour une flambée des prix sont présents. Mais le baril peine à décoller.
Ce lundi matin, le Brent, référence pour le pétrole s’échange autour de 63 dollars, en baisse de 0,35%. La semaine dernière, il a cédé 7%. En un mois, malgré une avalanche d’informations et de nouvelles censées soutenir les cours, le Brent affiche un repli de 3,20%.
En glissement annuel, la baisse est de près de 14%.
« Malgré toutes les nouvelles favorables qu’on a eues, les cours ont à peine bougé », commente Janelle Matharoo, un analyste cité par l’agence Reuters. « Il y a 15 ans, ce genre de nouvelle aurait fait grimper les cours de 20 ou 30 dollars », ajoute-t-il.
L’explication est donc à chercher du côté des acheteurs. « Le sentiment s’est brutalement détérioré ces derniers jours sur le marché pétrolier, où fonds spéculatifs, producteurs et traders adoptent une position plus défensive dans l’anticipation d’un affaiblissement durable de la demande mondiale », explique Reuters dans une analyse publiée hier lundi.
« Les investisseurs et les fonds spéculatifs se font à l’idée d’une offre durablement abondante, compte tenu du boom de la production américaine, et d’un affaiblissement de la demande. Les producteurs, pour leur part, cherchent à se protéger contre une future baisse des cours », poursuit l’agence financière.
Avec la guerre commerciale sino-américaine qui fait craindre un ralentissement de la croissance mondiale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment réduit ses prévisions pour la demande de pétrole en 2019 et 2020, et pourrait les abaisser encore si l’activité en Chine continue de ralentir, souligne encore Reuters.
L’Algérie a besoin d’un baril à 116 dollars
Pour l’Algérie, un baril à moins de 65 dollars est un scénario inquiétant. L’Algérie a besoin d’un baril de pétrole moyen à 116,4 dollars pour équilibrer son budget pour l’année 2019, a rappelé le FMI à la fin du mois de juin dernier.
Le « prix d’équilibre budgétaire » du baril de pétrole nécessaire à l’Algérie place le pays dans la fourchette haute parmi les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Seuls l’Iran (125,6 dollars), le Nigéria (150 dollars) et le Venezuela (276 dollars) ont besoin d’un baril plus élevé que l’Algérie.
Pour l’Algérie, un baril faible est synonyme de difficultés budgétaires mais aussi d’érosion rapide des réserves de change.