Le tribunal militaire « n’est pas compétent » pour statuer sur les affaires du général Toufik et de Saïd Bouteflika, estime Me Miloud Brahimi, un de leurs avocats.
« Nous sommes face à un problème fondamental. Nous pensons que le tribunal militaire n’est pas compétent pour statuer sur ces affaires. En cas de poursuites contre mes mandants, nous allons demander le transfert des dossiers à un tribunal civil », a-t-il dit dans un entretien à TSA, ce samedi.
Les deux hommes sont poursuivis dans la même affaire impliquant également le général Bachir Tartag.
Saïd Bouteflika, le général Toufik et Bachir Tartag sont en détention provisoire depuis le 5 mai dernier à la prison militaire de Blida. Louisa Hanoune, qui est poursuivi pour les mêmes chefs d’inculpation que Saïd, Toufik et Tartag est en détention provisoire depuis le 9 mai. Leur procès est programmé pour le 23 septembre prochain.
« Tout le monde sait que les quatre inculpés sont poursuivis conformément aux articles énoncés par la justice militaire et le Code des procédures pénales. En vérité, j’attendais une autre décision de la part du juge d’instruction, à savoir prononcer le non-lieu parce que nous pensons que ces personnes n’ont pas commis les crimes pour lesquels ils sont poursuivis (Les quatre personnalités sont notamment poursuivies pour « atteinte à l’autorité de l’Armée » et « complot contre l’autorité de l’État »). Cependant et puisque la date du procès est fixée, nous irons au tribunal militaire de Blida et nous devons nous y préparer », affirme Me Brahimi.
À propos de l’état d’esprit de ses mandants, Me Brahimi explique que « la prison n’est pas facile surtout pour les concernés qui se trouvent dans des conditions difficiles, complètement isolés, chose qui n’en rajoute pas à la crédibilité de la justice. » « Ils sont privés de certains droits, et à titre d’exemple ils n’ont pas à la télévision, et de tout ce que je sais ils n’ont droit qu’aux journaux seulement. Nous sommes en 2019 et je pense que le monde entier garantit les droits des prisonniers », ajoute-t-il.
Sur l’état de santé du général Toufik qui aurait perdu 14,5 Kg depuis son incarcération selon Me Farouk Ksentini, Me Brahimi confirme que son mandant a perdu quelques kilos en raison de son état de santé.
« Actuellement, il (général Toufik) se soigne avec les moyens existants dans la prison, mais le traitement ne suffit pas. La détention préventive s’est muée en une peine préventive, et ça c’est une affaire très grave que ce soit pour les tribunaux militaires ou civils », estime l’avocat.
Concernant Saïd Bouteflika, Me Brahimi affirme qu’il « se prépare pour sa défense. »
L’avocat souligne par ailleurs qu’il est favorable à ce que les médias soient autorisés à couvrir le procès. « Il n’y a aucune raison pour que le procès reste secret. Au contraire, nous voudrions entendre les propos de ceux qui sont jugés. Partant du fait que la justice se prononce au nom du peuple, il (le peuple) est de son droit d’être au courant de péripéties du procès », estime l’avocat.
Me Brahimi se dit même favorable que le procès soit retransmis en direct à la télévision. « Si vous voulez mon avis, je dis bienvenue pour que le peuple algérien sache que le dossier est vide », signale-t-il.
L’avocat assume totalement l’idée que l’affaire de ses mandats est « politique ». À la question de savoir si la programmation du procès avait un quelconque lien avec à la présidentielle attendue pour la fin de l’année, Me Brahimi répond : « J’en ai entendu parler. Il faut poser la question à ceux qui ont programmé le procès le 23 septembre. Le dossier était encore en instruction, jusqu’à jeudi (5 septembre). Personnellement, je m’attendais à ce que l’instruction dure plus longtemps ».
L’avocat se dit convaincu de l’innocence de ses clients. « Nous sommes devant un tribunal militaire qui applique la loi au même titre que les autres tribunaux. Je pense que les récentes déclarations du ministre de la justice ont une grande importance. L’indépendance de la justice doit s’appliquer aussi au tribunal militaire (…) nous insistons sur la nécessité d’appliquer la loi et c’est ce que nous attendons du tribunal militaire. Et si la loi est appliquée mes deux mandants seront relaxés », soutient Miloud Brahimi.