C’est devenu un rituel en Algérie : à mesure que le ramadan approche, le citoyen s’inquiète pour la disponibilité et les prix des produits alimentaires et les responsables multiplient les annonces rassurantes.
Le problème de l’approvisionnement du marché et de l’accessibilité des prix se pose avec d’autant plus d’acuité cette année que les pénuries sont déjà là depuis plusieurs mois, avec des flambées qui n’ont épargné presque aucun produit.
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Le gouvernement tiendra-t-il ses promesses d’un ramadan pas trop éprouvant, dans un contexte de tensions mondiales sur plusieurs produits de base ? Certains signaux sont toutefois inquiétants.
Les échos parvenant des différentes villes du pays font état de problèmes de disponibilité de la semoule et de l’huile de table, alors que les prix des légumes et des fruits sont déjà élevés, mais disponibles. Pour les viandes rouges, leurs prix continuent d’augmenter, notamment pour la viande ovine.
La pomme de terre, produit de base largement consommé pendant toute l’année en Algérie, a vu son prix monter en flèche quelques semaines avant le mois sacré, dépassant dans certaines régions les 150 Da le kilogramme.
La décision du gouvernement de retourner à l’importation de ce produit, après plusieurs années d’autosuffisance, a permis une entame de baisse des prix.
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Un responsable du ministère du commerce a annoncé l’importation prochaine de 100 000 tonnes, dont une première livraison de 30 000 tonnes avant le mois sacré.
Au vu des cours actuels du tubercule sur les marchés mondiaux (environ 18 euros le quintal) la concrétisation du programme devrait permettre une stabilisation des prix au moins dans les prochains mois.
Les prix des légumes, la grande inconnue
Autre produit à surveiller : la semoule. Dans certaines régions du pays, notamment à l’Est, ce produit est peu disponible. Dans certaines villes du pays, c’est carrément la pénurie. A Alger, la semoule dans certains magasins.
La disponibilité du lait en sachet subventionné, qui connaît une certaine tension depuis plusieurs mois, pourrait en revanche être problématique.
Hormis pour la pomme de terre, la régulation par l’importation n’a pas été retenue pour les autres produits qui flambent habituellement à l’approche et pendant le ramadan.
Alors que le même responsable du ministère du Commerce a annoncé l’importation de 3000 tonnes de viande congelée en prévision du mois sacré, le conseil des ministres a maintenu le jour même l’option d’encouragement des filières locales, dont celle des viandes.
Il n’y aura donc pas d’importation de viande congelée et il n’y a par conséquent aucune raison d’entrevoir une baisse des prix dans les prochaines semaines de la viande fraîche locale, déjà hors de portée.
Mêmes les viandes blanches, d’habitudes accessibles pendant le ramadan et toute l’année, ont pris des ailes depuis quelques mois. Mardi, le ministre de l’agriculture a annoncé un accord entre le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (CNIFA) et l’Office national des aliments du bétail (ONAB) sur un prix de 240 Da le kilo de poulet au poids vif et “des prix fixes aux termes de la convention, ainsi le prix final du produit sera proposé au citoyen à 320 DA ou 330 DA. »
Si l’accord est respecté, cela devrait éviter les seuils record de 450/500 Da le kilogramme atteints il y a quelques mois, d’autant que la crise ukrainienne a fait flamber le prix du maïs qui est utilisé comme aliment de volaille.
La grande interrogation concerne les légumes dont les prix dépendront de deux paramètres : les températures des premières semaines du printemps et la capacité des services concernés à juguler la spéculation.
Pour les fruits, la flambée risque d’être inévitable avec l’absence de fruits de saison (hormis la fraise et les derniers agrumes) et le refus du gouvernement de recourir à l’importation.