Consommation

Produits alimentaires : les raisons de la tension sur la semoule

A la veille du mois de Ramadhan, les Algériens font face à la hausse des prix des produits de première nécessité, quand ceux-ci ne connaissent pas de tension.

C’est le cas ces jours-ci de la semoule. Le quotidien régional Jijel El Jadida a fait état de longues files d’attente devant les magasins dans des quartiers de la ville de Jijel, en vue d’acheter un sac de semoule.

La chaine DZ News rapporte les propos d’un cadre du ministère du Commerce, accusant une partie de la population qui achète des quantités de semoule pour les stocker à domicile, et ce au risque de les voir se périmer.

« Certains individus tentent ces jours-ci d’exercer à nouveau une pression sur l’Etat et la population, en s’empressant de stocker de la semoule, comme ils l’ont fait en 2020 (au début de la pandémie du covid-19). Cela avant que ces mêmes personnes ne jettent toutes ces quantités une fois périmées », a regretté Sami Kolli,  le DG des activités commerciales au ministère du Commerce, dans une déclaration à la radio publique.

Le constat de la tension sur la semoule a été confirmé par l’association de protection du consommateur (Apoce). « Concernant la semoule et la tension qu’il y a autour d’elle dans quelques régions de l’est du pays, nous avons avisé qui de droit avant qu’elle ne soit diffusée sur les réseaux sociaux », a déclaré à TSA, le président de l’Apoce. Cette tension commence à se propager pour toucher même la région centre du pays », a indiqué Mustapha Zebdi.

Selon lui, il existe trois raisons principales derrière cette tension sur la semoule. « C’est surtout l’achat massif de la semoule malgré le fait que nous ne sommes pas directement concernés par la rareté du blé par rapport à ce qui se passe entre l’Ukraine et la Russie. La deuxième raison c’est l’utilisation des céréales par certains opérateurs de l’alimentation de bétail sachant que les prix du maïs ont connu une hausse importante sur le marché mondial. La troisième raison est relative à la contrebande dont fait objet la semoule vers l’est (la Tunisie) », a énuméré Zebdi.

 

Huile de table : « Il n’y a pas de tension »

Alors que certaines sources font état d’une tension sur l’huile de table, Mustapha Zebdi relativise : « Non, il n’y a pas de tension. On n’a pas à l’Apoce des remontées de données très importantes comme la tension sur la semoule », a-t-il précisé, tout en appelant à prendre avec précaution les informations circulant sur les réseaux sociaux et qui ont tendance, selon lui, à aggraver la situation. « On n’a parlé de la semoule qu’au moment où les choses sont devenues évidentes », a-t-il ajouté.

La crise ukrainienne a pu faire croire à une pénurie de blé, sachant que la Russie et l’Ukraine sont les deux principaux exportateurs de ce produit largement consommé de par le monde et dont dépend parfois l’alimentation de millions de personnes.

Au Maghreb, hormis la Tunisie, l’Algérie et le Maroc ne risquent pas de connaître de crise au moins pour plusieurs mois, grâce aux stocks constitués avant le début de la guerre en Ukraine le 24 février dernier.

L’Algérie dispose en effet d’un « stock » de céréales lui permettant de satisfaire tous les besoins des consommateurs algériens de manière régulière, comme l’a assuré le 7 mars dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni.

Les appréhensions des Algériens à l’approche du mois de Ramadhan portent aussi sur les prix, notamment de la viande ovine, qui continuent d’augmenter. Le problème ne devrait pas se poser pour la viande blanche.

Le ministre de l’Agriculture Abdelhafid Henni a annoncé mardi qu’une quantité de 47.000 tonnes de viandes blanches allait être mise sur le marché à l’occasion du Ramadan. L’Onilev (Office interprofessionnel des viandes)  va commercialiser 10 000 tonnes de viandes blanches à prix « fixes » ne dépassant pas 330 DA le kilo, a-t-il poursuivi ajoutant que le secteur privé va se charger de mettre sur le marché 37 000 tonnes de viandes blanches à des prix libres.

L’autre appréhension concerne également les produits agricoles notamment la pomme de terre dont le prix a atteint 140 DA. Le déstockage de quantités de ce tubercule devrait en principe participer à réduire les prix. Mais le président de l’APOCE se montre sceptique.

« On a toujours eu ces opérations de déstockage. Les quantités censées être injectées ne sont pas importantes et les points de vente ne le sont pas aussi. Pour dire que ça va impacter sur le coût réel au niveau des points de vente, cela m’étonnerait », estime M. Zebdi.

« On aurait aimé que les quantités de poulets soient vendues dans les supérettes et que ce soit à la portée de tous », a-t-il suggéré, relevant que les 150 points de vente de poulets, annoncés par le ministère de l’agriculture, ne suffiront pas à tirer les prix vers le bas.

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