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Promotion immobilière sur une falaise à Alger : les architectes scandalisés

Promotion immobilière sur une falaise à Alger : les architectes scandalisés

L’effondrement d’une partie d’une falaise mardi 16 novembre à Bir Mourad Rais (Alger), a enflammé la toile et donné lieu à un déluge de commentaires. En haut de la falaise, une promotion immobilière, non encore achevée, qui se trouve menacée elle aussi de s’écrouler.

En bas, un chantier de construction d’une nouvelle gare routière, près d’un carrefour situé pas loin du siège de la présidence de la République.

Les avis sont unanimes quant au non-respect des normes de constructions, ajouté au fait qu’édifier des immeubles sur une falaise est totalement déconseillé.

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Akli Amrouche, architecte et directeur de publication de la revue « Vie de villes », joint par TSA, est catégorique : « Il y a une chaîne de responsabilités qui est partagée entre le promoteur, le service technique, l’architecte, et l’autorité qui a délivré le permis ».

« La bâtisse à côté de la promotion immobilière en construction qui est apparemment habitée risque elle aussi de s’effondrer », prévient-il.

Sur les raisons ayant mené à cet incident grave, M. Amrouche explique : « Il ne s’agit pas de la portance du sol. C’est le fait de construire au bord d’une falaise dans une région sismique ».

Selon lui, le Règlement parasismique algérien (RPA) est clair dans ce genre de cas. « C’est le ba.ba de la formation d’un ingénieur ou un architecte », a-t-il fait valoir.

En effet, le RPA précise à propos du choix du site de construction qu’une attention particulière doit être portée aux conditions défavorables ou pénalisantes. A savoir lorsqu’on est en présence de failles reconnues actives, de zones suspectes de liquéfaction et enfin de terrains instables.

A ce propos le RPA préconise qu’ « exception faite pour les constructions en R+2 au maximum (…) les reconnaissances et études de sol sont obligatoires pour les ouvrages d’importance moyenne ou plus, implantés en zones de sismicité moyenne ou élevée ».

Farid Ziani, architecte algérien installé à Copenhague, contacté par TSA,  pointe « une planification urbaine quasi-absente » dans le cas d’Alger. « Nous sommes de plus en plus urbains (…), c’est tout à fait logique que les grandes villes voient de grandes opérations de logements. Après il reste l’art et la manière de le faire. Et cela ne dépend pas d’un seul immeuble seulement », explique-t-il.

L’architecte Mohamed Larbi Merhoum pousse un coup de gueule en postant sur sa page Facebook. « Ça apprendra aux architectes de s’accrocher à la maîtrise d’œuvre unique et à la forme d’exercice physique… », s’est-il emporté sur sa page Facebook.

Son confrère Nacym Baghli se montre perplexe : « La question est : comment a-t-on pu délivrer un permis de construire dans ce cas de figure ?! À supposer qu’il ait été bien délivré… Si non, auquel cas : comment a-t-on pu laisser construire cette chose au bord d’un ravin ». « Que c’est beau la « planification urbaine »… surtout quand on a tout « bien planifié », tout prévu, tout anticipé, hein ?! », ironise-t-il.

« Un joli rêve transformé en cauchemar »

Arezki Kireche, architecte libéral, s’indigne : « Un bâtiment de onze étages érigé sur un terrain inadéquat et de surcroît dangereux, mais disposant de toutes les autorisations administratives, un sol qui s’effrite sous l’effet conjugué des intempéries et du poids de la construction, des postulants ayant probablement tout payé « sur plan » et pour finir un joli rêve transformé en cauchemar. Au fait, qui paiera ? ».

Pour cet architecte, l’effondrement à Bir Mourad Rais met « à nu une fois de plus les tares d’une gestion anachronique du secteur de l’urbanisme et de la construction » en Algérie.

Le sort des immeubles qui menacent de s’effondrer à tout moment se pose avec acuité. Que faut-il faire dans l’immédiat pour éviter ce scénario catastrophe ? Le Syndicat national des ingénieurs agréés en génie civil et bâtiment appelle à une intervention urgente pour sauver les vies et les biens. Le syndicat recommande de consolider l’ouvrage par la réalisation dans l’immédiat d’un mur de soutènement en béton. Cet incident est l’occasion pour les ingénieurs en génie civil et bâtiment d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de les impliquer dans les différents projets.

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