Les propos xénophobes et anti-musulmans se banalisent dangereusement en France dans un contexte de montée en puissance de l’extrême-droite dans ce pays.
Alors que trois personnes d’origine kurde ont été assassinées en plein Paris par un individu soupçonné d’avoir des motivations racistes, de nombreuses voix se sont élevées pour pointer du doigt la libération du discours xénophobe dans certains médias et sur les réseaux sociaux.
Ce qui n’empêche pas les dérapages de se poursuivre, avec la même légèreté et sur les mêmes supports médiatiques.
À 80 ans, Jean-Claude Dassier continue d’intervenir sur les médias comme chroniqueur, notamment sur CNews, la chaîne qui a révélé le polémiste Éric Zemmour, devenu le porte-voix du courant xénophobe extrémiste et ouvertement anti-musulman en France.
Jean-Claude Dassier a une longue carrière derrière lui. Il a notamment été président de l’Olympique de Marseille entre 2009 et 2011 et directeur de l’information de TF1.
Il est actuellement vice-président du magazine d’extrême-droite Valeurs actuelles et participe comme chroniqueur polémiste à une émission de CNews. Ses punchlines, il les réserve à la communauté musulmane de France et aux musulmans d’une manière générale. Sa dernière sortie en date n’est pas passée inaperçue.
Ce n’est pas à la frange extrémiste de l’islam politique que Jean-Claude Dassier s’est attaqué, mais à tous les musulmans qui, selon lui, ignorent jusqu’à ce que signifie le mot « République ».
« Les musulmans ils s’en foutent de la République, ils ne savent même pas ce que le mot veut dire », a-t-il déclaré, déclenchant une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux.
« On ne va pas y arriver parce que c’est trop compliqué, les cultures sont éloignées l’une des autres et on va tout doucement vers une société communautaire à l’anglaise ou à l’américaine », a-t-il poursuivi.
« Un Bataclan à l’envers »
La « société communautaire » est à Jean-Claude Dassier ce que le « grand remplacement » est à Eric Zemmour, c’est-à-dire un spectre qu’il brandit sans cesse dans ses interventions publiques.
Même du temps où il présidait l’Olympique de Marseille, une ville abritant pourtant une très forte communauté musulmane, il ne s’empêchait pas de déraper avec des propos xénophobes. En 2009, à sa désignation à la tête du club phocéen, il avait dû présenter des excuses publiques pour avoir déclaré qu’il ne serait pas « un président à la libanaise où à l’africaine ».
Simultanément aux propos de Jean-Claude Dassier, la Grande mosquée de Paris a réagi à de graves propos tenus dans La Revue populaire par Michel Houellebecq au cours d’une conversation avec Michel Onfray.
Houellebecq a évoqué un « Bataclan à l’envers » et des gens qui s’arment, qui prennent des cours de tirs et qui résisteront « lorsque des territoires entiers seront sous contrôle islamique ».
𝐂𝐎𝐌𝐌𝐔𝐍𝐈𝐐𝐔𝐄 | La Grande Mosquée de Paris porte plainte contre Michel Houellebecq pour les propos très graves qu’il a tenu au sujet des musulmans de France dans une récente interview écrite : pic.twitter.com/JS4NwLM2R8
— Grande Mosquée de Paris (@mosqueedeparis) December 28, 2022
« Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent », a-t-il écrit. Des propos que la Grande mosquée de Paris qualifie de « phrases lapidaires », « inacceptables » et d’une « brutalité sidérante ».
De telles déclarations « visent à attiser les discours discriminatoires et les actes » et à légitimer une opposition entre « les musulmans » et « les Français de souche », dénonce l’institution religieuse française.
