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Propos de Macron : l’Algérie s’invite dans la présidentielle en France

Propos de Macron : l’Algérie s’invite dans la présidentielle en France

Emmanuel Macron a tenu, jeudi dernier, des propos au vitriol à l’égard des dirigeants algériens, dénonçant notamment un « système politico-militaire » qui entretient « la rente mémorielle ».

Le président français a commis un dérapage inattendu, à la limite du révisionnisme, sur l’existence de la nation algérienne avant 1962, et sur la question mémorielle, en établissant un parallèle entre les 130 ans de colonisation française et les trois siècles de présence ottomane en Algérie.

| Lire aussi : L’Algérie qualifie d’ « irresponsables » les propos de Macron

Une rhétorique qui tranche avec le discours mesuré, voire l’affabilité du président français à chaque fois qu’il a eu à s’exprimer sur une question en relation avec l’Algérie ou les Algériens depuis son élection en 2017, et même avant.

Tout au long de son mandat qui se termine dans sept mois, Macron a multiplié les gestes allant dans le sens de l’apaisement dans le litige mémoriel entre les deux pays. Avant son élection, il avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité ». Il a ensuite dénoncé la torture pendant la guerre d’Algérie et reconnu la responsabilité de l’État français dans la mort des résistants algériens Ali Boumendjel et Maurice Audin.

Emmanuel Macron a surtout entretenu d’excellents rapports avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune avec lequel il a échangé les éloges à plusieurs reprises depuis l’élection de ce dernier en décembre 2019.

À quoi obéit un tel changement de ton et pourquoi maintenant ? La première réaction de l’Algérie, par la voix d’une source algérienne qui s’est exprimée sur TSA, pointe du doigt la conjoncture dans laquelle survient cette succession d’inimitiés de la France officielle, c’est-à-dire l’approche de l’élection présidentielle française, prévue dans sept mois.

« Cette sortie de route du président Macron, à propos de l’Algérie et de ses institutions, est lamentable et elle pue à plein nez l’opportunisme électoral », estime la source algérienne qui dénonce un « égarement impardonnable qui ne restera pas sans conséquence ».

Il en veut comme preuve de calcul électoraliste de cette sortie, sa coïncidence avec la restriction drastique sur les visas pour les Algériens.

« Elle (la sortie du président Macron) est, d’ailleurs, de la même veine que la décision injustifiée par laquelle ce président a décidé de réduire drastiquement les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb. À défaut de nourrir sa réflexion pour ‘apaiser la blessure mémorielle’ comme il le prétend, Macron s’égare car il est littéralement obsédé par les prochaines échéances présidentielles et au lieu d’élever le débat, il se résigne à patauger dans la fange anti-algérienne pour ne pas se laisser distancer par les racistes du RN et de Génération Z », a expliqué la source algérienne.

La pression de l’extrême droite ?

La Génération Z est ce collectif de jeunes français qui porte le projet du polémiste Eric Zemmour, probable candidat à la prochaine présidentielle. Développant un discours identitaire et anti-musulmans, Eric Zemmour monte chaque jour davantage dans les sondages. Avant même d’officialiser sa candidature, il a réussi à imposer ses thèmes de prédilection comme sujets principaux des débats en prévision de la présidentielle.

Lorsque le président Macron a décidé de réduire drastiquement le quota de visas pour les Maghrébins –décision annoncée le 28 septembre par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal-, beaucoup n’avaient pas hésité à lui reprocher d’avoir cédé à la pression de l’extrême droite, particulièrement d’Eric Zemmour.

Deux jours après cette annonce, Macron a assumé la décision, en s’en prenant ouvertement aux dirigeants algériens, indiquant que la restriction les visait en premier.

La très forte communauté algérienne, ou d’origine algérienne, établie en France ne pouvait être ignorée dans la donne électorale, à fortiori à l’occasion d’un scrutin comme celui du printemps prochain où l’immigration se présente comme un thème majeur, et à un degré moindre la mémoire.

Ses derniers propos très controversés sur l’Algérie, Emmanuel Macron les a tenus le 30 septembre à l’occasion d’une rencontre avec des jeunes, tous descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords, avec l’objectif déclaré d’« échanger librement » et d’ « apaiser la blessure mémorielle ».

Dix jours auparavant, le 20 septembre, il avait reçu en grande pompe des Harkis, leurs descendants et leurs représentants. Il leur a solennellement demandé pardon au nom de l’État français qui « leur a lâché la main et leur a tourné le dos », et annoncé l’élaboration prochaine d’une loi « de reconnaissance et de réparation ».

Le président français cherche-t-il à corriger la trajectoire de son engagement en faveur de l’apaisement mémoriel avec l’Algérie qu’il avait empruntée en 2017 quand il était candidat à l’Elysée ?

Un engagement dont il n’a pas obtenu les fruits escomptés de la part de l’Algérie et qui lui a valu des critiques acerbes de la droite dont il a fortement besoin aujourd’hui pour obtenir un second mandat.

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