C’est un problème que l’entraîneur du PSG va vite devoir régler : Edinson Cavani et Neymar se sont chamaillé dimanche contre Lyon (2-0) pour tirer -et manquer- un penalty, premier signe d’une rivalité entre un « ancien » et la nouvelle star du club de la capitale.
Ce lundi, Cavani a bien tenté de faire profil bas : « Ce sont des choses montées en épingle. (…) des choses normales, qui arrivent dans le football (…) La vérité, c’est qu’il n’y a aucun problème », a déclaré « Edi », le buteur attitré du club parisien, à l’émission uruguayenne Gol de Medianoche (Le but de minuit) sur Radio Universal.
Mais dimanche soir, après PSG-Lyon, son attitude disait le contraire : la tête basse, Cavani n’avait visiblement pas le coeur à célébrer la victoire. L’Uruguayen, dont le penalty avait été repoussé sur la barre, est ainsi vite rentré aux vestiaires, sans adresser un regard aux supporters ni se présenter ensuite face aux médias.
Avant l’ère Neymar et après l’empire « Zlatan », l’affaire était entendue : « Edi », le buteur attitré, tirait tous les penalties pour soigner ses statistiques. Sauf que l’arrivée de l’ex-Barcelonais pour le montant record de 222 millions d’euros change la donne.
Le Brésilien est venu pour faire grandir le PSG, mais aussi pour décrocher le Ballon d’Or, ce qui passe par un maximum de buts sous ses nouvelles couleurs.
Résultat, quand Kylian Mbappé a obtenu un penalty à la 78e minute, Neymar est venu réclamer le ballon dont s’était emparé Cavani.
L’Uruguayen a refusé, puis – peut-être un peu perturbé par l’épisode – a échoué. Une dispute qui ressemble à l’ordinaire d’un club de Ligue 1, mais qui prend bien sûr un relief tout particulier à l’échelle du PSG et son trio de vedettes Mbappé-Cavani-Neymar.
D’autant que Neymar avait déjà approché Cavani lors de deux précédents penalties, contre Saint-Etienne (3-0 fin août) et le Celtic mardi en Ligue des champions (5-0).
Querelle sud-américaine
Dimanche, une première querelle entre Sud-Américains avait eu lieu quelques minutes plus tôt. A la 57e, sur un coup franc obtenu par Paris, l’autre star brésilienne du club, Dani Alves, a empêché Cavani de tenter sa chance pour confier le ballon à son compatriote Neymar.
Il y a donc bel et bien une bataille d’ego qu’Unai Emery va vite devoir calmer. En conférence de presse, l’entraîneur parisien est resté prudent, sans véritablement éclaircir les choses. « Il faut un +gentlemen’s agreement+ sur le terrain pour frapper les penalties. Après, on va s’arranger en interne pour les penalties qui arrivent, parce que je crois que les deux sont capables de les tirer, et je veux que les deux alternent pour frapper les penalties ».
« Entre attaquants, c’est normal », a aussi relativisé Adrien Rabiot, qui a laissé entendre que les consignes d’origine étaient de laisser les penalties à Cavani. « Après ce sont des hommes, c’est à eux de s’arranger. Ils peuvent aussi alterner, je pense que ce serait pas mal, mais c’est à eux de s’arranger », a-t-il conclu.
Quant à Presnel Kimpembe, il a contourné le problème par une petite pirouette : « celui qui tire, il tire ».
« Je trouve ça scandaleux »
L’ancien international français Christophe Dugarry a condamné le comportement de Neymar. « Je trouve ça scandaleux. Neymar sera le patron du Paris Saint-Germain, quand déjà, dans un premier temps, il lui aura fait gagner le championnat, la Ligue des champions et tout le reste. Ce qu’il a fait avant, sincèrement, je n’en ai rien à faire moi. Il était plutôt bien dans sa communication depuis son arrivée, par son attitude, à être toujours souriant, toujours sympa, toujours respectueux. Il ne nous a pas fait une Ibrahimovic, à vouloir claquer plus fort que tout le monde. Là, je trouve ça nul », a réagi le consultant RMC Sport.
« Guerre civile »
L’affaire a fait le tour du monde et en Espagne, la dispute entre Neymar et Cavani, a été commentée par la presse. Pour décrire la situation, le quotidien As, basé à Madrid, parle de « guerre civile » et ajoute que « ça va mal finir. » De son côté, le quotidien Sport affirme que « Cavani et Neymar ont mis le feu aux poudres du PSG », et Mundo Deportivo parle de « grosse embrouille » entre les deux hommes, résume le site butfootballclub.fr
Dans l’ombre
Cavani, arrivé en 2013, a pour lui l’antériorité au club et ses statistiques ébouriffantes la saison dernière : 49 buts toutes compétitions confondues en cinquante matches.
Avec l’été spectaculaire du PSG sur le marché des transferts, l’Uruguayen s’est pourtant retrouvé dans l’ombre. Il y a eu les 222 millions d’euros pour Neymar, les 180 M EUR (bonus compris) pour Mbappé, sous la forme d’un prêt d’un an avec option d’achat, bien loin des 64 millions dépensés pour transférer Cavani de Naples à Paris.
L’arrivée de nouvelles stars au PSG réveille des souvenirs pas très heureux pour l’avant-centre, ceux de l’époque Zlatan Ibrahimovic, quand il se retrouvait obligé de jouer sur le côté, au service du géant suédois.
Après le départ de Zlatan, Cavani avait immédiatement récupéré le poste d’attaquant de pointe et définitivement balayé les critiques sur ses maladresses techniques en empilant les buts.
Maintenant que Neymar est là, les petites rancœurs et les reproches insidieux affleurent, au risque de fragiliser un clinquant acronyme : MCN pour la triplette offensive parisienne Mbappé-Cavani-Neymar.