Dimanche 25 février, du haut des tribunes présidentielles du Parc des Princes, le regard pétri d’inquiétudes de Nasser Al-Khelaïfi fixant la grimace de Neymar, victime d’une fissure osseuse lors du Classique PSG-OM (3-0), en disait long sur l’espoir qu’il misait sur sa star pour renverser la vapeur face au Real Madrid, ce mardi 6 mars, en huitième de finale retour de Ligue des Champions (défaite 3-1 à l’aller).
Pour les Parisiens, il faudra croire à l’exploit sans leur prodige brésilien, absent pour au moins six semaines, selon les informations communiquées par le club de la capitale et la fédération brésilienne.
Certes, Neymar reste Neymar et au Paris Saint-Germain, ses géniaux coups d’éclat n’ont d’égal que les 222 millions d’euros de son transfert. Mais le président parisien et son clan peuvent toutefois se rattacher à d’autres espoirs, incarnés en premier lieu par Angel Di Maria. En espérant tout de même que Kylian Mbappé, qui serait en délicatesse avec sa cheville droite selon Téléfoot, pourra tenir sa place.
Dans la forme de sa vie
Treize buts toutes compétitions confondues depuis la reprise du championnat en janvier. Les statistiques prouvent à elles seules la métamorphose de l’Argentin, dont des départs vers Barcelone ou la Chine étaient encore évoqués à l’aube du dernier mercato d’hiver.
L’attaquant de 30 ans est dans une forme incroyable et se montre presque à chaque fois décisif depuis que son entraîneur Unai Emery lui accorde beaucoup plus de temps de jeu.
Buteur samedi dernier face à Troyes (2-0), en championnat, l’ancien Madrilène s’offrait un doublé deux jours avant face au rival marseillais, mais cette fois-ci en Coupe de France (3-0).
Une forme qui nourrit quelques angoisses du côté de Madrid, à en croire Frédéric Hermel, correspondant en Espagne pour le journal L’Équipe : « La quasi-certitude de retrouver Angel Di Maria à la place de Neymar n’enchante pas du tout Madrid. L’Argentin a quitté le Real en très mauvais termes. Et le club merengue a souvent eu des problèmes avec ses ex. La presse madrilène ne se réjouit pas de l’absence de Neymar mais rappelle que l’équipe parisienne sera peut-être plus collective et ordonnée sans le Brésilien », affirme-t-il.
Déterminé à briller
Pérorer sur Neymar et dire que l’absence du Brésilien est un mal pour un bien serait excessif, voire se méprendre. Mais sans doute que les Parisiens pourraient gagner en fluidité dans leur jeu, s’évitant le risque de s’en remettre démesurément à leur N.10, qui s’est fait opérer chez lui, au Brésil, à Belo Horizonte, samedi dernier.
Une blessure qui profite donc à Angel Di Maria. L’ailier, qui devrait être aligné sur le flanc gauche de l’attaque mardi soir, a au moins deux raisons d’être déterminé à briller face au Real.
D’abord, pour donner tort à Unai Emery de l’avoir laissé sur le banc lors de la défaite du match aller (3-1). Jorgelina Cardosa, la femme du joueur, s’était d’ailleurs rebiffé contre le coach du PSG à la suite du revers concédé à Bernabeu, critiquant implicitement ses choix tactiques.
« Tes efforts + ton travail + tes buts + tes passes décisives + la forme de ta vie = banc. Mais ce sont les femmes qui ne comprennent rien au football… », écrivait-elle sur les réseaux sociaux.
L’international argentin, souvent boudeur lorsqu’il n’est pas titulaire, tiendra également l’occasion de jouer un mauvais coup à son ancien club, qu’il a quitté en 2014 sur une fausse note, comme l’a rappelé justement le journaliste de L’Équipe.
À l’époque, le Real, qui venait de conquérir sa decima (dixième ligue des champions), avait refusé de céder à la demande d’augmentation de salaire de l’Argentin et l’avait vendu à Manchester United pour environ 75 millions d’euros.
« Ma relation avec le Real est terminée, car mon cycle là-bas s’est achevé depuis longtemps. Franchement, ça ne me poserait aucun problème de jouer pour le Barça, au contraire », confiait-il à So Foot en février dernier, tandis que la presse espagnole révélait à l’époque que les relations entre Florentino Pérez, le président des Merengue, et l’Argentin, n’ont jamais été bonnes.
« Je n’ai pas une grande relation avec lui, pas même lorsque le Real m’a recruté. Je suis parti comme je suis parti », confiait en 2015 celui que l’on surnomme El Fideo (le Spaghetti) au quotidien sportif espagnol Marca.
Le doublé, tarif habituel pour Cristiano Ronaldo
Si la forme d’Angel Di Maria est un atout certain pour le Paris Saint-Germain, elle reste cependant à contrebalancer devant l’exceptionnel retour en puissance de Cristiano Ronaldo.
Le quintuple Ballon d’or n’avait pas surnagé au cours de la première partie de saison très mitigée qu’ont livrée les hommes de Zinédine Zidane. La star portugaise comptabilisait quatre petits buts après dix-huit journées de championnat, le Real Madrid pointant à une triste 4e place. Mais le Real Madrid a entamé la seconde partie du championnat en révélant un visage bien plus conquérant et CR7 s’est mis plus qu’au diapason.
C’est simple. C. Ronaldo a inscrit douze buts en Liga depuis janvier, dont notamment quatre doublés et un triplé. Le Madrilène est d’une précision clinique, froide, chirurgicale et presque robotique pourrait-on dire.
Samedi dernier, face à Getafe (3-1), il en est allé de son doublé, dépassant les 300 buts en Liga. Il inscrivait déjà deux buts contre Alavés (4-0), le 24 février. Mais ces modestes équipes espagnoles ne sont pas les seules victimes du Portugais.
Valence l’a été fin janvier (4-1) et les Parisiens, durant ce huitième de finale aller de Ligue des champions, ont eux aussi subi l’effroyable efficacité de Ronaldo qui trouvait le chemin du but à deux reprises, encore une fois.
Peut-être que le Real est dépendant de sa star. Mais seuls d’irréductibles insatisfaits y verront là matière à débattre. D’autant que Paris, lors du premier round, n’est pas parvenu à cadenasser le Portugais, mission hautement compliquée.
Reste à savoir si Angel Di Maria saura être aussi décisif que Cristiano Ronaldo dans ce qui ressemblera à un match dans le match.
En attendant ce nouveau choc des titans – auquel pourrait participer Luka Modric et Toni Kroos, de retour de blessure –, Hentero Enrique, le directeur sportif du Paris Saint-Germain, a joué son rôle en mettant du poids sur les épaules du corps arbitral qui officiera la rencontre. « On veut un arbitrage d’un niveau exceptionnel face au Real Madrid », a-t-il prévenu dimanche dans les colonnes de L’Équipe.
Tandis que l’Italien Gianluca Rocchi n’a pas laissé un souvenir impérissable aux Parisiens lors du premier acte, ce sera Felix Brych qui sera au sifflet mardi soir, au Parc des Princes. L’Allemand avait arbitré la dernière finale de la C1, entre le Real Madrid et la Juventus Turin (4-1). Histoire de s’assurer aucune dissonance dans une rencontre entre ténors.