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Quand la France découvre le véritable visage de Mohammed VI

Les relations entre le Maroc et la France traversent une période de turbulences, principalement à l’occasion de deux obsessions du roi Mohammed VI : le Sahara occidental et l’Algérie.

En août 2022, Mohammed VI avait mis en garde que la relation de son pays avec le reste du monde sera en fonction de la position qu’adoptera chaque pays vis-à-vis de la question du Sahara occidental.

Tout le monde avait compris le message du roi, sans toutefois imaginer un seul instant qu’il ira jusqu’à mettre en péril la vie de ses sujets pour satisfaire cette obsession.

C’est pourtant ce qu’il vient de faire en sélectionnant les aides pour les victimes du séisme qui a frappé son pays, il y a dix jours, en fonction de la position sur le dossier du Sahara des pays qui la proposent.

Le monde s’en trouve choqué, car dans le même temps, médias et réseaux sociaux décrivent une situation humanitaire désastreuse dans les zones sinistrées.

Plus de dix jours après le séisme qui a dévasté la région du Haut Atlas, des cadavres attendent d’être enterrés, selon des échos qui parviennent de la province de Lahouaz.

Les autorités marocaines ont mis en avant le souci de « coordination » pour justifier leur décision de n’accepter l’aide que de quatre pays (le Qatar, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Émirats arabes unis).

Parmi les refus les plus commentés, ceux signifiés à l’offre d’aide de l’Algérie et de la France. L’Algérie n’entretient plus de relations diplomatiques avec le Maroc depuis août 2021.

Quant à la relation franco-marocaine, elle traverse certes un épisode de froid, mais beaucoup en France continuent à considérer le royaume comme un allié historique et n’ont pas cessé, ces derniers mois, de faire pression sur le président Emmanuel Macron pour rétablir les ponts avec Rabat.

Ces amis français du Maroc, des personnages de la droite comme l’ancien président Nicolas Sarkozy et de l’extrême-droite, sont les premiers à être déboussolés par le refus du roi à accepter l’aide française.

On dit Mohammed VI fâché contre Emmanuel Macron qui lui aurait « manqué de respect » (selon l’écrivain proche du palais royal, Tahar Ben Jelloun), à cause de l’affaire de l’espionnage de son téléphone par les services marocains via le logiciel israélien Pegasus.

Mais ce n’est là qu’un élément qui a compliqué davantage une relation qui s’est mise à se dégrader depuis que la France a refusé d’emboîter le pas à l’Espagne qui, en mars 2022, a mis fin à sa neutralité historique sur le dossier du Sahara occidental et a apporté son soutien au plan d’autonomie marocain.

France – Maroc : Macron ne cède pas aux caprices de Mohammed VI

L’Espagne elle-même avait eu à subir le chantage du Makhzen pendant de longs mois avant de céder de manière spectaculaire en mars 2022.

En faisant fléchir Madrid, la cible suivante était la France. Paris compte parmi les soutiens traditionnels de Rabat sur la question du Sahara occidental, mais le Palais royal, « enhardi » depuis la normalisation avec Israël et la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du royaume sur les territoires sahraouis, veut désormais plus.

Il exige de la France de s’aligner à la fois sur la position de l’Espagne et sur celle des États-Unis et d’Israël. À travers cette exigence, le régime marocain cherche à faire un coup double : engranger un soutien de poids à son projet colonialiste au Sahara et saborder inévitablement les relations entre la France et l’Algérie et le rapprochement qu’Emmanuel Macron a entrepris résolument avec Alger et qui n’est pas vu d’un bon œil du côté de Rabat.

Car lorsque le roi Mohammed VI exigeait de ses partenaires, dans son discours à l’occasion de la fête dite de « la révolution du roi et du peuple » en août 2022, des positions « sans aucune équivoque » et a indiqué que « le dossier du Sahara occidental est le prisme à travers lequel le Makhzen considère son environnement international », il avait omis de leur préciser que leur fidélité sera aussi estimée à l’aune de leurs relations avec l’Algérie. C’est l’autre obsession du roi.

Néanmoins, à ce chantage qui dure encore, le président français Emmanuel Macron résiste et ne cède pas non plus aux voix internes qui font du lobbying à peine voilé en faveur du Maroc.

Parmi ces voix, figure l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy qui, juste avant le séisme du 8 septembre, avait lancé une campagne en faveur d’une meilleure relation avec le Maroc.

Et alors que le président Macron tient bon, le Roi Mohammed VI ne tempère pas ses ardeurs et s’enhardit même davantage. Il pousse peut-être le bouchon trop loin. Même les soutiens du Maroc en France sont gênés par l’attitude étrange de Mohammed VI.

Après avoir décliné l’aide de la France et ignoré le beau message de sympathie du président français au peuple marocain, il a chargé son agence de presse officielle d’apporter un démenti qui frise l’humiliation à la ministre française des Affaires étrangères qui avait annoncé qu’Emmanuel Macron était invité à effectuer une visite d’État au Maroc. Plus que jamais, le roi est en train de jouer à quitte ou double avec Paris.

Au passage, la France découvre le vrai visage de Mohammed VI qui est capable de refuser l’aide française et de laisser ses sujets mourir sous les décombres. Mais lui, le souverain ne se gêne pas d’aller séjourner et se faire soigner en France.

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