Djamel Belmadi est sans doute l’un des hommes les plus populaires en Algérie en ce moment. Jamais un sélectionneur de l’équipe nationale de football n’aura autant fait l’unanimité autour de lui.
Sous sa conduite, les Verts sont passés du statut d’équipe quelconque à un groupe redouté et respecté en Afrique et même au-delà. En trois ans à la tête de l’équipe, il a gagné une CAN et est sur la bonne voie pour la qualification à la Coupe du monde 2022.
Djamel Belmadi a perdu un seul match avec l’EN, qui en est à 32 matchs sans défaite, visant le record absolu mondial qui est de 37 matchs, détenu par l’Italie.
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En plus de ce palmarès impressionnant, le coach national est aussi adulé pour sa forte personnalité et son franc-parler par le public qui le surnomme le « ministre du bonheur » et c’est tout logiquement que les politiques tentent de surfer sur la vague de sympathie autour du sélectionneur à succès.
« La liste du bonheur »
Dans une parodie de la campagne électorale pour les élections locales prévues le 27 novembre, la « liste du bonheur » fait le buzz sur les réseaux sociaux, avec Djamel Belmadi comme tête de liste et les joueurs de l’EN comme candidats.
Vendredi au Caire, le coach a rabroué une équipe de l’ENTV devant les caméras. « N’touma Hagarine, vous êtes injustes », leur a-t-il dit. Deux jours après, le parti du Front de libération nationale (PFLN), premier parti en termes de représentation dans les assemblées élues, a surpris tout le monde en publiant un communiqué au vitriol pour dénoncer la même télévision publique.
Le parti se plaint de la « censure » de deux meetings de son Secrétaire général suite à un incident entre un journaliste de ce média et le staff de campagne de l’ex-parti unique. Si Belmadi a tout résumé dans une courte phrase, le parti de Abou El Fadhl Baâdji a exprimé le même ressentiment dans un long texte.
Le FLN n’a pas l’habitude de critiquer publiquement la télévision nationale. S’il le fait avec cette véhémence au lendemain du coup de gueule du sélectionneur national, cela peut bien être une manière de surfer sur la vague en pleine campagne électorale. D’autant plus que le FLN n’est pas le seul parti à le faire.
« Un exemple de réussite pour la jeunesse algérienne »
Le même jour, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) fait les éloges du sélectionneur national. Inutile de préciser qu’il l’a fait en marge d’un meeting électoral pour les locales du 27 novembre.
« C’est un exemple de projet réussi, dans son message, sa personnalité, dans ses capacités d’organisation et de gestion, et dans sa capacité à bâtir l’équipe et à donner de la joie aux Algériens. C’est un très bon exemple pour la jeunesse algérienne », dit Abderrazak Makri.
A l’Assemblée populaire nationale (APN), où se déroulent les débats sur le projet de Loi de finances 2022, beaucoup d’intervenants ne manquent pas de faire référence à Djamel Belmadi et à son équipe comme exemple à suivre.
« Je salue l’excellent Djamel Belmadi que le public appelle le ministre du bonheur », s’écrie un député, du MSP également, avant d’entamer son intervention.
Même les plus hautes autorités du pays sont conscientes de l’importance de la présence de Belmadi à la tête de l’équipe nationale. Au printemps dernier, alors que des rumeurs faisaient état de la possibilité de le voir partir à cause des tentatives de l’impliquer dans la course à la présidence de la Fédération, il a été reçu en audience par le président de la République.
« Effectivement, je confirme avoir reçu M. Belmadi, une personne sympathique qui a fait un travail gigantesque, qui a remonté le moral de tout le peuple algérien et il mérite tout le bien (…) Le sélectionneur national a réalisé des résultats positifs avec l’équipe nationale et réalisera d’autres à l’avenir (…) beaucoup de pays nous envient pour cela », dira Abdelmadjid Tebboune quelques jours après avoir rencontré le coach national.
Belmadi lui-même n’est pas insensible à ce qui se passe dans la société, y compris sur le plan politique. En octobre 2019, alors que les marches du Hirak battaient leur plein, il s’était déclaré publiquement « à 1000% » pour la satisfaction des revendications des Algériens.
« Tant de monde qui descend, qui ont les revendications que nous connaissons. C’est évident de les prendre en considération. Il faut les prendre très au sérieux et aller au nœud du problème et faire en sorte que les choses évoluent et progressent. Je suis avec cela à 1000% », avait-il dit en conférence de presse.