C’est une scène hallucinante qui s’est déroulée samedi à l’hôpital de Bordj Bou Arreridj. Elle illustre les conditions de travail difficiles des médecins en Algérie, tiraillés entre le manque de moyens, le mécontentement des malades et de leurs proches et parfois la colère des responsables politiques.
La ville de Bordj-Bou-Arreridj a été endeuillée le 7 avril dernier par une explosion due à une fuite de gaz. L’explosion a détruit un immeuble dans le quartier du 5 juillet, causant la mort de dix personnes et faisant 16 blessés graves.
Le jeune Oussama Mebarkia a subi une fracture de sa jambe gauche. Il est admis en urgence à l’Etablissement public hospitalier (EPH) Lakhdar Bouzidi, à Bordj Bou Arreridj.
Après des examens (scanner, échographie), les médecins ont diagnostiqué une blessure, rapporte sur son compte Facebook l’EPH Lakhdar Bouzidi. La décision a été prise d’opérer le jeune Oussama par l’équipe médicale spécialisée dans la chirurgie infantile de l’hôpital.
Après la stabilisation de son état, le malade a été transféré au service de pédiatrie du même hôpital. Parallèlement, une prise en charge psychologique lui a été assurée. L’EPH assure que l’état de santé du garçon opéré ne nécessitait pas un transfert dans un autre hôpital, mais indique que suite au vœu du père du garçon et à la demande du wali de Bordj Bou Arreridj, il a été décidé de son transfert vers un CHU.
« Évacuez-le demain ! »
La wali de la wilaya de Bordj, Mohamed Benmalek, a rendu visite au garçon, le 23 avril au soir. Après s’être enquis de la situation du jeune Oussama, Mohamed Ben Malek a eu une discussion houleuse avec le personnel soignant et notamment le médecin qui a opéré le garçonnet.
« Il est où celui qui a réalisé l’intervention ? » demande-t-il sur un ton vif. La chirurgienne se présente. Aussitôt, le responsable la reprend : « C’est quoi le problème ? ». « C’est un enfant que j’ai opéré pour un traumatisme de la jambe », répond d’une voix tremblante le médecin.
« Il est bien ? », s’enquiert le wali toujours sur un ton vigoureux. « Bien ! », répond la chirurgienne. « Il dit qu’il souffre de douleurs et qu’on va lui refaire l’opération. Pourquoi ? », reprend le wali alors que le médecin tente de lui expliquer la situation.
« Transférez-le vers Oran ou Alger », ordonne le wali à l’équipe médicale. « Lorsque le ministre (de la santé) est venu, vous lui avez dit qu’il n’y avait aucun problème. Pourquoi comptez-vous lui refaire l’intervention ? », demande le wali.
Les médecins expliquent au responsable qu’il s’agit seulement de poser un fixateur externe sur la jambe du malade. « Évacuez-le à Alger à Ben Aknoun (hôpital de chirurgie d’orthopédie-traumatologie) demain matin. Si ça nécessite un hélicoptère, on est là », a instruit le wali.