Vladimir Poutine, qui doit être investi lundi président de la Russie pour un quatrième mandat, a gardé le mystère sur ses intentions concernant un éventuel remaniement de l’équipe qui l’entoure.
« Je vais réfléchir à ce que je vais faire et comment », a-t-il déclaré après sa victoire au scrutin présidentiel le 18 mars, expliquant que les éventuels remaniements interviendraient après son investiture.
De Dmitri Medvedev, le Premier ministre régulièrement donné partant mais toujours présent, à Sergueï Lavrov, l’indéfectible voix de Moscou dans la confrontation avec les Occidentaux, voici les fidèles à suivre en ce début de quatrième mandat.
Dmitri Medvedev, loyal Premier ministre
Propulsé à la tête de la Russie en 2008 par Poutine alors qu’il était quasi-inconnu du grand public, Dmitri Medvedev n’est jamais vraiment sorti de l’ombre de son « collègue et vieux camarade » comme il l’a appelé. Passées ses quatre années de mandat, il laisse Poutine revenir au Kremlin. Il redevient alors Premier ministre, selon un scénario préparé à l’avance.
A ce poste, Dmitri Medvedev occupe une place de plus en plus marginale, limitée aux questions techniques. En 2017, l’enquête anticorruption de l’opposant Alexeï Navalny sur son patrimoine supposé devient le déclencheur de manifestations d’une ampleur inattendue de l’opposition, qui avait pu voir en lui dans le passé le possible vecteur d’une inflexion libérale. Donné régulièrement partant par la presse, impopulaire et absent de la campagne, il n’a cependant jamais été désavoué par son mentor auquel il voue une loyauté inébranlable.
Sergueï Choïgou, l’homme des guerres de Poutine
La modernisation de l’armée russe, c’est lui. Le succès de l’intervention militaire russe en Syrie, c’est encore lui. Ministre de la Défense depuis 2012, Sergueï Choïgou est l’un des rares membres du cercle rapproché de Vladimir Poutine à ne pas faire partie de son « clan » de Saint-Pétersbourg.
Derrière son allure bonhomme, l’homme originaire de la république sibérienne de Touva cache un remarquable gestionnaire, qui a fait ses preuves au ministère des Situations d’urgence, dont il a été à la tête pendant presque 20 ans et qu’il a transformé radicalement.
Lui et Vladimir Poutine s’entendent très bien et s’affichent régulièrement côte à côte lors d’opérations de promotion, à la pêche au gros sur une rivière de Touva ou traquant le tigre en Extrême-Orient.
Sergueï Lavrov, la voix de Moscou
Diplomate respecté à l’international, sur le devant de la scène depuis sa nomination comme ministre des Affaires étrangères en 2004, Sergueï Lavrov a pu paraître fatigué au cours des dernières années, particulièrement agitées.
Mais l’intransigeant chef de la diplomatie russe est toujours là. Négociateur inflexible, il continue à 68 ans de porter inlassablement et avec fermeté les positions russes à travers le monde, s’exprimant presque quotidiennement sur les crises syriennes ou ukrainiennes ou les relations tendues avec les Occidentaux.
Igor Setchine, le visage du capitalisme d’Etat
C’est un fidèle parmi les fidèles. Très vieil ami de Vladimir Poutine, Igor Setchine s’est imposé à la tête du pétrolier public Rosneft, qu’il a transformé en géant mondial malgré des critiques parfois cinglantes sur sa gestion.
Devenu l’un des hommes les plus puissants de Russie, il semble intouchable. Et peut sans sourciller s’en prendre à des ministres, comme celui de l’Economie Alexeï Oulioukaïev, qui s’opposait au rachat par Rosneft du groupe pétrolier Bachneft.
Peu après, ce dernier a été arrêté au siège de Rosneft en flagrant délit d’extorsion de pot-de-vin. Malgré de nombreuses zones d’ombre entourant cette affaire rocambolesque, il a été condamné à huit ans de camp au cours d’un procès quasiment snobé par Igor Setchine.
Elvira Nabioullina, l’économiste orthodoxe
Economiste reconnue, Elvira Nabioullina a été nommée à la surprise générale à la tête de la banque centrale de Russie en 2013. Si sa nomination avait pu susciter des craintes quant à l’indépendance de l’institution, eu égard à sa proximité avec le Kremlin, elles ont été dissipées.
Les milieux financiers ont applaudi sa gestion de la grave crise monétaire qui a frappé le pays en 2014. Sous Mme Nabioullina, la banque centrale, en maintenant des taux élevés et en fermant des dizaines de banques aux pratiques douteuses, a appliqué des méthodes parfois radicales et impopulaires parmi la population, mais qui ont évité un naufrage économique à la Russie.
Alexeï Koudrine, l’éminence grise
Un pied dedans, un pied dehors. Ministre des Finances de 2000 à 2011, quand il a été limogé par Dmitri Medvedev, Alexeï Koudrine n’est jamais resté très loin du jeu politique russe. Ce libéral, gestionnaire rigoureux apprécié à l’étranger, profite de son indépendance pour donner régulièrement, dans les médias, des leçons de gestion économique au pouvoir.
Son retour au gouvernement est un serpent de mer, régulièrement évoqué par ceux qui veulent encore croire en une Russie pas totalement coupée des Occidentaux. Nommé conseiller du président Poutine pour la campagne électorale, il a récemment donné une interview au quotidien économique Vedomosti expliquant ce qu’il ferait s’il était Premier ministre.
Un retour toutefois improbable, tant il signifierait un rapprochement avec les Occidentaux, et qui poserait la question d’une cohabitation avec son ennemi juré Dmitri Medvedev.