Politique

Que cache l’absence de Moad Bouchareb à la prestation de serment de Belaïz ?

Le nouveau président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaïz a prêté serment jeudi 21 février devant le président Abdelaziz Bouteflika, dans une cérémonie où l’absence d’un haut représentant de l’Etat a soulevé nombre d’interrogations.

La cérémonie de prestation de serment s’est en effet déroulée en présence du président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah, du Premier ministre Ahmed Ouyahia, du ministre de la Justice Garde des Sceaux, Tayeb Louh, et du président de la Cour suprême, Slimane Boudi. Quatre institutions ont été représentées : la présidence de la République, le Sénat, le gouvernement et la Justice.

Le président de l’APN, Moad Bouchareb, était quant à lui étrangement absent. Il est pourtant l’un des personnages les plus importants de l’Etat aux côtés du président du Sénat, et occupe le rôle du premier représentant du pouvoir législatif. La présence du président de l’APN à la cérémonie de prestation de serment du président du Conseil constitutionnel devrait ainsi être une nécessité.

De mémoire récente, il s’agit de la première fois qu’un président de l’APN est absent d’un tel événement protocolaire. Pas plus tard qu’en octobre 2016, lors de la prestation de serment devant le président Bouteflika du défunt Mourad Medelci et des membres du Conseil constitutionnel à la suite de la révision de la Constitution de 2016, le président de l’APN de l’époque Mohamed Larbi Ould Khelifa était bien présent à la cérémonie.

M. Ould Khelifa était aux côtés du président du Conseil de la nation Abdelkader Bensalah, du Premier ministre Abdelmalek Sellal, le ministre d’Etat, du directeur de Cabinet à la présidence Ahmed Ouyahia, du conseiller spécial du président Tayeb Belaïz, du ministre de la Justice Tayeb Louh, du président de la Cour suprême Slimane Boudi et de la présidente du Conseil d’Etat, Soumia Abdessedouk.

Contrairement à Ould Khalifa qui avait été élu président de l’APN et exercé ses fonctions relativement sereinement, Moad Bouchareb a accédé au poste dans des circonstances pour le moins houleuses. Son élection en octobre 2018 s’est déroulée à la conclusion de plusieurs semaines d’une crise inédite au sein de l’assemblée après que le président de l’APN Saïd Bouhadja ait refusé de démissionner.

L’absence de modalités constitutionnelles permettant la destitution du président de l’APN avait mené les partis de la majorité à orchestrer le départ de Bouhadja en « constatant » une « vacance » de la présidence après avoir empêché ce dernier d’accéder physiquement à son bureau dans l’hémicycle. Une situation surréaliste ayant mené à de nombreuses critiques et dénonciations, qualifiant l’acte « d’illégal et inconstitutionnel », et la présidence de Moad Bouchareb d’illégitime.

En refusant l’accès de Moad Bouchareb dans une cérémonie aussi symbolique, le président Bouteflika voulait-il signifier l’illégitimité la présidence de Bouchareb à l’APN ? Si la réponse est affirmative, la logique voudrait qu’en cas de réélection pour un cinquième mandat, le président Bouteflika prendrait comme l’une des principales premières décisions la dissolution de l’assemblée afin de placer un nouveau président de l’Assemblée moins marqué par la souillure de l’illégitimité. Une dissolution de l’APN aurait d’autant plus de sens dans un contexte où le pouvoir envisage de faire table rase avec son concept de « conférence nationale du consensus ».

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Prévisualiser la vidéo YouTube 🔴Présidence:Tayeb Belaiz prête serment devant le Président Abdelaziz Bouteflika

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