En Arabie saoudite, la localité d’Al-Awamia, située dans l’extrême est du royaume, est le théâtre d’affrontements armés entre les services de sécurité et des activistes armés depuis le mois de mai.
Sur les réseaux sociaux, des photos et des vidéos sont régulièrement diffusées pour dénoncer une répression sanglante que mèneraient les forces saoudiennes contre les habitants de cette localité de la région de Qatif.
Tout a commencé en décembre 2016 lorsque les autorités saoudiennes ont dévoilé un projet prévoyant la démolition du quartier d’Al-Massoura. Selon la version officielle saoudienne, cette initiative fait partie « des projets de la commune de Qatif » dans le but de « moderniser le quartier ». Outre la construction d’un nouveau projet urbanistique, les pouvoirs publics saoudiens ont justifié la démolition de ce quartier par sa vétusté et l’insécurité qui y régnait.
Le quartier « compte un certain nombre de vieilles maisons chevauchées qui se situent dans une rue dont la largeur ne dépasse pas un mètre et demi », a écrit Sky News Arabia, une chaîne émirati. « Cette situation présente un danger pour les habitants du quartiers », a ajouté le même média.
Mais dans cette région, à majorité chiite, réputée être un bastion opposant au règne de la famille Al Saoud, ce projet est vu du mauvais œil. Selon France24, Al-Massoura est le fief d’activistes chiites. Plusieurs d’entre eux, sous le coup de mandats d’arrêt, s’y cacheraient.
Le 11 mai 2017, des engins de démolition escortés par des blindés de la police saoudienne ont fait irruption dans le quartier. S’ensuivent alors des affrontements entre les parties. D’après le ministère saoudien de l’Intérieur, les ouvriers chargés de raser le quartier ont « subi des tirs nourris ». De leur côté, les habitants ont accusé la police de procéder à « des tirs aléatoires ». L’on parle même d’un siège de la ville.
Pour l’heure, il est difficile d’établir un bilan. Hormis la presse saoudienne ou certains sites de la mouvance chiite, les médias n’ont que très peu évoqué le sujet. Pareil, les réactions officielles internationales tardent à venir.
Samedi dernier, le Canada a exprimé sa “vive préoccupation” concernant la possible utilisation par l’Arabie saoudite de véhicules blindés légers de fabrication canadienne dans des opérations de répression dans l’est du pays.
Pour Ottawa, s’il « s’avère que des exportations canadiennes ont été utilisées pour commettre de graves violations des droits de l’Homme », le ministère des affaires étrangères « prendra des mesures ».