Le père qui dépose son fils à l’école, la famille qui parcourt les routes en vacances, la cadre supérieure qui lit le journal sur le chemin du bureau… Et personne au volant.
Au salon de l’automobile de Los Angeles (AutoMobility LA), la voiture autonome est une réalité même s’il reste une litanie de problèmes techniques et surtout juridiques à résoudre avant son arrivée en masse sur les routes.
Mais pour les amoureux de la conduite, qui ne voient pas la voiture comme une perte de temps entre un point A et un point B mais vibrent au passage des vitesses et au grondement du moteur, que va-t-il rester à l’ère où les logiciels dirigeront les véhicules?
Quid des émotions, des sensations ? Pour l’ex-pilote de course J.R. Hildebrand, “il y a un côté physique dans la conduite”.
“Ce contrôle sur la machine, je crains qu’il disparaisse, et une fois qu’on ne l’aura plus (…), ça nous manquera”, a-t-il prédit lors d’une table ronde mardi pendant les journées presse du salon qui ouvre ses portes au grand public vendredi.
Alex Roy, pilote de rallye et rédacteur en chef d’une revue spécialisée, s’attend à ce que la conduite avec pilote “survive pendant encore très longtemps” car “la nature humaine est plus puissante que l’économie et les gens sont irrationnels”.
Pour lui, avoir son permis de conduire reste notamment un rite de passage de l’âge moderne.
Mercredi, les amoureux des belles cylindrées étaient dans leur élément au salon de l’auto californien: la plupart des constructeurs présentaient leur derniers modèles en date, tous encore équipés d’un volant et de pédales d’accélération et frein.
– Impossible à freiner –
La marque de voitures de luxe Porsche a même inclus une pédale d’embrayage sur sa Carrera 911 ou sur la GT3, disponibles avec une transmission manuelle, tandis que Mercedes dévoilait un prototype AMG Project 1, inspiré des voitures de Formule 1.
Mais les progrès de la voiture autonome semblent impossibles à freiner.
Volvo, Ford, BMW mais aussi Apple, Google, Uber ou Tesla: seuls ou via des partenariats, presque tous les grands noms de l’automobile et de la technologie sont lancés dans une course pour mettre le premier modèle sans pilote sur le marché. La plupart des gros constructeurs promettent de premières productions en série dès 2020/2021.
Dans plusieurs villes américaines, certains prototypes sont déjà à l’essai sur de vraies routes. Google a annoncé un test grandeur nature dans les rues de Phoenix en Arizona, dans le sud-ouest des Etats-Unis.
La start-up française Navya a présenté un robot-taxi qui doit commencer à sillonner les rues de Paris et Lyon en 2018, et au Royaume-Uni, les véhicules disposant d’une autonomie de niveau 4 (soit quasi-totale) devraient entrer sur le marché en 2021.
Pour l’instant, les prototypes sont loin de ressembler à des bijoux de design. Waymo teste ainsi une fourgonnette autopilote avec des radars et caméras sur le toit à la silhouette peu aérodynamique mais qui affiche 6,4 millions de kilomètres au compteur.
“Nous mettons au point le conducteur le plus sûr” qui existe, promet le directeur général John Krafcik.
Tom Gebhardt, patron de Panasonic pour l’Amérique du nord, s’attend à ce qu’en 2030 15% de la flotte de véhicules en circulation soit autonome.
Les véhicules classiques sont déjà “intelligents” avec souvent des fonctions d’aide à la conduite, des capteurs et détecteurs qui permettent un freinage d’urgence, voire des manoeuvres automatiques pour se garer, mais le taux de mortalité à cause d’accidents de la route aux Etats-Unis est remonté à son plus haut niveau depuis 1964, d’après des chiffres présentés au salon AutoMobility LA.
Tina Quigley, gérante de la commission de transport de l’Etat du Nevada (sud-ouest) rêve d’une flotte de véhicules automatiques à Las Vegas, la capitale du jeu, où l’alcool coule parfois un peu trop à flot.
“Si 10% de nos véhicules étaient autonomes nous pourrions réduire les morts par dizaines de milliers, même avec une technologie imparfaite”, estime-t-elle, interrogée par l’AFP. Plus de 90% des accidents sont dus à une erreur humaine.
Les voitures autonomes doivent encore toutefois faire leurs preuves, notamment après un accident remarqué l’an dernier où une berline Model S de Tesla équipée du logiciel d’aide à la conduite avancée Autopilot est entrée en collision avec un camion, tuant son passager.