Société

Quel est le mouton qui donne la meilleure viande ?

Quelles sont les races de moutons qui donnent les meilleures viandes au monde ? La viande ovine algérienne est-elle de bonne qualité ?

Pour répondre à ces questions, TSA a sollicité plusieurs vétérinaires. « La notion de meilleure viande ovine est subjective. La meilleure race dépend de plusieurs critères liés à la préférence des consommateurs. Du point de vue nutritif, la viande algérienne qui a le taux le plus faible en mauvais cholestérol (appelé scientifiquement LDL) est issue des ovins de la race algérienne Barbarine », répond le Docteur vétérinaire Mechat, spécialiste de l’élevage des petits ruminants, actuellement à la retraite.

La race Barbarine est originaire d’Oued Souf dans le sud-est de l’Algérie. Elle est également fortement présente en Tunisie.

« Á l’échelle mondiale, certaines races de mouton ont une teneur en cholestérol plus faible que d’autres. Les races suisses (Ti et ODj) ont un taux de mauvais cholestérol (LDL) plus faible dans leur viande », explique de son côté le Dr Cherifi, vétérinaire algérien exerçant dans la région de Zurich en Suisse.

À l’échelle mondiale, le mouton de race Ladoum, originaire du Sénégal, est considéré comme l’un des plus chers au monde. Avec un poids pouvant atteindre jusqu’à 175 kg, cette race ovine est le fruit d’un croisement d’un touabire mauritanien et d’un bali-bali malien. Le prix des moutons de race Ladoum atteint jusqu’à 75.000 euros.

Les vétérinaires sont unanimes à dire que la viande de mouton est en général riche en acides gras saturés et en mauvais cholestérol (LDL), ce qui nécessite de limiter sa consommation.

Le cheptel ovin algérien compte une diversité de races à l’image d’Ouled Djellal, la Berbère, la Rembi, la Barbarine ou encore la D’man.

« Cette dernière se distingue par sa viande faible en mauvais cholestérol, avec une cholestérolémie LDL inférieure à d’autres races ovines. Des études ont montré que la teneur en cholestérol des races ovines D’man et Ouled Djellal est relativement basse. La race ovine D’man offre une viande relativement faible en cholestérol, ce qui en fait une option intéressante », poursuit le Docteur Mechat.

Les « moutons Bio » de la steppe algérienne

En Algérie, l’élevage agropastoral est largement prédominant. La steppe algérienne s’étend sur 20 millions d’hectares, et abrite un cheptel d’environ 20 millions de têtes ovines et caprines.

Le système d’élevage est basé sur le pâturage où les ovins et les caprins ont une croissance plus lente. Les animaux ont beaucoup plus d’espaces de pâturage que dans une bergerie.

Ils ont ainsi moins de stress et moins de traitements en médicaments à l’image des antibiotiques. Dans les vastes régions steppiques à Naâma, Tiaret ou à Laghouat, les moutons sont réellement élevés « Bio » même si officiellement ils ne sont pas reconnus comme tel, faute de label. Ils vivent au rythme des saisons.

Les éleveurs n’utilisent pas d’hormones et ne manipulent pas la luminosité pour synchroniser leurs périodes de reproductions. Un des avantages des parcours steppiques de pâturages est la qualité de leur viande qui contient moins de gras saturé et de mauvais cholestérol.

« La viande d’ovins élevés au pâturage contient de meilleurs éléments nutritifs. Contrairement aux bienfaisants oméga-3, ce sont les oméga-6, reconnus pour boucher les artères et contribuer à l’apparition de maladies cardio-vasculaires qui sont présentes dans la viande d’élevage d’agneaux aux grains », explique le Dr Mechat.

L’herbe contribue ainsi à améliorer les qualités nutritionnelles de la viande et ses qualités gustatives. « Le pâturage diversifié de la steppe donne une teneur plus élevée en oméga 3 », poursuit ce vétérinaire.

En 2022, le chercheur Rabah Hocine Fadlallah de l’université Ibn Khaldoun de Tiaret a mené une étude sur l’impact des végétations steppiques sur la qualité de la viande ovine dans la région de Tiaret.

« Les analyses biochimiques ont montré que la teneur en matière grasse de la viande issue d’ovins alimentés au concentré (3,64 %), est plus élevée que celle des animaux nourris à l’herbe (3,07 %) », a résumé ce chercheur.

« Les rapports observés chez les ovins issus des deux régimes à Tiaret, Chehaima, Aïn Deheb et Naâma, étaient conformes aux recommandations des nutritionnistes. Les ovins qui pâturent dans les parcours steppiques et donc issus d’élevage biologique sont caractérisés par un profil nutritionnel de bonne qualité », a-t-il attesté.

« Certains races algériennes sont en régression »

De plus en plus de spécialistes soulignent la nécessité de préserver le patrimoine ovin. Dans une récente contribution publiée sur le site de l’université de Constantine, le docteur vétérinaire Salim Kebbab émet un constat inquiétant.

« Certaines races algériennes sont en régression. C’est le cas de la plus ancienne race ovine algérienne, qui se répandait le long de l’Atlas tellien, en l’occurrence la Berbère », a alerté ce docteur vétérinaire. « Le cheptel de race Hamra, (Beni Ighil), est de plus en plus rare à travers la steppe de l’ouest algérien. La Barbarine est aussi menacée d’extinction », a-t-il averti.

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