Ascension fulgurante puis chute fracassante. La vie d’Alexandre Benalla, l’homme à l’origine de ce qui ressemble à un “Watergate” français qui a ébranlé la “Macaronie”, est digne d’être portée au cinéma. Après avoir, enfant, usé ses pantalons dans une sombre localité rurale française, ce Marocain d’origine a forcé le destin en devenant, à 26 ans à peine, l’ombre protectrice d’un président français avant de manger la poussière suite à son incroyable frasque, le tabassage, un 1er mai, d’un manifestant avec en prime l’usurpation de la fonction de policier.
Un vrai conte de fée qui a mal tourné. Depuis mercredi, les médias français passent au crible et dans moindres détails la vie du “Rombo” français pour en percer le mystère.
Né en 1991, ce Français d’origine marocaine a passé le clair de son enfance et de son adolescence à Évrexu, en Normandie, aux portes de la banlieue parisienne. Très ambitieux, il n’a pas hésité à franciser son prénom, selon Le Parisien, dans le but certainement de mieux percer dans un pays comme la France où il n’est pas toujours bon de porter un patronyme arabe.
Enfant, il était plutôt malingre et personne n’aurait prédit qu’il deviendrait ce massif malabare qui en impose à plus d’un. « Il était plutôt fluet et mince. Presque trop discret. Mais à la réflexion, il se rêvait toujours en garde du corps. Il était fasciné par le film Bodyguard avec Kevin Costner et Whitney Houston. Et pour s’entraîner, il levait de la fonte comme un damné », a témoigné, dans les colonnes du Parisien, l’ancien régisseur d’une salle de sport à Évreux qu’Alexandre Benalla fréquentait assidûment.
Sa carrure d’acier, il la peaufinera en pratiquant, durant ses années de lycée, le Rugby, sport des plus rugueux. « C’était surtout pour s’imposer aux autres et auprès des filles. Il rêvait d’être indispensable aux stars », s’est souvenu un camarade de jeu, toujours dans Le Parisien. En réalité, l’ambition de jeune Benalla est plus grande. Issu d’une famille qui militait dans le Parti socialiste, Alexandre Benalla qui a rejoint à 19 ans le Mouvement des jeunes socialistes, rêvait à l’époque déjà de s’introduire dans le milieu de la politique.
Aussi, il n’a pas hésité à suivre une formation accélérée au sein de la gendarmerie où il deviendra gendarme adjoint de réserve militaire du rang avant d’arracher le grade de brigadier-chef. « Sans lui faire injure, il était lourdaud mais côté physique il en imposait. Même trop. C’était le robocop de l’équipe. Il fallait parfois le retenir », se rappelle un réserviste qui a fait sa préparation militaire gendarmerie (PMG) avec Benalla.
« Il ne cachait rien de ses ambitions. Il voulait briller. Il était attiré par le milieu politique, car il savait qu’il pouvait en tirer profit. Moi au bout de 8 ans, je suis toujours simple gendarme… », enfonce le clou un gendarme ayant côtoyé Alexandre Benalla et qui n’a pas hésité à qualifier d’« immorale » la promotion en 2017, de son ancien condisciple, « au grade de lieutenant-colonel » sur proposition de l’Elysée !
« Une hérésie », lance, toujours dans Le Parisien, un patron de groupement de gendarmerie qui explique : « Nous, on passe les concours de Saint-Cyr, d’autres l’École militaire inter-armes, ou de Polytechnique ! Au mieux, on peut être colonel à 40 ans à quelques exceptions si on a réussi encore le concours de l’École de guerre. C’est plutôt vers 43/44 ans pour la plupart ».
Ainsi, l’ascension fulgurante de celui qui est en charge de la protection très rapprochée d’Emmanuel Macron et les privilèges dont il est couvert depuis qu’il a mis un pied à l’Elysée (un salaire mirobolant, un véhicule de service, un appartement,…) fait grincer bien des dents et suscite des questionnements.
C’est clair, le jeune maghrébin qui a travaillé dans le service d’ordre du PS bénéficie d’une « complicité étonnante » avec le président français qui semble apprécier beaucoup son “ange gardien” en qui il a une grande confiance au point de lui confier, selon le journal L’Opinion, les clés de la villa de Brigitte Macron au Touquet, dans laquelle le couple présidentiel aime s’y reposer. Mieux, il le suivait comme son ombre dans tous ses déplacements publics ou privés.
Ce traitement royal a-t-il monté la tête du jeune Benalla qui, fort de la confiance, se voyait peut-être comme un intouchable au point de molester un jeune manifestant inoffensif ? Peut-être. Son admiration pour le président français est aussi pour quelque chose dans son zèle. « Il adore Macron », confie un de ses collègues. Une adoration qui a causé sa perte et, peut-être, celle de Macron lui-même.