Kamel Baddari a été nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors du remaniement ministériel qui a été opéré par le président de la République Abdelmadjid Tebboune jeudi 8 septembre.
De M’sila jusqu’au poste de ministre de l’Enseignement supérieur en passant par Moscou, retour sur le parcours de Kamel Baddari.
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Né le 1er février 1960 à Biskra où il poursuit ses études jusqu’à l’obtention du Bac en 1978.
“J’ai grandi dans le quartier d’El Alia à Biskra. En 1965, on m’a inscrit à l’école primaire de cette commune. Pour une raison que j’ignore, mon oncle m’a inscrit sous le nom de Djamel. Dans cette école, il y avait seulement quatre classes. J’y suis resté jusqu’à l’obtention de l’examen de 6e. Nous étions quatre ou cinq à avoir réussi à cet examen”, a-t-il raconté au micro de Jow Radio qui lui a consacré un portrait quelques semaines avant sa nomination au poste de ministre de l’Enseignement supérieur.
De ces années-là, il retient que ” c’était une période extrêmement sensible. » « Nous étions dans une phase de transition, juste après l’indépendance. Les études étaient le seul moyen pour nous de changer notre destin, surtout pour des gens modestes”, se souvient-il.
Enfant, le jeune Kamel Baddari est fasciné par le journalisme et la poésie. “Je voulais voyager et rencontrer des gens. Le journalisme est un domaine qui m’intéressait beaucoup. Mais j’aimais aussi énormément la poésie ».
Avant d’ajouter: “A un moment donné, en 1976, j’ai eu envie de devenir médecin, je suis donc allé à Constantine pour visiter la faculté de médecine de la ville. J’ai eu l’impression d’entrer dans un autre monde.”
Le baccalauréat en poche, il posera finalement ses valises à Boumerdès pour intégrer l’Institut national des hydrocarbures et de la chimie (INH).
“J’ai déménagé à Boumerdès avec un ami en 1978. C’était la première fois que je voyais la mer et une telle nature”, se remémore-t-il.
“Dès la première année, j’ai commencé à me préparer et à m’organiser pour pouvoir poursuivre mes études à l’étranger. Mais pour nous, Boumerdès c’était la Silicon Valley. Toutes les conditions étaient favorables. Il y avait des formateurs de toutes les nationalités “, a-t-il souligné.
En deuxième année à l’INH, alors qu’il étudie la géophysique, il fait une rencontre qui va bouleverser sa vie.
“J’ai rencontré Anatoly Frolov (chercheur russe). Il a détecté mes capacités et m’a accompagné de 1979 à 1983”, a fait savoir Kamel Baddari.
En 1983, le futur ministre de l’Enseignement supérieur obtient son diplôme d’Ingénieur d’état en géophysique de l’INH.
« L’INH m’a alors proposé de poursuivre mes études en France ou en URSS. Anatoly Frolov m’a convaincu de le rejoindre en Russie”, a-t-il poursuivi.
“En trois mois, j’ai appris le russe”
Arrivé à Moscou le 3 octobre 1983, Kamel Baddari est accueilli à l’aéroport par le chercheur russe. “Il maîtrisait parfaitement le français et l’anglais. Mais à mon arrivée, il ne m’a parlé qu’en russe. J’ai été obligé d’apprendre cette langue. En trois mois, du 3 octobre au 31 décembre 1983, j’ai appris le russe”.
Avant de souligner : “Aujourd’hui, je comprends, je parle et j’écris même de la poésie dans cette langue.”
En 1987, il soutient sa thèse de doctorat en physique et mathématiques sous la direction d’Anatoly D. Frolov pour ses travaux de recherche sur les précurseurs physiques complexes de la rupture des corps polycristallins en relation avec la prévision des séismes.
Il cumulera par la suite des diplômes et obtiendra, entre autres, en 1991, le doctorat Nauk, considéré comme le grade de l’enseignement supérieur le plus haut en Russie, pour ses découvertes et ses travaux ayant contribué au développement de la physique du foyer sismique, l’étude de la structure fractale d’un milieu géophysique et la modélisation du processus sismique.
De retour en Algérie, il prend la tête de plusieurs institutions, et notamment du département de physique et mathématiques de l’INH (de 1987 à 1990), avant d’être nommé doyen de la faculté des sciences de l’université de Boumerdès en 1998.
De 2017 à 2022, Kamel Baddari a occupé le poste de recteur de l’université de M’Sila. Il a pris ses fonctions de ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique le vendredi 9 septembre 2022.