Le nom de Mike Pompeo, le nouveau secrétaire d’État américain, circulait depuis des mois pour remplacer Rex Tillerson, limogé mardi 13 mars par le président Donald Trump, suite à des désaccords sur les dossiers iranien et nord-coréen et sur les relations avec l’Arabie saoudite, le Qatar et la Chine.
« En tant que directeur de la CIA, Mike a mérité les éloges des membres de nos deux partis en renforçant notre collecte de renseignements, en modernisant nos capacités offensives et défensives et en tissant des liens étroits avec nos alliés de la communauté du renseignement », a déclaré le président américain, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Trump s’attend à ce que ce « bon collecteur de renseignements » soit capable de faire un « travail fantastique », en tant que chef de diplomatie, surtout qu’il lui trouve des qualités d’intelligence qui semblaient faire défaut à Rex Tillerson.
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Mais qui est donc Mike Pompeo ? Californien d’origine italienne de 54 ans, Mike Pompeo est membre du Tea Party, un mouvement de la droite populiste d’essence évangélique hostile à toute forme de régulation notamment financière. Il combine tout ce qui peut faire « la fierté » d’un Américain cherchant à réaliser le grand rêve dans les hautes sphères.
De West Point aux affaires dans le pétrole
Formé à la prestigieuse Académie militaire de West Point, il sert dans les rangs de l’armée américaine pendant six ans (à partir de 1986) avant de poursuivre ses études à l’université d’Harvard où il obtient un diplôme de droit qui lui ouvre les portes des prétoires de Washington en tant qu’avocat.
Il se lance ensuite dans les affaires, notamment dans les secteurs stratégiques de l’aérospatial et du pétrole où il fait fortune, notamment dans l’État du Kansas.
Élu en 2011 à la Chambre des Représentants, grâce au puissant soutien de la famille Koch, propriétaire d’une des plus grandes firmes des États-Unis, Mike Pompeo a siégé au sein du comité de renseignement où il a eu accès à de nombreux dossiers secrets. Il a pu constituer un puissant réseau dans le monde des affaires, de la justice, de l’industrie, de l’armement et de la communauté complexe du renseignement.
Pompeo voulait rendre la CIA plus impitoyable
Mike Pompeo « bombardé » à la tête de l’agence de renseignement en janvier 2017, a promis de rendre la CIA plus « brutale », plus « impitoyable » et plus « agressive ».
Une attitude qui s’explique par les visions sécuritaires de cet ancien capitaine sans médailles de guerre, adepte de « la manière dure » et du recours à la maltraitance des prisonniers.
Selon le New York Times, Mike Pompeo a critiqué la décision de Barack Obama d’obliger les officiers des services secrets de ne pas recourir à la torture lors des interrogatoires, comme il a attaqué la décision de l’ex-président de fermer les lieux de détention secrets de la CIA et de la NSA.
Ces lieux ont été créés après les attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis et dans plusieurs pays en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Certains lieux sont toujours ouverts, selon des militants des droits humains.
Un adepte des écoutes téléphoniques
Le nouveau secrétaire d’État américain est également un grand défenseur des écoutes téléphoniques et de la collecte des données personnelles par la NSA (National Security Agency), les grandes oreilles des États-Unis.
Il a publié un texte, en 2016, dans les colonnes de Wall Street Journal pour dire qu’il est favorable à cette mise sous contrôle des personnes, y compris « le profilage » extensif (mode de vie, goûts, choix artistiques, fréquentations, tendances sexuelles, etc). Connaissant ses méthodes et ses visions, le Sénat a rejeté, à un tiers, sa nomination en tant que patron de la CIA, en janvier 2017.
Haine viscérale de l’Iran
Belliciste, Mike Pompeo est connu aussi par son alignement total sur les thèses de Donald Trump sur la politique étrangère. Pour lui, les « ennemis » des États-Unis sont en Asie : Iran, Chine et Corée du Nord et, par extension, Pakistan (seul pays musulman à posséder une bombe atomique).
À l’Iran, il voue une haine viscérale, sans que la raison soit connue. C’est ce qui a, paraît-t-il, motivé le choix du locataire de la Maison Blanche. Avec lui, tous les observateurs s’attendent à ce que l’accord nucléaire iranien, signé à Vienne en 2015, sera dénoncé et annulé, du côté de Washington.
À Tel Aviv, le journal Haaretz a souligné que Mike Pompeo est « un fervent défenseur » d’Israël. Il s’est rendu à Tel Aviv en novembre 2015 où il a déclaré, selon Times of Israel, qu’Israël est « un vrai partenaire du peuple américain ». Il parlait de l’opposition à l’Iran.
L’agressivité qu’il voulait pratiquer au sein de la CIA va s’exprimer, probablement, avec la Corée du Nord. Les futures négociations, prévues en mai 2018, entre Washington et Pyongyang seront un véritable test pour lui. La fermeté qu’il prône plaide en sa défaveur et risque de mener la politique extérieure des États-Unis droit au mur surtout que la nouvelle directrice de la CIA, Gina Haspel, est une partisane du « passage en force » et des méthodes non conventionnelles.
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