La présidence de l’Autorité nationale indépendante d’organisation des élections a échu à un ancien ministre de Bouteflika. Il s’agit de Mohamed Charfi, élu ce dimanche 15 septembre par les autres membres à la tête de l’instance nouvellement créée et censée garantir la transparence et la régularité de la prochaine élection présidentielle.
« Notre principale mission consiste à faire en sorte que le peuple algérien puisse choisir librement celui qui le représentera au plus haut niveau de l’Etat », a indiqué M. Charfi en conférence de presse immédiatement après sa désignation.
Né en 1946 à Oued Zenati (Guelma), Mohamed Charfi est diplômé de l’ENA et docteur en droit. Il a été procureur de la République de 1972 à 1989, et exercé à Annaba, Biskra et Sétif, Guelma, Oum El Bouaghi, Constantine. Après une carrière dans la magistrature, il a été nommé secrétaire général du ministère de la Justice de 1989 à 1991, puis conseiller à la présidence de la République de 1999 à 2002.
Il a surtout occupé à deux reprises le poste de ministre de la Justice, garde des Sceaux sous Abdelaziz Bouteflika. Dans le gouvernement Benflis II, il a remplacé au poste un certain Ahmed Ouyahia en juin 2002. Il gardera son portefeuille dans le gouvernement Ouyahia nommé en mai 2003 mais il sera débarqué à l’occasion d’un mini remaniement en septembre de la même année. Bouteflika désigne à ce poste sensible un homme qui lui restera fidèle jusqu‘au bout, Tayeb Belaïz.
Près de dix ans plus tard, Mohamed Charfi fait son retour dans l’exécutif, au même poste. Il est nommé ministre de la justice, garde des Sceaux le 3 septembre 2012 dans le gouvernement Sellal I. Mais de nouveau, il ne fera pas long feu.
En septembre 2013, il cède son poste au même Tayeb Belaïz. De retour de son hospitalisation après son AVC, Bouteflika avait limogé d’un coup dix ministres, parmi lesquels Mohamed Charfi donc, le ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia, celui des Affaires étrangères Mourad Medelci ou encore l’inamovible Chérif Rahmani.
Beaucoup avait lié ce coup de colère du président à la guerre larvée entre la présidence et le DRS et aux péripéties de l’été 2013, marqué notamment par l’émission d’un mandat d’arrêt international contre l’un des fidèles du cercle présidentiel, l’ancien ministre de l’Energie Chakib Khelil. La procédure avait été lancée par le procureur général d’Alger, Belkacem Zeghmati, nommé ministre de la Justice en juillet dernier.
Alors qu’il était toujours en poste, en juillet 2013, Charfi avait parlé d’« un véritable réseau de corruption international dont les tentacules s’étendent à tous les continents suçait la sève de Sonatrach grâce à des mécanismes financiers complexes destinés à protéger les méfaits commis ». « Ce réseau international de corruption, dont les ramifications s’étendent à tous les continents, visait à absorber la substance de Sonatrach », s’était-il indigné.
Notons enfin que, concernant la supervision des processus électoraux sous Bouteflika, confiée à la justice, Mohamed Charfi était en poste lors des élections locales de 2002 et de 2012.