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Qui veut saborder le mouvement populaire ?

Qui veut saborder le mouvement populaire ?

Pour le mouvement de contestation populaire, il y a incontestablement un avant et un après démission du président Bouteflika.

Les choses sérieuses ont en fait commencé en cette journée fatidique du mardi 2 avril, qui a vu la satisfaction d’une des principales revendications du peuple, mais sans apporter de réponse claire quant à la suite que comptent réserver les nouveaux tenants du pouvoir au reste des doléances.

La journée du 5 avril était appréhendée comme le premier vrai test pour la contestation. C’était le premier vendredi de marches sans Bouteflika et d’aucuns se demandaient quelle allait être l’attitude de la population après l’annonce de la démission du président et les mesures prises à l’encontre de certains hommes d’affaires.

Ceux qui ont prophétisé une baisse de la mobilisation se sont plantés. Des millions de citoyens ont battu le pavé, le caractère pacifique maintenu et les manifestants n’ont pas perdu de vue l’objectif final de la contestation, soit le départ du système, d’où leur refus de voir la transition gérée par les nouveaux trois « B ».

Mais avant, pendant et après les marches, plein de choses se sont passées, laissant penser qu’une main invisible est peut-être en train de tenter de saborder le magnifique élan populaire.

Le soir même de la grande marche à Alger, les fake-news ont foisonné sur le net sur de prétendues agressions de femmes dans la journée. Mais il y a eu plus grave. Que doit-on en effet penser aussi des attaques contre des figures de l’opposition ?

À Béjaïa, un individu a chahuté Said Sadi. L’attaque pourrait bien relever de la machination puisqu’on a fait en sorte qu’une caméra soit présente au bon moment et au bon endroit et les images de l’incident ont été largement diffusées, donnant l’illusion d’un rejet du fondateur du RCD par la population. Deux jours plus tôt, une fake-news annonçait que le même parti avait pris part à la fameuse réunion du 30 mars entre le général Toufik et l’ancien président Liamine Zeroual.

Mokrane Aït Larbi, une autre figure de l’opposition, a eu droit à un traitement encore plus violent lors de la marche de vendredi à Alger. Une dizaine de jeunes, menés par un adulte, ont tenté de le chahuter. Le meneur du groupe aurait affirmé à des manifestants indignés par son comportement qu’il ne connaissait pas l’avocat. « Il a avoué qu’il a été chargé de cette « mission » par un « patriote », parce que je serais un ennemi de l’armée », a déclaré M. Aït Larbi.

L’autre avocat et défenseur des droits de l’Homme, Mustapha Bouchachi, est lui aussi visé par une campagne de déstabilisation. Des faux comptes ont été ouverts à son nom sur les réseaux sociaux, lui attribuant des déclarations qui ne cadrent ni avec son statut ni avec sa réputation. Qui veut salir, voire déstabiliser cette figure de proue du mouvement populaire et candidat en puissance pour gérer la période de transition à venir au vu du consensus que fait sa personnalité ?

Sur les réseaux sociaux, on assiste à un déferlement de haine où aucune figure de l’opposition n’est épargnée. Cachés derrière des pseudonymes, des internautes agissent comme une armée organisée. Leurs principales cibles se recrutent presque exclusivement parmi les personnalités de l’opposition au point de faire presque oublier que le but de la révolution est de mettre fin au système et non d’attaquer l’opposition.

Parallèlement à ces tentatives de brouiller la sérénité du mouvement populaire, de graves incidents sont signalés à Tizi Ouzou pour la première fois depuis le début de la contestation. Des milliers de logements ont été squattés dans plusieurs localités de la wilaya. La population s’est interrogée s’il n’y aurait pas une main invisible derrière cette opération d’une ampleur sans précédent, tandis que le maire de la ville a dit clairement ne pas croire à la spontanéité de cette affaire.

Le mouvement de contestation a subi, depuis la démission de Bouteflika, plus de tentatives de déstabilisation et de brouillage qu’il n’en a enregistré en un mois et demi. Une action concertée n’est pas à exclure…

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