C’était la coqueluche de la classe politique algérienne pendant l’ouverture du début des années 1990. Puis il a subitement quitté la scène politique et disparu. Rabah Bencherif fait de nouveau parler de lui sur les réseaux sociaux en Algérie, 35 ans après avoir fait rire le pays par son idée de créer une mer intérieure en plein Sahara.

S’il faisait rire à l’époque, beaucoup de jeunes, en revoyant ses interventions notamment dans l’émission "Face à la presse", reconnaissent aujourd’hui que cet homme, sur certains points, avait une avance sur son temps.

Créer une mer dans le Sahara algérien : le projet fou de Bencherif

C’est le cas par exemple lorsqu’il soutenait que le sud sera un jour le grenier de l’Algérie et qu’avec "les pommes de terre de Oued Souf« , l’Algérie pourra s’acheter »tout l’armement de la Russie".

Le désert algérien est en train de devenir un pôle agricole qui couvre une grande partie des besoins du pays et lui ouvre des perspectives pour l’exportation et devenir une puissance agricole. La région de Oued Souf produit des légumes en grandes quantités et est le fournisseur numéro 1 du pays en pommes de terre.

Il est vrai que les gens ne retiennent de lui que son idée, qu’ils trouvent farfelue, de ramener l’eau de la Méditerranée via un canal en Tunisie pour créer une mer intérieure au beau milieu du Sahara algérien.

À l’époque où il formulait ces propositions, Rabah Bencherif était à la tête d’un parti politique qu’il a fondé après l’ouverture politique de 1989, le Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD). Néanmoins ses sorties médiatiques suscitaient des railleries et rien d’autre.

Que devient Rabah Bencherif, l’homme politique qui voulait créer une mer au milieu du Sahara algérien ? 

Bencherif finit par quitter la scène politique pour retomber dans l’anonymat. Il a tenté de se présenter à la présidentielle de 2019, mais sans succès.

À l’approche des présidentielles du 7 septembre prochain, il refait surface. Non pas qu’il envisage de se présenter. Il se trouve juste que des jeunes l’ont reconnu, malgré sa barbe blanche, dans un marché de fruits et légumes et en ont profité pour échanger avec lui.

La vidéo de la discussion a été mise en ligne sur les réseaux sociaux et fait un carton. Elle a été vue plus de deux millions de fois en moins d’une journée.

À l’écouter, on constate que l’homme n’a pas changé. Le regard des gens aussi. Les jeunes qui l’interrogent ne semblent pas le prendre au sérieux lorsqu’il leur dit qu’il est professeur en biotechnologies.

« Le vendeur de légumes, le peintre, le mécanicien et le maçon sont mieux que le médecin ou l’ingénieur en Algérie"

Pourtant, dans les commentaires, plusieurs de ses anciens élèves à l’université de Constantine témoignent que cet homme a formé des générations d’ingénieurs. Beaucoup de regrets sont exprimés par les internautes pour constater la situation dans laquelle il se retrouve et comment il est traité.

"Tu es vendeur de légumes ?« , lui demande un jeune. »Et alors, le vendeur de légumes, le peintre, le mécanicien et le maçon sont mieux que le médecin ou l’ingénieur en Algérie", répond-il, sans confirmer s’il est effectivement devenu vendeur.

Il en profite pour évoquer un autre dossier sur lequel il aurait eu une longueur d’avance. Il assure qu’à l’époque où l’Algérie envisageait d’exploiter la mise de fer de Gara Djebilet avec le Maroc, au début des années 1970, il avait plutôt suggéré de réaliser une ligne de chemin de fer pour acheminer le minerai à Béchar. Ce qui a fini par être fait 50 ans plus tard.

L’Algérie a fini par lancer l’exploitation de cette mine géante et a lancé les travaux de construction d’une ligne de chemins de fer entre Tindouf et Béchar pour transporter le minerai de fer afin de le transformer pour alimenter les usines sidérurgiques du nord du pays et exporter vers la Chine notamment.