Les accusations de racisme dont sont victimes les footballeurs d’origine africaine refont surface dans le football français. Après le franco-algérien Karim Benzema, c’est au tour de Patrice Evra, d’origine sénégalaise, ex-international français de lancer un véritable pavé dans la marre de cette polémique interminable.
À l’origine des révélations fracassantes de l’ancien défenseur latéral de Manchester United, les récentes déclarations du président de la Fédération française de football (FFF) Noël Le Graët sur le racisme dans le foot français, qui a déclaré ce phénomène « n’existe pas ou pas ». Patrice Evra n’a pas l’occasion lui échapper pour déiziguer Noël Le Graët. « Quand le chat n’est pas là les souris dansent. Je ne suis plus en équipe de France donc tu te permets de raconter des conneries », tance Evra à l’attention de M. Le Graet sur le réseau social Instagram.
« Quand un black marque un but… »
En plus de dire que le racisme « dans le sport et le foot en particulier n’existe pas ou peu » en France, Noël Le Graët a ajouté : « sur un match, il peut y avoir des écarts, mais dans l’ensemble, on a moins de 1 % de difficultés ». Pour étayer ses propos, il a donné un exemple : « Quand un black marque un but, tout le stade est debout. Le phénomène raciste dans le sport et dans le foot en particulier, n’existe pas, ou peu ».
Les déclarations du président de la FFF ont indigné l’ex-international français. « C’est incroyable Nono (surnom donné à Le Graet, ndlr). Il faut partir. 79 piges. On m’a dit qu’il y a des élections en mars, tu ne vas pas avoir le courage de représenter. En France, on n’est pas des bouffons ! On ne peut pas laisser passer ça ! », s’est insurgé Patrice Evra.
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Démentant les propos de M. Le Graet, M. Evra a cité plusieurs exemples de racisme dont il a été témoin durant sa carrière au sein de la sélection française de football. L’arrière latéral gauche à la retraite cite notamment les nombreuses lettres racistes de « supporters » reçues par l’équipe de France. Des lettres qui intiment par exemple au sélectionneur Didier Deschamps de « reprendre ses singes et dégager en Afrique ».
« Combien de lettres comme ça reçues mais on les cache car on ne veut que les joueurs les voient, mais moi j’en ai vu certaines », dénonce Patrice Evra, affirmant que l’équipe de France « reçoit même des cartons remplis de caca ».
« Des cartons remplis de caca »
« Et quand le président de la République vient nous rendre visite, à chaque fois que lui ou hommes politiques venaient on voyait nos places être changées », affirme l’ancien footballeur.
« Moi qui suis assis là, d’un seul coup je me retrouve au bout de la table. Là où il y a Mamadou Sakho ou Bacary Sagna (deux joueurs noirs, ndlr), bah il fallait changer. On mettait alors Hugo Lloris et Laurent Koscielny (deux joueurs blancs, ndlr) et le président au milieu », relate-t-il.
« On savait que c’était les règles du jeu. On était en France, on n’était pas chez nous. Quand il y avait une photo du président, c’était mieux de voir un Hugo Lloris qu’un Bacary Sagna », explique avec amertume M. Evra, appelant à plusieurs reprises au départ du président de la Fédération française de football.
Avant Patrice Evra, Karim Benzema avait déjà accusé le sélectionneur de l’équipe de France Didier Deschamps d’avoir cédé « cédé à la pression d’une partie raciste de la France » en décidant de ne pas le sélectionner pour l’Euro 2016, qui a été ensuite perdue par la France face au Portugal.
Depuis ces déclarations, Benzema n’a jamais a été rappelé en équipe de France, malgré les performances exceptionnelles avec le Real, avec qui il a remporté trois ligues des champions d’affiliée en 2016, 2017 et 2018.