L’autorité italienne garante des droits des enfants a appelé dimanche une municipalité dirigée par la Ligue à remettre en cause une mesure qui aboutit à faire déjeuner des enfants étrangers à l’écart de leurs camarades.
La maire de Lodi (nord) Sara Casanova, membre de la Ligue (droite dure antimigrants), a fait adopter une résolution par le conseil municipal avant la rentrée demandant aux familles étrangères de déclarer ce qu’elles possèdent non seulement en Italie, mais aussi dans leur pays d’origine.
Ceux qui ne le font pas se voient appliquer automatiquement le tarif le plus élevé pour les repas à la cantine. Les enfants qui apportent un sandwich de la maison, car leurs parents ne peuvent pas payer, doivent alors déjeuner à l’écart de leurs camarades.
Cette mesure a suscité l’indignation en Italie, ses détracteurs affirmant qu’elle demande l’impossible à ceux qui ont fui leur pays pour demander l’asile en Europe ou qui sont dans l’incapacité d’obtenir les documents nécessaires de pays en crise ou de régimes despotiques.
“Tous les enfants doivent être réadmis à la cantine immédiatement. Il est impensable de forcer de jeunes enfants à manger seuls, séparés de leurs camarades de classe parce que leurs parents ne peuvent pas payer”, a déclaré Filomena Albano, à la tête de l’autorité, au quotidien La Repubblica.
Quelque 300 enfants sont concernés par cette mesure qui les empêche également d’utiliser le ramassage scolaire.
Filomena Albano estime que refuser la cantine aux enfants est une violation de leurs droits fondamentaux.
Elle suggère que des consulats situés en Italie pourraient se charger de demander les documents nécessaires, en donnant un délai de 70 jours aux pays étrangers pour répondre, après quoi les tarifs seraient calculés sur la base des actifs de la famille en Italie.
Des associations de protection de l’enfance ont commencé à collecter des dons pour aider les familles concernées.
“Ce qui se passe est inhumain”, a jugé l’ancien Premier ministre de centre-gauche Matteo Renzi.
Le chef de la Ligue Matteo Salvini, vice-Premier ministre, a au contraire défendu la maire de Lodi, jugeant que cette mesure permettrait d’arrêter ceux qui trichent et abusent du système.
Le fait “que certains qui pourraient payer pensent qu’ils n’ont pas à le faire est une insulte aux parents, italiens et étrangers, qui paient ce qu’ils doivent”, a déclaré Matteo Salvini.