Abdelaziz Rahabi a publié ce mercredi deux textes sur sa page Facebook sur la situation politique en Algérie. Le premier porte sur l’incarcération des politiques et les activistes du hirak, avec une question posée aux internautes : « est-ce que cela vous inquiète ? »
Dans le texte, l’ancien ministre avoue qu’il « s’attendait à ce que les décideurs algériens ouvrent le champ médiatique et politique pour plusieurs raisons dont la plus importante est qu’il s’agit d’un droit constitutionnel ». « Deuxièmement, c’est qu’ils appartiennent à des forces politiques légales, et troisièmement que l’action politique inciterait l’Algérien à participer au scrutin présidentiel », détaille M. Rahabi, qui a condamné les arrestations des responsables politiques et des activistes du hirak.
L’ancien ministre fait un constat amer. « Malheureusement, le climat politique actuel se caractérise par l’arrestation de militants politiques sans que la justice en dise la raison, et ce dans des circonstances inacceptables », poursuit-il, en citant les arrestations opérées dans la « rue ou chez eux au lieu d’être convoqués à un corps constitué. »
« Ce qui se passe, c’est ce que la manière avec laquelle sont opérées les arrestations, nous font sentir que nous sommes en état d’urgence », lâche Rahabi.
Pour lui, « c’est une pratique qui n’augure d’aucun projet démocratique sérieux fondé sur les libertés et la justice pour lesquelles des millions d’Algériens sont sortis dans un hirak unique au monde. »
Rahabi affirme que tous ceux qui pratiquent la politique doivent « rester dans les limites des droits et des devoirs énoncés dans les lois. » « Après tout, il est de mon devoir de noter que si les autorités avaient accompagné ce mouvement, qui s’avérait plus puissant que nos dirigeants, l’Algérie serait sortie de la crise avec un projet démocratique fort et unique », déplore Rahabi.
Dans le deuxième texte, Rahabi relance le débat sur le jugement du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Dans un texte intitulé, « des voix appellent à juger l’ex-président, partagez-vous cette demande ? « , l’ancien ministre affirme qu’il a été « le premier à le réclamer pour la simple raison de déterminer la responsabilité politique en matière de corruption ». Pour lui, « sans les politiciens et l’immunité qui leur a été accordée, il n’y aurait pas eu de corruption dans notre pays. » Il ajoute que « les responsables politiques qui croupissent à El Harrach ont déclaré au juge qu’ils suivaient les instructions du président ou de son frère d’accorder des privilèges illégaux à des hommes d’affaires également impliqués dans des affaires de corruption. »
Rahabi enfonce Saïd Bouteflika, qui est en détention provisoire à la prison militaire de Blida depuis le 5 mai, et dont le procès doit s’ouvrir le 23 septembre. Le frère du président déchu est poursuivi pour « atteinte à l’autorité de l’armée », et « atteinte à l’autorité de l’État ».
« Il a été démontré que toutes les instructions depuis 2013 provenaient du frère du président, ce qui n’exempte pas ces responsables politiques de toute responsabilité légale, en particulier s’il est prouvé qu’ils se sont enrichis. Par conséquent, la responsabilité du président et de son frère dans tous les cas de corruption découverts reste entière », estime Rahabi, qui pose la question : « la santé du président lui permet-elle de comparaître devant la justice ? « .
« Le procès des chefs d’État a une très grande signification politique et morale et est un message au prochain président. Dans la forme, il est inconcevable que Bouteflika se présente pour un cinquième mandat et reçoive l’appui de partis, d’associations et de personnalités, alors qu’il est frappé d’incapacité et qu’il soit malade lorsqu’il s’agit de le traduire en justice pour répondre aux questions des Algériens sur ce qu’ils ont subi et subissent depuis 20 ans. »