Le ministère de l’Education a fait une annonce surprise, mardi soir, en décidant d’avancer la date de début des vacances d’hiver pour les élèves des trois paliers.
Prévue pour le 16 décembre, les vacances débuteront dès ce jeudi 9, a annoncé le département d’Abdelkrim Belabed arguant d’une flambée descontaminations au Covid-19 au sein des établissements scolaires.
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Au lieu de deux semaines, les élèves auront une semaine de vacances de plus. Le ministère va mettre à profit ces vacances scolaires pour lancer une campagne de vaccination anti-Covid au profit des personnels de l’éducation.
Elle aura lieu entre le 12 et le 16 décembre. La tutelle a lancé un appel aux personnels du secteur afin d’adhérer à cette opération, comptant sur leur « sens de responsabilité » pour préserver la santé des élèves et assurer la continuité de l’activité pédagogique.
Cependant, le ministère de l’Education ne donne aucune indication chiffrée sur l’ampleur des contaminations dans les écoles au moment où deux syndicats, le Cnapest et le Satef interrogés hier, s’étaient montrés préoccupés mais sans aller jusqu’à demander un changement dans le calendrier des vacances scolaires.
Toutefois, les deux syndicats ont attiré l’attention sur le non-respect des gestes barrières dans les établissements scolaires non sans déplorer le manque de moyens de protection et surtout l’eau courante indispensable pour l’hygiène. Alors, comment interpréter la sortie du ministre Belabed ?
Un « aveu d’échec »
L’annonce de l’avancement du calendrier des vacances d’hier a fait l’effet d’une surprise au sein de la famille éducative. Les syndicats dénoncent une absence de concertation.
« Toute prise de décision doit être précédée par un travail de sensibilisation et de préparation », affirme le porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement ternaire de l’éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba, dans une déclaration à TSA.
« Nous n’avons pas été associés malgré le fait qu’il y a eu des réunions bilatérales avec les syndicats et au cours desquelles cette question devait se poser », a déploré le syndicaliste qui se fait fort de souligner que les raisons ayant dicté l’avancement du calendrier des vacances scolaires demeurent « incomprises ».
Pour M. Boudiba, cette annonce surprise est un « aveu tacite » de l’échec de la gestion de ce semestre tant en matière d’application du protocole sanitaire que du point de vue de la mise en place de programme d’enseignement exceptionnel dicté par la pandémie.
Parents d’élèves : « La situation est critique »
En effet, les syndicats du secteur sont unanimes à déplorer l’absence totale des mesures barrières en milieu scolaire. Et à pointer du doigt les limites de la méthode de l’enseignement par alternance adoptée à la fois à cause du manque du personnel d’encadrement et la non application effective des mesures de distanciation physique en raison du surnombre d’élèves dans une seule classe.
Le SG du Syndicat autonome des personnels de l’enseignement et de la formation (Satef), Boualem Amoura, est lui aussi surpris par l’annonce de changement du calendrier des vacances, assurant que la situation sanitaire n’était pas alarmante au sein des établissements scolaires.
« Jusqu’à aujourd’hui, je persiste et signe qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer », a-t-il fait part ce mercredi dans une déclaration à TSA, minimisant l’ampleur des contaminations dans les établissements de l’enseignement. Et de lâcher sans conviction : « Peut-être qu’ils (responsables du ministère de l’éducation) ont des informations que nous n’avons pas en tant que syndicats ».
La décision d’avancer la date des vacances scolaires concerne l’ensemble du territoire national au grand dam de M. Amoura qui estime qu’il fallait agir « au cas par cas ». « Je ne vais pas fermer toute l’Algérie parce qu’il y a un cas Covid à Hassi Bahbah », a-t-il fustigé.
L’association des parents d’élèves qui précise qu’elle n’a pas été consultée dans cette prise de décision, accueille toutefois favorablement l’annonce de changement dans le calendrier des vacances scolaires.
« C’est la santé qui prime », clame la présidente de l’Association nationale des parents d’élèves, Mme Fafa Bacha. « On a vu à l’échelle nationale qu’il y a des établissements scolaires qui ont été fermés suite à des cas de Covid. On a recensé même des enfants entre 10 et 15 ans qui ont été contaminés. La situation est critique », a-t-elle alerté, dans un entretien à TSA. « On ne trouve pas de problème à ce que la date des vacances scolaires soit avancée d’une semaine. Au contraire, c’est une sage décision », a ajouté Mme Bacha.