Les Algériens entament ce samedi 2 avril un mois de ramadan différent des précédents. Du moins des deux derniers, marqués par la pandémie de covid-19 et les restrictions imposées dans les lieux de culte et les espaces publics de loisirs.
Le mois sacré de cette année se distingue aussi par l’inflation généralisée et les fortes tensions qui touchent certains produits.
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Deux ans après l’apparition du virus en Algérie, c’est le retour à la normale et les mesures de prévention sont presque entièrement levées. La veille du début du mois sacré, le ministère des Affaires religieuses a annoncé la levée de l’obligation de la distanciation physique pendant les prières dans les mosquées du pays.
Les Algériens pourront de nouveau effectuer la prière des tarawih dans les mosquées sans restrictions, faire des sorties nocturnes dans les cafés et autres lieux de loisirs et échanger les visites familiales.
Cela aurait pu être en effet un retour à une situation tout à fait normale, si ce n’est cette hausse généralisée des prix qui n’épargne presque aucun produit alimentaire.
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Le ramadan de cette année intervient dans une conjoncture d’inflation et de tension entamée depuis plusieurs mois et aggravée par les retombées de la guerre en Ukraine.
Si, l’année passée, seule l’huile de table était introuvable, la tension touche maintenant plusieurs produits céréaliers, notamment les farines et semoules. Pour les autres produits très demandés pendant le mois du jeûne, c’est la flambée.
Pendant toute l’année, la hausse des prix a touché tous les produits dont certains sont devenus inaccessibles aux bourses modestes. Viandes rouges et blanches, fruits et légumes, poissons et même la pomme de terre connaît des tensions et des flambées depuis plusieurs mois.
Tebboune : « Éviter la consommation excessive et le gaspillage »
Au ramadan, tous ces produits deviennent encore plus inaccessibles. Cette année encore, l’inévitable flambée du premier jour du mois sacré a eu lieu. Les prix des légumes notamment ont parfois doublé dans certains marchés d’Alger.
Même si une baisse est attendue, comme chaque ramadan, à partir de la deuxième semaine, il reste que les prix étaient déjà très élevés depuis plusieurs mois et c’est un ramadan difficile qui attend les Algériens, dont la courbe des revenus n’a pas suivi celle des prix des produits de consommation.
L’année en cours a été marquée par l’entrée en vigueur de l’allocation chômage dont le premier virement a coïncidé justement avec le début du mois sacré. Cela soulage un tant soit peu la frange concernée, mais reste insuffisant.
Il est vrai que les difficultés sont mondiales et que l’Algérie est nettement mieux lotie par rapport à d’autres pays. Et le président de la République a tenu à le souligner vendredi 1er avril dans son message de vœux.
Abdelmadjid Tebboune a exhorté les citoyens à saisir ce mois sacré pour « renforcer les liens de solidarité et de fraternité connus chez les Algériennes et Algériens » et à « éviter la consommation excessive et le gaspillage, au moment où plusieurs pays souffrent d’une pénurie d’approvisionnement et de la malnutrition, voire de famine, dans un contexte mondial marqué par des mutations profondes ».
Le ramadan de cette année survient aussi alors que les Algériens ne se sont pas encore remis de l’élimination de l’équipe nationale de football de la course à la qualification au Mondial 2022.
Un autre résultat des Verts aurait pu permettre aux citoyens d’accueillir le mois sacré avec un meilleur moral. Il y a eu tout de même une bonne nouvelle, juste avant le début du ramadan, avec la libérationd’une soixantaine de détenus d’opinion qui vont pouvoir ainsi jeûner avec leurs familles.