Les Algériens ne sont pas au bout de leurs peines au début de ce mois de Ramadan. En plus des tensions sur le lait en sachet et l’huile de table, le prix du poulet, déjà élevé, a fortement augmenté ces dernières 24 heures de 15 % à 20 %.
« Nous avons hier après-midi eu l’information selon laquelle il y avait eu une vente de poulet avec 50 et 80 DA de plus sur le prix du kilo. Et effectivement, nous avons confirmé cette hausse aujourd’hui jeudi sur les marchés », explique le président de l’Apoce Mustapha Zebdi, en indiquant que la hausse concerne l’ensemble du territoire national.
Le poulet coûte 400 DA le kilo « soit une augmentation d’à peu près 15 % jusqu’à 20 % comme moyenne générale », calcule-t-il. Le président de l’Apoce confirme que cette hausse n’est pas seulement due à la forte demande constatée sur ce produit très prisé des ménages durant le mois de Ramadan.
Il met en cause aussi une entente entre les éleveurs pour augmenter les prix après avoir constaté que les quantités de viandes mises sur le marché par les autorités n’ont pas produit d’effet sur les prix.
« On sait que les éleveurs ont subi des pertes (suite aux mesures de lutte contre la Covid, ndlr) et l’aliment de volaille a augmenté. Cependant, il y a eu des organismes de régulation qui ont promis de mettre sur le marché une importante quantité de viandes congelées. Les éleveurs ont constaté qu’il n’y avait pas eu de « saturation » en matière d’offre, ils se sont entendus pour augmenter les prix », explique Mustapha Zebdi.
« Ce que je dis là ce ne sont pas les propos de Zebdi Mustapha mais les paroles d’un aviculteur », précise le président de l’Apoce.
| Lire aussi : Le Ramadan est là : où sont les soldes promis par Rezig ?
Lait : le comportement du consommateur « amplifie la crise »
Concernant le lait en sachet, la tension est toujours palpable. Dans le quartier Didouche-Mourad, au cœur de la capitale, une grosse file d’attente s’est formée devant un magasin d’alimentation générale, comme le montre une photo largement partagée sur les réseaux sociaux ce jeudi 15 avril.
Selon Mustapha Zebdi, la production de lait n’a pas diminué et a même augmenté. « La demande (sur le lait en sachet) durant le Ramadan est plus importante que durant le reste de l’année. Et cela du fait qu’il y a plus de préparations à base de lait. On vit à longueur d’année une offre déjà amoindrie (en lait) et qui s’accentue durant le mois de carême. Même si l’offre en lait augmente durant ce mois, elle est dépassée par la forte demande », constate M. Zebdi qui, même s’il défend les droits des consommateurs, n’en est pas moins agacé par le comportement de certains consommateurs algériens.
« J’ai moi-même eu un témoignage à propos d’un consommateur qui a stocké 34 sachets de lait dès le 1er jour du Ramadan. C’est un comportement inadmissible. L’offre a beau être augmentée mais si la demande augmente d’autant, il y aura toujours un manque », déplore Zebdi.
La production de lait en sachet « n’a pas diminué », insiste-t-il. « Au contraire, comme chaque année en prévision du mois de Ramadan, les fabricants ajoutent un pourcentage supplémentaire à la production pour anticiper justement sur la demande à venir », expose-t-il.
« Le problème de la pénurie de lait n’est pas circonstanciel et ne date pas d’aujourd’hui. C’est une crise qui est à longueur d’année et qui s’accentue durant le Ramadan. Et là, le comportement du consommateur amplifie la crise », conclut Mustapha Zebdi.
| Lire aussi : Tensions sur l’huile de table et le poulet : l’étrange silence du gouvernement