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Ramadan : la question de manger en public divise le Maroc

À l’approche du mois de Ramadan, qui débute cette année le 11 mars, une polémique a éclaté au Maroc sur une disposition du Code pénal qui interdit de manger dans les espaces publics pendant le mois de jeûne.

Au nom du respect de la liberté individuelle, l’institut d’études politiques Deleuze a pris l’initiative de réclamer la suppression de l’article 222 du Code pénal qui criminalise la rupture du jeûne en public.

L’article en question prévoit une peine de prison ferme de 1 à 6 mois, assortie d’une amende de 200 dirhams marocains.

Ces dernières années, plusieurs citoyens marocains sont tombés sous le coup de cette disposition.

Il ne s’agit pas d’une obligation de jeûner, mais de l’interdiction de rompre le jeûne en public.

Les non-jeûneurs peuvent toujours manger chez eux, en tout cas à l’abri des regards.

La disposition du Code pénal est plus une mesure de préservation de l’ordre public qu’autre chose, dans le sens où rompre le jeûne dans la rue ou tout autre lieu public peut faire réagir les jeûneurs, notamment les extrémistes, et donner lieu à des altercations et des troubles.

Mais tout le monde ne voit pas les choses sous cet angle.

L’Institut Deleuze (Deleuze Policy Institute) y voit une atteinte à la liberté individuelle garantie par la constitution.

L’institut a lancé sur les réseaux sociaux la campagne « manger n’est pas un crime » qui a suscité des réactions très divergentes.

Des pans entiers de la société marocaine continuent à voir dans l’acte de rompre le jeûne en public une atteinte à un des cinq piliers de l’Islam.

Manger en public pendant le Ramadan : la question divise au Maroc

Du côté de la classe politique, y compris des partis laïcs, c’est le mutisme et l’irrésolution.

Mettant à profit les débats sur la révision globale du Code pénal, l’institut Deleuze a convié plusieurs députés pour engager le débat sur la suppression de l’article 222.

Des élus de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), du Parti du progrès et du socialisme (PPS), du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) et du parti du Premier ministre Aziz Akhannouch, le Rassemblement national des indépendants (RNI), ont été approchés.

Selon l’institut, aucune réponse ne lui est parvenue des députés de ces partis, saisis verbalement ou par écrit.

Le directeur de l’Institut a expliqué qu’il n’y a aucun texte coranique ou un hadith du Prophète imposant des sanctions à l’encontre de ceux qui n’observent pas le jeûne, ajoutant que les lois doivent protéger l’individu dans l’espace public et non le contraire.

L’autre argument de l’institut Deleuze, c’est que la fermeture des restaurants et des lieux de loisirs pendant un mois entier impacte négativement l’économie marocaine, dont le tourisme constitue un segment important.

En attendant un éventuel débat au Parlement sur la question, la question divise fortement au Maroc.

Pour l’activiste, Walid Al Najmi, l’article criminalisant la rupture du jeûne pendant le Ramadan est une disposition « ridicule », soulignant qu’il est « déraisonnable qu’une personne vivant dans un pays moderne soit punie pour avoir mangé pendant le Ramadan ».

L’activiste soutient lui aussi qu’il n’y a pas dans la religion musulmane un texte prévoyant l’emprisonnement de ceux qui ne jeûnent pas.

Les avis appelant à maintenir l’interdiction sont aussi nombreux.

L’activiste Azzedine Sarifi a accusé ceux qui appellent à la dépénalisation de vivre « en marge du peuple marocain » et de contribuer à la montée de l’Islam politique et de la pensée extrémiste.

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