Ramtane Lamamra s’exprime sur l’avancée de la mission « faire taire les armes en Afrique » dont il a été chargé en octobre 2017 par la commission de l’Union africaine. « L’Afrique, connue pour les conflits et l’effusion de sang, s’apprête à se défaire de cette réputation au courant de l’année prochaine », a déclaré, ce lundi 11 novembre, l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères à l’agence turque Anadolu en marge d’une conférence sur la médiation tenue à Istanbul.
L’objectif de « faire taire les armes en Afrique d’ici 2020 » a été adopté par les chefs d’État et de gouvernement du continent durant la Déclaration solennelle du 25 mai 2013, marquant le cinquantième anniversaire de l’UA (ex-OAU).
A l’approche de l’échéance, Lamamra se montre optimiste et satisfait des avancées réalisées en matière de résolution pacifique des conflits, citant les accords de paix conclus au Sud-Soudan et en Centrafrique ainsi que les élections démocratiques à Madagascar et au Congo. L’ancien délégué de l’union africaine pour la paix se félicite de l’entrée en vigueur du mécanisme visant à réduire les flux d’armes vers le continent.
« L’Afrique ne fabrique pas des armes. Elles sont acheminées par des réseaux terroristes, des trafiquants et d’autres parties actives. On peut donc faire taire les armes en répertoriant les points de leur vente illégale », dit-il, tout en insistant sur la nécessité de faire en sorte que la demande sur les armes baisse.
« La résolution pacifique des conflits fera baisser la demande et les marchands d’armes ne trouveront pas facilement des acquéreurs (…) Nous nous sommes mis d’accord pour la satisfaction des besoins légitimes des Etats souverains en armes pour assurer leur défense, et sur la nécessité de tarir les sources d’approvisionnement des terroristes et des criminels», ajoute le diplomate algérien.
L’agence turque rappelle que la Russie détient 35% des parts du marché de l’armement en Afrique, suivie de la Chine (17%), des Etats-Unis (9.6%) et de la France (6.9%) et que le président Vladimir Poutine a conclu, lors du dernier sommet Russie-Afrique, des accords militaires avec 30 Etats africains.
« J’ai commencé par convaincre les gouvernements africains de concevoir un avenir sans conflits armés en apportant des solutions pacifiques et politiques à tous les problèmes posés (…) L’idée était de créer un environnement où les armes ne trouveront pas d’acquéreur », a en outre indiqué l’ancien chef de la diplomatie algérienne.
Après une longue carrière de diplomate notamment au niveau de l’Union africaine, Ramtane Lamamra a été chef de la diplomatie algérienne entre 2013 et 2017. Le 11 mars dernier, il a été nommé vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Bedoui, mais il n’a pas été retenu lors de l’annonce de la composante du gouvernement le 1er avril.
Depuis, il a repris ses fonctions au sein de l’Union africaine, notamment cette mission de « faire taire les armes » sur le continent.