L’Algérie a autorisé la reprise des vols de rapatriement de ses ressortissants bloqués à l’étranger, après la fermeture des frontières du pays en mars dernier à cause de la pandémie du Covid-19. L’annonce de la reprise des vols avait été faite fin novembre par Air Algérie.
Dans une déclaration au site visa-algerie.com, le porte-parole de la compagnie aérienne nationale a indiqué que le programme communiqué par les pouvoirs publics portait sur une opération de 24 vols du 4 au 17 décembre. Au total, Amine Andaloussi a annoncé le rapatriement de 5 000 Algériens qui sont bloqués à l’étranger.
Il a précisé toutefois que la poursuite de l’opération au-delà du mois de décembre « ne dépendait pas d’Air Algérie, mais des pouvoirs publics ».
« Air Algérie est un transporteur. La décision concernant le programme de vols revient aux autorités », a-t-il expliqué, ce qui ne rassure pas les ressortissants algériens bloqués à l’étranger.
« La reprise des vols pour les Algériens établis à l’étranger ne doit pas s’arrêter. Si on reprend pour suspendre juste après, on ne règlera pas le problème », prévient le député de l’émigration, Noureddine Belmeddah, dans une déclaration à TSA, ce samedi 12 décembre. Le parlementaire préfère parler d’une réouverture partielle des frontières aux Algériens bloqués à l’étranger au mot « rapatriement ».
« La communauté algérienne en a assez bavé comme ça ! »
Outre Air Algérie, l’ENTMV (compagnie de transport maritime) est elle aussi appelée à reprendre ses traversées, insiste le député. « Il demeure entendu que le protocole sanitaire (avec une PCR négative) doit s’appliquer de façon stricte. De cette façon, Air Algérie et l’ENTMV reprendront leurs activités d’un côté, et la communauté algérienne pourra, d’un autre côté, étancher sa soif de retrouver les siens, elle qui en a assez bavé comme ça ! », martèle M. Belmeddah.
Selon M. Belmeddah, la reprise des vols et des traversées (maritimes) ne doit pas s’arrêter « jusqu’à la réouverture entière des frontières à tous les voyageurs étrangers ».
Comment éviter le piège du « favoritisme »
La confection des listes des Algériens touchés par le programme de ce mois de décembre, doit échoir aux autorités consulaires algériennes à l’étranger, propose le député Belmeddah.
« De mon point de vue, les autorités (le gouvernement) doivent passer la main aux services consulaires à l’étranger pour élaborer les listes. Ce sont ces services qui sont au plus près des Algériens à l’étranger, qui recueillent leurs doléances et par conséquent, ils sont en mesure de dire qui est prioritaire. Il vaudrait mieux que les listes (des rapatriés) soient élaborées au niveau des consulats qui auront à assumer leurs responsabilités », développe-t-il.
Cependant il ne devrait plus être question de listes après la 2e et 3 vagues, estime-t-il. « Les (Algériens) veulent voyager comme avant l’épidémie suivant les procédures habituelles », insiste M. Belmeddah, qui demande aux autorités d’augmenter la fréquence des vols et des traversées maritimes « pour qu’on ne tombe pas dans le piège du favoritisme ».
« D’après les échos qui me sont parvenus, il y aura une première vague de ressortissants qui vont arriver, une deuxième et une troisième vagues vont suivre. D’autres vagues sont également prévues. L’idée est de procéder par étapes. Il s’agit de s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes avec les premiers arrivés (volet sanitaire), et je pense qu’il n’y en aura pas puisqu’avec les tests PCR il n’y a pas de crainte », ajoute M. Belmeddah.
La double peine des Algériens bloqués à l’étranger
Le parlementaire déplore la double peine infligée aux algériens bloqués à l’étranger. « Non seulement, ils sont privés de rentrer au pays, ils se voient aussi accablés de devoir s’inquiéter pour leur poste de travail », s’offusque-t-il, citant des personnes qui étaient mises en demeure par la fonction publique de rentrer au pays sous peine de perdre leur emploi.
Si certaines d’entre elles ont vu ces mises en demeures suspendues après une instruction adressée par le Premier ministre Abdelaziz Djerad à la Direction générale de la fonction publique, d’autres n’ont pas bénéficié du même traitement.
Le député Belmeddah cite l’exemple d’une enseignante universitaire détentrice d’une résidence à l’étranger mais exerçant en Algérie, qui a reçu une lettre de son recteur lui signifiant son licenciement, malgré l’instruction de Djerad.
Le député la rassure en lui suggérant, une fois rentrée au pays, de saisir un tribunal administratif pour la rétablir dans ses droits. Et ce conseil, précise M. Belmeddah, est valable pour toute personne qui se trouve dans la même situation.
D’après le même député, les motifs pour rentrer au pays sont divers et variés pour les Algériens bloqués dans plusieurs pays du monde. « Si je devais en faire l’inventaire, j’en ferais un livre », lance-t-il. « Ces personnes ont mille et une raisons pour rentrer au pays. Beaucoup jouent leur avenir. Il y a des élèves qui ont raté leur baccalauréat ou le BEM, des enfants ont raté tout un trimestre d’étude. Certains vivent dans la peur de perdre leur emploi… », énumère le parlementaire qui redoute que les vols de rapatriement soient limités à un nombre réduit de pays.
« Ces vols annoncés touchent certains pays, quid des autres, notamment où il y a une forte communauté algérienne ? Comment vont-ils faire ? N’ont-ils pas droit au retour ? », interroge M. Belmeddah.