Les facultés de médecine en Algérie renouent avec la protestation. Les campus d’Alger et de nombreuses villes du pays dont ceux de Sétif et Oran vivent depuis trois mercredi 16 octobre au rythme de grèves et de rassemblements des étudiants internes et externes qui soulèvent plusieurs revendications liées à l’aspect pédagogique et à l’emploi post-formation. Il s’agit du plus important mouvement de cette catégorie d’étudiants depuis celui de 2018 relatif au service civil.
Les revendications soulevées cette fois ont trait au nombre, que les protestataires jugent « restreint », des postes de résidanat, l’homologation des diplômes, les conditions d’encadrement et de formation dans les CHU et l’emploi après la formation.
A Alger, les étudiants se sont rassemblés ce jeudi 17 octobre pour le deuxième jour de suite à la nouvelle faculté de médecine de Ben Aknoun. Des médecins au chômage se seraient joints au mouvement.
« A l’instar de la majorité des facultés de médecine, un rassemblement massif a eu lieu aujourd’hui (à la faculté de Ben Aknoun, ndlr) avec la participation des étudiants médecins (internes et externes) mais aussi des médecins en chômage », a écrit le Parti des Travailleurs (PT) sur les réseaux sociaux.
Selon le parti de Louisa Hanoune, les étudiants protestataires « réclament plus de quotas de résidents et l’embauche immédiate des diplômés médecins ».
Mercredi, c’est le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui a apporté son soutien aux étudiants à travers son Conseil universitaire d’Alger.
Ce que réclament les médecins internes et externes
Dans un communiqué, le parti a qualifié les revendications des étudiants de « légitime » et leur a témoigné son soutien « indéfectible » dans leurs actions pour faire valoir leurs « revendications essentielles et primordiales pour garantir un cursus et une année pédagogique à la hauteur ».
Le conseil universitaire du RCD a précisé que les étudiants se sont mobilisés à cause de l’absence d’un carnet de stage spécifique pour les internes et le refus d’homologuer les diplômes de fin d’études, contrairement aux autres spécialités.
Ce mouvement de protestation a éclaté alors que le problème du gel de l’authentification des diplômes de médecine demeure en suspens. L’authentification du diplôme est nécessaire pour les médecins qui souhaitent travailler ou poursuivre leurs études à l’étranger.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a pris cette mesure face au départ massif des diplômés en médecine vers l’Europe, particulièrement la France, l’Amérique du nord et les pays du Golfe.
Interpellé par le député des Algériens de l’étranger Abdelouahab Yagoubi, le ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Bedari, a répondu cette semaine que ses services étaient en train de « réfléchir à une autre stratégie ».
En 2018, les facultés de médecine de tout le pays ont été paralysées pendant plusieurs mois par un vaste mouvement des étudiants en résidanat qui réclamaient la réforme du service civil.