Le monde s’est réveillé ce samedi 24 juin sur l’information de la rébellion du chef de l’organisation paramilitaire Wagner contre l’état-major de l’armée russe.
Quelle que soit l’issue que connaîtra la mutinerie en cours, il s’agit d’un séisme de forte magnitude qui impacte directement la guerre en Ukraine et dont les secousses atteignent les pays d’Afrique où le groupe paramilitaire opère pour le compte de la Russie.
Dans la nuit de vendredi 23 juin, le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, a appelé ouvertement à la rébellion contre l’état-major de l’armée russe qu’il a accusé d’avoir bombardé des campements de ses hommes en Ukraine, faisant de nombreux morts.
L’armée russe a démenti et annoncé l’ouverture d’une enquête sur cette rébellion.
Wagner est l’une des composantes principales des forces russes combattant en Ukraine.
Prigojine a assuré que lui et ses 25 000 hommes étaient prêts à mourir pour la patrie.
Dans la même nuit, il a annoncé que ses troupes étaient entrées dans la ville russe de Rostov où elles ont pénétré dans le siège du commandement local de l’armée russe.
Dans la matinée de ce samedi, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé une “trahison” et”un coup de poignard dans le dos“, promettant de punir sévèrement les mutins.
De nombreuses villes russes, y compris la capitale Moscou, ont annoncé la prise de mesures de sécurité.
Les capitales occidentales, pleinement engagées aux côtés de l’Ukraine dans le conflit, sont restées prudentes, se contentant d’indiquer qu’elles suivaient la situation.
Le monde s’interroge sur les suites que connaîtra la rébellion et ses répercussions sur la géopolitique mondiale.
Rébellion de Wagner : la situation au Mali et en Libye risque de se compliquer
Car si la Russie est aujourd’hui un acteur clé dans plusieurs dossiers internationaux, c’est en partie grâce à Wagner, un groupe paramilitaire privé fondé par l’homme d’affaires Evgueni Prigojine, jusque-là très proche de Vladimir Poutine. Officiellement, le groupe n’a aucune existence légale en Russie.
Les mercenaires de Wagner ont pris part à l’annexion de la Crimée en 2014, puis ont combattu en Syrie, où l’intervention de l’armée russe a renversé la tendance en faveur du régime de Bachar Al-Assad.
Ils seront ensuite signalés dans plusieurs pays d’Afrique, au Mali, en Libye, en Centrafrique et au Soudan.
Au Mali, ce sont les autorités de transition qui ont sollicité le groupe paramilitaire russe en 2021 après la dégradation de ses rapports avec la France qui y menait l’opération anti-djihadiste Barkhane depuis 2013.
En septembre 2021, des médias occidentaux ont fait état d’un contrat conclu pour le déploiement d’un millier d’hommes de Wagner, alors que la France continuait à retirer ses troupes de la région.
Le groupe Wagner est aussi présent en Libye où ses combattants ont été acheminés de Syrie pour former et prêter main forte aux hommes du maréchal Khalifa Haftar qui contrôle l’est libyen.
Le groupe russe a pris part à la tentative ratée de prendre la capitale Tripoli en 2020. Son rôle dans l’équilibre des forces dans ce pays nord-africain est aussi important.
Wagner à également déployé des hommes au moins dans deux autres zones de conflit en Afrique, le Soudan et la Centrafrique.
Si les observateurs scrutent les évènements et se demandent quelle sera l’issue de la rébellion à laquelle a appelé Prigojine, ils s’interrogent aussi sur l’impact des évènements en cours sur la guerre en Ukraine et les autres conflits dans lesquels est directement impliqué son groupe paramilitaire.
On s’interroge aussi sur l’avenir de l’influence russe qui commence à se faire grandissante dans ces régions.
À moins que Vladimir Poutine reprenne le contrôle de la situation, le risque le plus probable à ce stade est de voir les groupes de mercenaires déployés un peu partout dans le monde devenir des électrons libres, ce qui compliquerait davantage la donne sécuritaire, déjà inextricable notamment en Libye, au Mali et au Soudan.