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Rébellion de Wagner : le jour le plus long pour la Russie et Poutine

La Russie a vécu, ce samedi 24 juin, sa journée la plus longue depuis l’effondrement de l’URSS il y a trente ans.

La rébellion menée par le patron du groupe privé Wagner semble avoir pris fin en fin de journée, mais des interrogations subsistent quant aux retombées immédiates de l’opération menée par Evgueni Prigojine. Pendant 24 heures, celui-ci a menacé de prendre Moscou et de renverser le régime.

Vendredi soir, Prigojine a appelé ouvertement à la rébellion contre l’état-major de l’armée russe et a ordonné à ses troupes qui se battent en Ukraine de rentrer en Russie.

Très tôt dans la matinée, le président Vladimir Poutine a pris la parole et s’est adressé à la nation, ce qui est un signe de l’extrême gravité de la situation.

Poutine a accusé le patron de Wagner de « trahison » et a qualifié son action de « coup de poignard dans le dos », promettant de punir sévèrement les mutins.

Poutine a évoqué un risque de « guerre civile » et a fait le parallèle avec les événements de 1917 qui ont donné lieu au triomphe de la révolution bolchevique et la chute du régime tsariste.

Les choses se sont aggravées au fil de la journée. Sur sa chaîne Telegram, Prigojine, a fait monter la pression en assurant que la Russie aura bientôt un nouveau président. Il a aussi affirmé que lui et 25.000 hommes sont prêts à aller jusqu’au bout et à mourir pour la patrie.

Il faut dire que l’avancée de ses troupes à l’intérieur du territoire russe a été fulgurante.

En trois heures, elles ont pu s’emparer de la ville clé de Rostov qui abrite les bases arrière des forces russes engagées en Russie.

Les mutins ont pris le siège local de l’état-major de l’armée russe, plusieurs cantonnements militaires et un aérodrome. Ils ont affirmé aussi avoir abattu plusieurs hélicoptères de l’armée russes.

Les Occidentaux, qui soutiennent ouvertement l’Ukraine, sont restés très prudents. Le président américain Joe Biden a eu des discussions avec ses homologues européens et tous se sont contentés d’indiquer qu’ils suivaient la situation en Russie. Paris a formellement déconseillé à ses citoyens de se rendre en Russie.

Rébellion de Wagner en Russie : un échec pour Poutine

Dans la foulée, le ministère russe des Affaires étrangères a mis en garde les Occidentaux de tenter de tirer profit de la situation, ajoutant que tous les objectifs de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine seront atteints.

Pendant cette journée difficile, Vladimir Poutine a reçu le soutien de la Biélorussie et du Kazakhstan et du président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Sur le terrain, les troupes de Prigojine ont avancé jusqu’à se retrouver à 200 kilomètres de Moscou, selon le patron de Wagner. La capitale russe s’est mise à se barricader et son maire a décrété la journée de lundi prochain chômée et payée, reconnaissant une « situation difficile ».

Mais alors que les Moscovites s’attendaient à assister aux premiers combats dans la périphérie de la ville, le président biélorusse Alexandre Loukachenko a annoncé en fin de journée qu’il a pu convaincre le chef de Wagner de mettre fin à son action. Ce que Prigojine n’a pas tardé à confirmer via Telegram. Il a annoncé que ses troupes vont rejoindre leurs campements afin d’éviter « un bain de sang ».

Rien d’autre n’a été dit sur les termes de l’accord trouvé avec Evguenie Prigojine, mais le monde entier se demande de quoi sera fait demain.

Les mercenaires de Wagner rejoindront-ils leurs positions en Ukraine pour reprendre la guerre comme si de rien n’était ? Poutine, qui n’a jamais été aussi proche de perdre le pouvoir, passera-t-il l’éponge sur ce qui s’est passé, a fortiori après les accusations échangées ? Pardonnera-t-il au « monstre » qu’il a lui-même créé et qui a failli causer sa perte ?

Difficile de répondre à ces interrogations à ce stade, déjà que personne n’est en mesure de dire si Prigojine a définitivement renoncé à son projet ou s’il a simplement accepté une trêve.

L’action du groupe Wagner a montré la fragilité de l’armée russe qui est enlisée dans la guerre en Ukraine depuis février 2022.

Quoi qu’il en soit, rien ne sera plus comme avant, ni pour la guerre en Ukraine, ni pour les équilibres du pouvoir en Russie.

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