Feux de forêt, désertification, urbanisation, abattage illégal : le couvert végétal de l’Algérie fait face à des agressions multiples.

Malgré les efforts des autorités, les opérations de reboisement s’avèrent insuffisantes pour régénérer toutes les surfaces forestières détruites chaque année par les feux de forêt, l’abattage des arbres, l’urbanisation anarchique, le vieillissement des arbres, les maladies, etc.

D’où l’apparition d’une nouvelle tendance sur les réseaux sociaux algériens : la passion pour le reboisement et la plantation d’arbres fruitiers.

Plusieurs pages sont dédiées à cette passion.

Elles font régulièrement de la sensibilisation sur la sauvegarde du patrimoine forestier, effectuent des collectes de jeunes pousses qu’elles redistribuent, livrent des informations et conseils sur l’activité ou initient des actions de reboisement sur le terrain.

L’une de ces pages porte un nom aussi simple qu’évocateur : « Plante un arbre ». 317 000 personnes la suivent.

Dans une de ses récentes publications, son administrateur se filme en pleine opération de distribution d’arbres rustiques (olivier et caroubier) aux habitants des régions touchées par les incendies de l’été 2021 dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

Plus de 25 000 hectares de forêts, de broussailles et de vergers ont été détruits dans les incendies qui ont ravagé cette région de la haute Kabylie.

Depuis, les villages de Larbaa Nath Irathen et de Ain El Hammam notamment sont devenus la destination de tous les bénévoles qui arrivent de tout le pays chargés de plants d’oliviers, de figuiers, de cerisiers ou autres arbres qui faisaient la réputation de la région.

Dans une autre publication, la page « Plante un arbre » partage une opération de plantation d’arbres dans le lycée où l’administrateur a fait sa scolarité, à Ksar El Boukhari, dans la wilaya de Médéa.

Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup dans le succès de ces opérations. Sur la page « Plante un arbre », on comprend mieux d’où proviennent les arbres distribués. Régulièrement, des dons de personnes anonymes sont annoncés. Les dons ne dépassent pas généralement quelques dizaines d’arbres, mais au final, les quantités collectées sont considérables.

L’administrateur de la page est un passionné et il voit désormais grand. Il a lancé un ambitieux projet pour reproduire en Algérie une expérience menée par la ville d’Abha en Arabie saoudite.

Cette ville pourtant désertique a couvert ses rues de milliers de jacarandas, un arbrisseau ornemental originaire d’Amérique du Sud. Régulièrement, des nouvelles sont partagées avec les internautes sur la croissance des plants destinés à l’opération.

« En voyage, prends un arbre à planter au bord de la route »

Al Djazair Al Khadra (l’Algérie Verte) est une association qui porte bien son nom. L’objectif de ses initiateurs est de contribuer au reboisement à travers le pays.

Ses bénévoles sillonnent l’Algérie pour créer des espaces verts au sein des villes, reboiser des forêts ou planter des arbres au bord des routes et dans les établissements scolaires et autres.

Sur la page Facebook de l’association, suivie par 550 000 personnes, les photos et vidéos des sorties sur le terrain sont partagées.

On voit les jeunes bénévoles à Batna, Ouled Djelal, Tébessa, Béjaïa, Tizi-Ouzou ou M’sila, planter du jacaranda, du cèdre de l’Atlas, du caroubier ou encore du chêne vert.

L’association possède sa propre pépinière mais elle collecte aussi des arbres chez des donateurs.

Au-delà des actions qu’elle mène, elle préconise à tous les Algériens d’adopter le réflexe de prendre avec eux à chaque voyage un plant d’arbre à planter sur la route.

Le nombre d’abonnés de ces pages traduit l’intérêt grandissant que portent les citoyens à l’écologie et à la nature. De nombreuses pages, blogs et groupes sont créés sur les réseaux sociaux pour le même objectif.

Le groupe « plantation des arbres fruitiers en Algérie » est un espace de partage entre professionnels et amateurs, qui échangent conseils et expériences sur l’entretien de ce type d’arbres.

Même les associations et pages ayant d’autres vocations s’intéressent aussi épisodiquement au reboisement. C’est le cas par exemple d’Info Trafic Algérie.

La célèbre page dédiée à la circulation et la sécurité routières a récemment mené une opération de réhabilitation des espaces verts à Bab Ezzouar (Alger) avec une association locale de jeunes.

Des entreprises comme Général Emballage, le leader algérien du carton ondulé, participent chaque année à de vastes opérations de reboisements des forêts, en apportant leur soutien aux associations impliquées dans la plantation d’arbres.

Hélas, si tous ces jeunes se donnent corps et âme pour reverdir villes et routes du pays, d’autres Algériens n’hésitent pas à faire le contraire. Dans une récente note, le ministère de l’Agriculture a fait état de la multiplication des cas de coupure anarchique d’arbres en milieu urbain et sur les bords de routes.

Le ministère a rappelé que la coupure d’arbres pour quelque motif que ce soit est réglementée et doit faire l’objet d’un dépôt de dossier au niveau de la conservation locale des forêts.

L’autorisation finale est délivrée par la direction générale des forêts et, si nécessaire, par le cabinet du ministère de l’Agriculture, a précisé ce dernier.

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