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Recherche scientifique en Algérie : le constat cinglant d’un chercheur algérien

En matière de publications scientifiques, les universités algériennes figurent au bas du tableau dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le Pr Nouar Tabet, recteur de la faculté des sciences de l’université des sciences de Sharjah aux Emirats arabes unis a pointé le retard de l’Algérie dans ce domaine stratégique.

Il a expliqué sur sa page Facebook après avoir consulté deux bases de données en matière de recherche et de publications scientifiques, SJR (Scientific Journal Ranking) et Scorpus, mesurant l’influence scientifique de revues académiques.

Il a comparé entre les universités du Roi Fahd (pétrole et minéraux) et l’université de Sharjah et quatre, cinq universités algériennes : l’université des Sciences et de la technologie de Bab Ezzouar (USTHB), l’université d’Oran (USTO), de Constantine 1, et les universités de Sétif et d’Annaba. La comparaison a porté sur le nombre de publications scientifiques publiées durant l’année 2020 par ces différentes universités.

Ce qui en ressort est saisissant. Les cinq universités algériennes ont produit entre 300 et 500 recherches scientifiques durant l’année écoulée, contre 2 000 publications scientifiques pour l’Université Fahd et 1 500 pour celle de Sharjah.

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Le Pr Tabet, ancien recteur de l’université de Constantine, pousse plus loin l’analyse en faisant ressortir que la moyenne de ce que publie un chercheur universitaire algérien dans l’échantillon des cinq universités est de 0,3 publication/an contre 1,7 pour un chercheur de l’Université Fahd et 2,1 publication pour un chercheur de l’Université de Sharjah.

Conclusion du Pr Tabet : un enseignant chercheur dans les deux universités du Golf produit 6 fois plus qu’un chercheur dans les universités algériennes objet de l’étude. « Ce sont des données que les responsables qui se sont succédé à la tête du département de la Recherche scientifique depuis des décennies n’aimeraient pas voir, mais elles reflètent l’état désastreux de l’université algérienne », résume l’ancien maître-assistant à l’université de Constantine et de l’Université de Fahd (Arabie saoudite).

Le Pr Tabet met en cause l’absence d’un « environnement de recherche » qui encourage l’enseignant-chercheur algérien « à travailler en laboratoire au-delà des heures de travail et à réaliser des recherches de qualité mondiale ».

Et de déplorer que des universitaires algériens sont envoyés à l’étranger pour réaliser des expériences en laboratoire pourtant simples en raison de l’impossibilité de le faire en Algérie.

Le Pr Tabet conclut au fait que ce constat est la résultante d’une politique publique « qui préfère envoyer des chercheurs à l’étranger dans le seul but de faire de la villégiature au lieu d’investir dans les infrastructures de base locales et mettre ainsi fin à la dépendance ».

L’état de la recherche scientifique en Algérie est aussi le résultat de la faiblesse des fonds accordés par le gouvernement à ce secteur. Pour l’année 2021, les crédits alloués à la recherche scientifique sont dérisoires comparativement aux subventions octroyées aux médias publics, à l’importation du lait, des céréales, à l’entretien des immenses parcs de véhicules dont disposent les ministères.

Le ministère de l’Energie a réservé la somme de près 3 milliards aux centres de recherches alors que sur les 370.596.356.000 de dinars du budget de fonctionnement du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique 117,4 milliards de dinars sont alloués comme subvention à l’Office national des œuvres universitaires, et près de sept milliards de dinars aux différents centres de recherche dont 1,5 milliard pour le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER).

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