La journée référendaire organisée en Catalogne a particulièrement été marquée par la violence des forces de l’ordre. Les médias européens et américains sont revenus en détail sur ces affrontements, largement filmées et relayés sur les réseaux sociaux. De quoi nuire à l’image du gouvernement Rajoy sur le plan international.
Au lendemain du référendum d’autodétermination organisé en Catalogne, les réactions exprimées par la presse internationale tournent autour du chaos et de la violence. Dans la journée de dimanche, de nombreuses images et vidéos de heurts et affrontements ont circulé sur les réseaux sociaux.
“Une crise institutionnelle” qui divise l’Espagne
En Espagne, El Pais, dont les bureaux sont situés à Madrid, a évoqué “un référendum déclaré illégal par le Tribunal constitutionnel […] qui n’a pas respecté les normes électorales, pas d’urnes transparentes, pas de bulletins de vote ni d’enveloppes, pas de bureau électoral central, ni de système de recompte des votes.” Pour sa Une, le quotidien parle “d’une grave crise institutionnelle à cause de la désobéissance du gouvernement de Catalogne”. Et si le journal évoque la force employée par le gouvernement central, il n’hésite pas à rappeler que la décision du président de la Catalogne Carles Puigdemont de déclarer l’indépendance était prise “de manière unilatérale”.
Possédant également son siège à Madrid, El Mundo est nettement plus nuancé, déplorant dans un éditorial que “cette journée du premier octobre 2017 ne restera pas dans les mémoires comme le jour où on a célébré l’indépendance de la Catalogne, mais comme une journée abominable”.
Favorable à l’autodétermination, le site El Nacional reprend les propos de Carles Puigdemont à l’encontre du gouvernement de Mariano Rajoy, “Shame on you, Mr. Rajoy” (Honte à vous, M. Rajoy). Il visait ainsi la répression utilisée par l’exécutif qualifiée “de violence injustifiée” en espérant mobiliser l’opinion internationale.
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Une situation politique aggravée pour la presse européenne
En Belgique, Le Soir évoque une “triste journée” qui s’est déroulée dans la violence. Le média bruxellois n’hésite pas à rappeler la brutalité policière sur sa photo de Une et par la publication d’un diaporama illustrant la répression des forces de l’ordre sur les partisans du scrutin.
Le quotidien économique L’Echo a analysé les conséquences possibles de la journée de dimanche et les choses pourraient se compliquer. Pour le politologue du think tank Politikon Pablo Simon interrogé par le média belge, “le réferendum d’autodétermination organisé par le gouvernement indépendantiste catalan […] a considérablement aggravé la situation politique en Espagne”.
Chez nos voisins suisses du Temps, “l’équation était inéluctable. Dimanche, 5,3 millions de Catalans étaient appelés à voter dans 2.300 bureaux de vote sur l’indépendance de leur région. Face à eux, les forces antiémeute et la Guardia Civil espagnoles, composées de quelque 10.000 unités.” Le journaliste économique Adrià Budry Carbó parle d’un scénario “kafkaïen”.
Pour La Tribune de Genève, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a commis de graves erreurs. “A la fin de la journée, le gouvernement espagnol semble avoir perdu sur tous les tableaux. Non seulement il n’a pas réussi à empêcher le vote, mais les images de coups de matraques et de personnes violentées viennent décrédibiliser sa gestion de la crise aux yeux de l’opinion publique internationale”, constate le politologue Lluis Orriols, de l’Université Carlos III cité par le site helvète.
Outre-Manche, le Guardian mentionne des centaines de blessés à sa Une en montrant un officier de police matraque à la main prêt à frapper une personne à terre. Chez Bloomberg, la rédaction évoque “un cauchemar” pour Rajoy. “Les scènes de violence menacent l’image du gouvernement espagnol” au niveau international. Le site économique prend en exemple la réaction du Premier ministre belge Charles Michel qui a condamné l’usage de la violence dans un tweet.
“La violence n’est jamais la réponse ! Nous condamnons toutes les formes de violence et réaffirmons notre appel à une politique du dialogue.”
Enfin chez Business Insider, on évoque même “une guerre civile” à l’issue de cette journée en citant un article universitaire de la prestigieuse revue Foreign Policy.
Un impact sur les marchés
Au Wall Street Journal, on a particulièrement tenu à souligner la baisse de l’euro après les événements de dimanche. La monnaie unique, qui perd 0,61% à 1,1740 dollar ce lundi matin, au plus bas depuis la mi-août, souffre en outre de la hausse du dollar, alimentée par la progression des rendements des emprunts d’Etat américains. “Ceux qui sont en Espagne ou dans la zone euro ne peuvent pas ignorer ce qui se passe”explique au quotidien économique Monica Defend en charge de la gestion d’actifs chez Amundi. Elle ajoute que la hausse des tensions politique pourrait avoir des conséquences à court terme sur les marchés ou ralentir le processus d’intégration de la zone euro.
Pour le New York Times, cette journée référendaire a viré au“chaos”. C’est même “un des tests les plus graves pour la démocratie espagnole depuis la fin de la dictature franquiste”.