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Réflexes à la peau dure ou tentation totalitaire du pouvoir ?

Réflexes à la peau dure ou tentation totalitaire du pouvoir ?

Si les marches hebdomadaires demeurent tolérées et se déroulent dans le calme, les espaces de liberté, paradoxalement, se rétrécissent. Au lendemain du dixième vendredi de contestation, une conférence de Mustapha Bouchachi, avocat, militant des droits de l’Homme et figure de proue du mouvement populaire, est interdite ce samedi sur décision du wali d’Oran.

La veille, pour le troisième vendredi de suite, les accès à Alger étaient bloqués par des barrages filtrants de la gendarmerie afin d’empêcher les manifestants des autres wilayas de rallier la capitale. À Bouira, c’est un autre défenseur des droits de l’Homme, Saïd Salhi, vice-président de la LAADH, qui est débarqué dans un barrage au mépris de la loi.

Si Me Salhi se rendait à Alger pour manifester, beaucoup sans doute parmi ceux qui ont subi le même sort s’y rendaient pour des soins ou autres affaires personnelles. Il s’agit d’une atteinte assumée à un droit fondamental, celui des citoyens à circuler librement dans leur pays.

La hiérarchie de la gendarmerie est appelée à s’expliquer sur cette attitude qui dure maintenant depuis trois semaines et qui contredit les professions de foi que fait chaque mardi le chef d’état-major de l’ANP, sous l’autorité duquel est censé être placé ce corps de sécurité.

Pas plus tard que mardi dernier, Ahmed Gaïd Salah réitérait son soutien au peuple et à ses aspirations légitimes ainsi que son engagement à protéger les manifestants. Deux jours après, les gendarmes bouclaient de nouveau les accès vers Alger. Le souci d’affaiblir la mobilisation au cœur de la capitale, vitrine par excellence du pays, est évident.

L’incohérence de l’attitude des autorités ne se limite pas à la gestion des manifestations. Les médias publics, par exemple, continuent à fonctionner comme au plus fort des années Bouteflika. L’ENTV est toujours la caisse de résonance de la voix officielle, les journaux étatiques aussi.

En somme, beaucoup de réflexes qui ont fait la triste réputation du système que le peuple veut dégager sont toujours là, deux mois et demi après le début de la contestation populaire. Et cela n’augure rien de bon pour la suite.


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