Les épreuves du Bac 2021 prennent fin ce jeudi 24 juin en Algérie. Durant cinq jours, le pays aura vécu au rythme des coupures d’Internet, ce qui a impacté considérablement l’économie nationale.
Mercredi, le ministère de la Justice a indiqué que 28 personnes ont été écrouées dans le cadre de la lutte contre la triche au Bac.
Les syndicats de l’éducation s’interrogent sur l’efficacité de cette riposte et reviennent sur l’échec de la réforme du Bac algérien.
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« Il y a nécessité absolue de penser à la réforme du Bac. Avec l’examen actuel, on est en train de programmer des échecs à l’université. La réforme est nécessaire et s’impose d’elle-même », soutient Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest).
Comme mesure phare, les syndicats de l’éducation proposent une réduction de la durée de l’examen, considérant que 5 jours sont très longs et contraignants pour les candidats.
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« Il y a deux visions qui s’affrontent, détaille M. Meriane. Il s’agit pour la première de ramener la durée des épreuves de 5 à 3 jours, sachant que le Bac algérien est le plus couteux au monde et le plus stressant pour les candidats. Il y a donc lieu de le ramener à 3 jours. Cependant, en agissant ainsi un problème va se poser : on ne peut pas condenser toutes les matières d’examen ».
Le rôle de Sellal
Au sein de la commission pour la réforme du Bac (du temps de l’ancienne ministre Nouria Benghabrit, ndlr), des syndicats comme le Snapest ont proposé de composer uniquement dans les matières essentielles.
« Cela se fait partout dans le monde. Pour autant, les autres matières non essentielles on ne va pas les éliminer. On les intègre dans la moyenne d’une fiche de synthèse. Ces propositions ont fait l’objet d’une simulation et l’on est arrivé à une version d’un Bac spécialisé et de qualité. Nous avions finalisé le projet de réforme qu’on avait envoyé au gouvernement Sellal », rappelle encore Meziane Meriane.
Mais l’ex Premier ministre – actuellement en prison après avoir été condamné pour corruption – n’a pas voulu tenir compte de ces propositions, préférant laisser tel quel le nombre de matières, déplore-t-il.
Et c’est là où un autre problème, peut-être le plus important, se pose : les interférences politiques et idéologiques qui freinent ce projet de réforme du Bac, souligne M. Meriane.
« Le moment est venu de laisser la place aux spécialistes pour élaborer ladite réforme, loin des interférences. Les objectifs sont clairs : redorer le blason du Bac algérien, avoir un examen de qualité pour que l’élève puisse accéder correctement à l’université. Le populisme doit laisser place à la sagesse. L’intérêt de l’école doit primer », peste le coordinateur du Snapest qui dit avoir pris part aux réunions sur la réforme du Bac pendant plusieurs semaines.
« Aujourd’hui, on ne fait que perdre du temps, mais jusqu’à quand ? Il y a lieu de s’attaquer aux véritables problèmes avec de vraies solutions. Il faut entamer la réforme globale de l’évaluation et la réforme du Bac. Le dossier est reporté aux calendes grecques, personne n’en parle », déplore-t-il.
La réforme du Bac victime de calculs politiques ?
« Un travail a été fait (proposition de réforme du temps de Benghabrit) et nous y avons participé », a abondé Boualem Amoura, SG du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).
« Nous avons travaillé durant une année (2015/2016), sur ce sujet de réorganisation du Bac. Nous sommes arrivés à un consensus. Mme Benghabrit avait déposé à trois reprises le dossier chez l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui malheureusement, l’a mis dans le tiroir », a déploré le professeur de mathématiques qui prône aussi la réduction de la durée de l’examen de passage à l’université.
« En tant que Satef, nous avons suggéré un Bac en deux parties. Autrement dit, les matières non essentielles se déroulent en 2e AS, et en terminale, l’élève va se concentrer exclusivement sur les matières essentielles, propres à chaque filière », explique Boualem Amoura dont le syndicat a aussi proposé d’adopter la fiche de synthèse (ou contrôle continu) à partir de la 2e AS.
« Le projet de réforme élaboré du temps de Benghabrit a porté sur la nécessité d’introduire le contrôle continu. C’est une étape pour aller vers une réforme secondaire de l’enseignement secondaire », estime Amoura.
Cependant, le coordinateur de Cnapest, Messaoud Boudiba considère qu’aller vers un Bac A et B (donc en deux étapes) ou élaborer la fiche de synthèse dans l’évaluation « c’est du pareil au même ».
« D’où la nécessité de clarifier les filières, de telle façon que chacune d’elles aura ses propres matières dans l’examen du Bac. À ce moment-là, personne ne se sentira lésé », suggère-t-il.
« La réforme que nous prônons n’est pas celle de Mme Benghabrit dont la ‘’réforme’’ portait juste sur le changement des contenus des manuels et des programmes scolaires. La réforme que nous proposons se fonde sur la mise en place de filières bien précises », explique le porte-parole du Syndicat des professeurs du secondaire et de l’enseignement technique.
« Pour se débarrasser du Bac de 5 jours, il faut d’abord restructurer les filières. La durée est dictée par le nombre de matières d’examen. Pourquoi les candidats de la filière Lettres passent uniquement 3 jours d’examens, ceux de Lettres et langues étrangères 4 jours seulement et les candidats des filières Sciences et mathématiques 5 jours ? Les problèmes ont commencé après la suppression de l’Enseignement technique et les Sciences islamiques », développe-t-il.
« Pour réduire la durée des examens, il faut d’abord diminuer le nombre de matières. Mais on a peur de franchir le pas. On se dit : si on enlève la matière de Sciences islamiques, on risque de mécontenter les islamistes, si on enlève le module Histoire et géographie, ce sont les nationalistes qu’on se mettra sur le dos, et si on enlève la langue française on s’attirera les foudres des francophones… ».